Âgé de 68 ans, Sara Bâ a encore du souffle pour continuer à jouer de la flûte pour l'ensemble traditionnel du théâtre national Daniel Sorano. Les mélodies lyriques de cet artiste discret ont bercé plusieurs générations de mélomanes.

Ce matin-à, Sara Bâ est présent dans la salle de répétition Maurice Sonar Senghor du Théâtre national Daniel Sorano. Débordant d'énergie, le musicien sexagénaire est un habitué des lieux depuis ses premiers pas dans le plus prestigieux temple de la culture au Sénégal, en 1969. Après avoir bénéficié d'une retraite administrative en 2000, il demeure le seul flûtiste de l'Ensemble traditionnel de Sorano. ''Après la retraite, je travaille avec l'Ensemble sous des contrats'', fait-il savoir, le temps d'une pause, dans la cour des lieux. Et tout laisse à croire que les responsables de la boîte ont du mal à se séparer de ce musicien qui a participé à la quasi totalité de son répertoire.

Sara Bâ a connu plusieurs générations de musiciens et de chanteurs dans l'Ensemble. Découvert par Feu Ndiaye Samba Mboup, il réussit l'épreuve auditive et intègre l'Ensemble traditionnel Sorano avec le statut de journalier. Ce n'est qu'en 1972 qu'il sera embauché définitivement. ''J'ai trouvé sur place de grands noms qui ont fait les beaux jours du groupe, comme Ndiaga Mbaye, Samba Diabaré Samb, Amath Ndiaye Samb, Soundioulou Sissokho, Fodé Dramé, Ablaye Socé, Mahawa Kouyaté, Khar Mbaye Madiaga, Ndèye Mbaye, Khady Diouf, Fanta Sakho, Yaye Fatou Sakho'', se souvient-il.

Après avoir accompagné la voix des divas telles que Daro Mbaye, Kiné Lam, Soda Mama Fall, Sara Bâ continue l'aventure avec la nouvelle génération.

La flûte, un jeu d'enfant lucratif

Né à Thiaroye, dans la banlieue dakaroise, vers 1945, il va passer une grande partie de sa jeunesse au quartier Léona de Kaolack pour suivre des études coraniques. C'est dans cette ville religieuse du Saloum qu'il va faire la connaissance de Guitté Aly Bâ, un ami venu de la Guinée-Conakry. C'est avec ce dernier qu'il va apprendre à bien jouer la flûte. ''Au début, ce n'était qu'un jeu d'enfant pour moi. C'est Guitté Aly Bâ qui m'a appris une certaine technicité pour bien jouer la flûte'', rapporte l'unique flûtiste du Théâtre national Daniel Sorano.

En 1968, il se retrouve dans un groupe composé de Ndiaga Mbaye, Ndiaye Samba Mboup et Doudou Seck pour aller honorer un contrat en France. Mais le contrat étant nul, suite au décès du promoteur français, Ndiaye Samba Mboup va convaincre son ami Sara Bâ à venir tenter sa chance avec l'ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano. Au-delà de ses prestations avec la structure publique, Sara Bâ a aussi accompagné de grands ténors de la musique sénégalaise que sont Youssou Ndour, Kiné Lam, Coumba Gawlo Seck etc.

Aujourd'hui, l'artiste conserve sa flûte en bandoulière pour savourer cette passion musicale qui ne veut point lui laisser un temps de répit dans la retraite. Marié et père de neuf  enfants, Sara Bâ ne s'en plaint guère apparemment.

Almami Camara