Le talent dans le sang
Seydou Kamara alias ‘’Miin Në Ndakaru’’ est un comédien formé sur le tard, mais qui souhaite apporter sa pierre à l’édifice du 4e art. Du théâtre sur scène, il passe au 7e art et s’essaie à différentes autres formes artistiques.
Beaucoup l’ont découvert dans la série ‘’Dinama nekh’’. Il y était le boy à tout faire, pseudo cousin de Maimouna. Seydou a ajouté une touche d’humour à celle qu’apportait déjà Daro dans la série. Il a su bien interpréter le rôle qui lui était confié. En ce temps de ramadan, comme presque tous les grands comédiens du Sénégal, il a son sketch ramadan qui passe sur la 2Stv. ‘’Miin Në Ndakaru’’ est le titre de la production. Comme dans les autres séries qui passent actuellement, c’est entre pitreries et leçons de morale que tout se passe. Seydou Kamara, à l’état civil, y interprète le rôle d’un père de famille, très loin du rôle de ce jeune sans boulot et qui ne sait faire que le thé qu’il interprétait dans ‘’Dinama Nex’’. C’est dire qu’il est pétri de talent et peut se mettre dans les habits de qui il veut.
Enfant, il aimait faire rire, faire des farces. Après un cycle scolaire pas trop bien réussi, il a décidé de se consacrer au 4e art. Il dit avoir commencé sa carrière aux côtés d’un de ses amis, Moustapha Niass. Ensemble, ils ont monté la troupe Kër Gui Jamm. Ils avaient beaucoup de projets ensemble, mais n’ont pu les réaliser. Seydou Kamara a quand même eu la chance, à ses débuts, de participer aux compétitions culturelles des ‘’Nawetanes’’. Avec l’Asc Deggo de Thieurigne, le groupe a remporté douze fois de suite le trophée des Asc. C’est au cours de ces manifestations qu’il a rencontré le comédien Ibrahima Mbaye Sopé. Ce dernier, ayant décelé des prédispositions chez le comédien en herbe, lui demande de venir le voir afin qu’ils échangent. C’est à la suite de leur entretien qu’il lui a proposé une formation de trois mois au Goethe Institut. Il y fait une autre rencontre intéressante.
En effet, c’est feu Omar Ndao qui était leur ‘’maître’’. Seydou Kamara a beaucoup appris aux côtés de ces deux hommes, mais également de feu Macodou Mbengue ou encore Mamadou Diop. Seydou Kamara, après la formation au Goethe Institut, a pris conscience de l’importance d’apprendre le métier de comédien. Il ne pouvait pas aller à l’Ecole nationale des arts et a décidé de suivre toute formation offerte par des professionnels. Aujourd’hui, il est capable de faire la différence entre l’humour, la bouffonnerie, la clownerie, la comédie musicale, etc. S’il en est là aujourd’hui, il dit le devoir à Sopé. ‘’Il m’a encouragé dans le professionnalisme et je lui rends hommage’’, dit-il sur un ton empreint d’émotions.
Aujourd’hui, il ne regrette pas du tout d’avoir choisi cette voie. Si les débuts étaient difficiles, les choses se simplifient davantage aujourd’hui. Avec Moustapha Niass, ils peinaient à trouver un producteur. La chance a souri à Seydou, le jour où il a rencontré le réalisateur Brams Mbaye. Ce dernier faisait alors un casting et cherchait encore un personnage. Il avait besoin d’un acteur capable de jouer le rôle d’un villageois qui veut s’imposer en ville. Seydou Kamara l’a épaté. Il l’a choisi aussitôt et il devait interpréter le rôle de Miin Në Ndakaru. On est alors en 2009. Ce Toucouleur originaire du Fouta, interprète à merveille le rôle. C’est de là d’ailleurs qu’il a tiré son nom de scène Miin Në Ndakaru.
En outre, c’est seulement en 2012 que la série pour laquelle il a fait le casting avec Brams Mbaye a commencé à être diffusée sur la première chaine de télévision privée du Sénégal. Ainsi commençait une véritable carrière pour le jeune comédien. Ce trentenaire, marié et père de trois enfants, a joué dans d’autres productions à succès comme ‘’You Taxi’’. ‘’J’ai commencé par le théâtre populaire. Après, je suis allé faire du théâtre télévisé et enfin du cinéma. J’ai joué dans ‘’Madame Brouette’’ réalisé par Moussa Sène Absa en tant que figurant. J’ai accepté de le faire juste pour avoir de l’expérience dans le 7e art. En 2012, j’ai joué dans ‘’Tey’’ d’Alain Gomis produit pas Cinekap. J’ai joué aussi dans ‘’ Terre-Mère’’ et ‘’Ya Dikoon’’, dit-il.
Aujourd’hui, il n’est dans aucune troupe et évolue en free-lance. ‘’Je suis un artiste comédien de renom. Si je n’ai pas de production personnelle, je reste chez moi. Si des gens ont besoin de moi, qu’ils viennent me voir et on signe un contrat. Je ne travaille pas dans l’informel’’, indique-t-il. Pour ce natif de la Médina, cela s’impose à qui veut réussir dans ce métier qu’il a choisi malgré la précarité qui y prévaut. Fan de Baye Peulh et de Makhourédia Guèye, il est de ceux qui pensent que les comédiens doivent pouvoir acheter de belles voitures et de somptueuses villas grâce à leur travail. ‘’On doit pouvoir vivre de cet art’’, martèle-t-il.
AIDA DIENE