Les députés listent les priorités de leur localité
Difficulté d’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux infrastructures de bases, etc. Ce sont, notamment, les différentes doléances qui ont été soulignées, hier, à l’Assemblée nationale, par les parlementaires, selon les besoins de leurs localités respectives, lors du débat d’orientation budgétaire.
Pour la gestion 2022-2024, trois domaines prioritaires sont pris en charge par les principaux projets et programmes prévus comme axe stratégique du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP2A). L’axe 1 concerne, selon le document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP), la ‘’transformation structurelle de l’économie et de la croissance’’ et concentre plus de la moitié des investissements programmés sur la période avec 59 %, pour un montant de 3 900 milliards.
‘’Il s’agit, dans ce sens, d’accélérer le développement de l’agriculture, grâce notamment à l’amplification du Programme national d’autosuffisance en riz, à la mise en œuvre des projets de valorisation des eaux pour le développement des chaines de valeur ; au Projet de renforcement de la résilience des écosystèmes (Preferlo) qui devrait contribuer à mettre en valeur 46 000 ha par an pour une production agricole de 130 000 tonnes correspondant à des revenus de l’ordre de 34 milliards de francs CFA’’, indique le ministre des Finances et du Budget dans son allocution, à l’occasion du débat d’orientation budgétaire à l’hémicycle.
D’après Abdoulaye Daouda Diallo, il y a aussi le projet d’appui à l’insertion des jeunes ruraux agri-preneurs. ‘’L’élevage va bénéficier des investissements pastoraux et d’une couverture sanitaire renforcée du bétail, avec l’appui du Projet de développement durable du pastoralisme, du Projet d’autosuffisance en moutons et du Projet de valorisation du lait et des produits dérivés (Pradelait). La pêche fera l’objet d’une attention particulière, à travers la mise en place d’un crédit adapté pour accompagner tous les professionnels de la pêche artisanale et la poursuite de deux projets majeurs que sont le Projet de motorisation de la pêche artisanale et le Projet PSE aquaculture’’, ajoute-t-il.
Des projets sont également prévus dans les secteurs clés de l’économie tels que la santé, l’éducation, la formation, la sécurité, etc.
Toutefois, ces orientations politiques de l’Etat pour le développement du Sénégal sont loin de répondre aux préoccupations des besoins de certains parlementaires. ‘’Tout le monde s’accorde à dire que la santé, l’éducation, la formation professionnelle sont les priorités en matière de développement. Mais au-delà de ces secteurs, quatre autres me paraissent prioritaires. C’est le secteur primaire, avec l’agriculture, l’élevage et la pêche ; le secteur industriel et l’artisanat et que l’ensemble de ces politiques soient conformes à la volonté du président de la République pour aller vers une territorialisation des politiques publiques. Je crois beaucoup à cette notion. Mais il ne faut que cela soit un vain mot. Cela nécessite une volonté réelle d’aller un transfert de l’Etat central vers les territoires. Vous avez annoncé 84 milliards pour 2024 ; je crois qu’on doit l’augmenter’’, plaide le député-maire de Taïba Ndiaye.
Aider les entreprises en difficulté
Pour Alé Lo, la Banque pour le commerce et l'industrie (BCI) doit être entièrement décentralisée pour l’ensemble des compétences et l’ensemble des régions du Sénégal. ‘’Il faut construire des salles de classe, des postes de santé et nous pouvons trouver des compétences au niveau local pour le faire. Pour le secteur industriel, le principal défi reste les entreprises en difficulté. Il est plus facile d’aider une entreprise en difficulté que d’en créer. Et à ce niveau, il y a des efforts à faire pour recenser l’ensemble de ces entreprises et permettre, en même temps, à leur personnel de trouver de l’emploi’’, poursuit-il.
Dans le secteur de l’industrie, d’après le ministre en charge du Budget, la phase II de la plateforme industrielle de Diamniadio permettra l’aménagement de nouveaux sites industriels pour accompagner le privé dans l’installation de petites et moyennes industries. ‘’Le démarrage des agropoles Sud et Centre et la préparation des agropoles Nord et Ouest permettront un bon maillage du territoire en unités industrielles, suivant une approche chaine de valeur’’, assure-t-il.
Cependant, pour M. Lo, le troisième secteur sur lequel il faudrait s’intéresser davantage, c’est l’artisanat qui constitue, aujourd’hui, un segment important. Il y a aussi la question de l’informel. Il s’agit, selon le parlementaire, de voir comment allier la formation maitrisée du secteur informel pour qu’il puisse participer davantage à l’effort national concernant la fiscalité. ‘’Puisque plus de 80 % des acteurs économiques sont dans l’informel, et ils participent à au moins 80 % à la fiscalité locale. Beaucoup d’opérateurs sont dans nos communes et ne payent aucune taxe et ils font des bénéfices. Il urge de faire en sorte que les communes occupées puissent collecter les taxes. L’idée des commissions fiscales est géniale, mais en réalité, elles ne marchent pas. La décentralisation de la Direction générale des impôts et des domaines (DGID) jusque dans les départements, permettra de rapprocher les élus et l’Administration. Ces représentants de l’Etat peuvent jouer un rôle important. Mais ils sont un peu éloignés par rapport aux acteurs à la base’’, dit le maire de Taïba Ndiaye.
Équité territoriale
A propos de l’équité territoriale, le ministre des Finances a relevé que l’axe 2 ‘’Capital humain, protection sociale et développement durable’’ englobe 30 % des investissements publics sur la période avec une enveloppe de 1 983 milliards F CFA. ‘’En ce qui concerne l’équité sociale et territoriale, le gouvernement va poursuivre le combat contre l’exclusion à la protection sociale, à travers différents leviers, par un renforcement de l’organisation, du fonctionnement et du financement durable de la Couverture maladie universelle (CMU) et l’intensification sur le terrain des réalisations prévues dans le cadre du Pacasen, du Promovilles, du Puma et de la phase II du PUDC. La coordination de ces programmes et projets exécutés dans les régions, sera renforcée pour une bonne optimisation des ressources dans les localités ciblées’’, défend Abdoulaye Daouda Diallo.
Toujours dans l’axe 2, il est programmé l’achèvement du projet de construction du stade du Sénégal de 50 000 places et l’accélération du processus de construction, de réhabilitation et de mise aux normes de l’ensemble des stades nationaux et régionaux. Concernant l’axe 3 ‘’Gouvernance, institutions, paix et sécurité’’ ; il va recevoir 11 % des prévisions d’investissement représentant 435 milliards F CFA.
Les requêtes de Djimo Souaré pour la région de Tamba
Région carrefour, Tambacounda vit une ‘’injustice’’, en matière d’équité territoriale, selon un des députés de cette zone, Djimo Souaré. ‘’Plus de 80 % des populations du département de Goudiri et de la région de Tambacounda utilisent encore les lampes-tempêtes comme mode d’éclairage. Le gouvernement, depuis 2012 a réalisé cinq instituts supérieurs d'enseignement professionnel (Isep). Dans la région de Tambacounda, on a plus de 42 000 km², il n’y a aucun établissement public d’enseignement supérieur. C’est une injustice à réparer et aucun critère ne l’explique. Tamba est la 7e région la plus peuplée du Sénégal. Dans le rapport, on a parlé d’agropoles. Il y en a trois qui ont maillé le territoire national et il n’y a pas une agropole à Tamba. C’est une injustice qu’il faut réparer’’, soutient-il.
D’après ce parlementaire de la mouvance présidentielle, la région de Tambacounda a ‘’un mal chronique’’. ‘’Les doses de paracétamol ne suffisent plus. Aujourd’hui, nous sommes vraiment très mal à l’aise. Je suis compagnon du président de la République depuis 2009. Nous sommes parfois très mal à l’aise vis-à-vis de nos populations. Le 3 juillet prochain, une marche importante est prévue à Tambacounda pour la réalisation de l’université du Sénégal orientale. Si au moins nous avons une visibilité sur ce que fait le gouvernement, nous pourrons parler à nos populations. Nous avons interpellé le ministre de l’Enseignement supérieur à plusieurs reprises, des lettres lui ont été adressées, sans réponse.
Monsieur le Ministre, nous voulons vraiment que vous rectifiiez le tir, en ce qui concerne la région de Tambacounda. Nous appartenons à une seule et unique nation. Si nous voulons vraiment raffermir nos liens, construire cette nation sénégalaise, il faudrait faire attention à l’équité territoriale. L’équité territoriale ne sera une réalité que quand on prendra compte des préoccupations des populations de la région naturelle du Sénégal oriental, qui représente un tiers du territoire national et a une position stratégique par rapport à la sous-région. C’est le Sénégal en miniature’’, dénonce-t-il.
De son côté, la députée libérale Woré Sarr appelle le ministre à tenir compte du cri du cœur des étudiants, pour éviter les grèves et les jets de pierres. ‘’En même temps, je vous annonce la décision des artisans de faire une marche demain (aujourd’hui) à la place de la Nation. J’avais construit un poste de santé à Guédiawaye, en 2008, en ma qualité de mairesse. Aujourd’hui, je viens renouveler ma doléance pour qu’il soit doté d’une ambulance pour transporter les urgences. Il faut aussi indemniser les Badiénou Goox qui sont des relais communautaires. Il faut aussi penser à faire baisser les prix des denrées de première nécessité. Aujourd’hui, tout est cher et si vous voulez gagner la confiance des Sénégalais, cela ne vaut pas la peine de faire appel aux gros-bras. Il suffit juste de faire en sorte qu’ils mangent à leur faim, qu’ils dorment tranquille et qu’ils puissent trouver de l’emploi et aller vaquer sans problème à leurs occupations’’, liste-t-elle.
Les autres députés ont aussi souligné des difficultés liées à l’accès à l’eau. C’est le cas de Foundiougne qui souffre de problème d’eau depuis trois ans. La situation de Touba aussi a été soulignée, de même que les défis d’assainissement de certaines localités du pays et de la région de Dakar.
1 231,96 milliards F CFA de recettes budgétaires recouvrés
Il faut aussi souligner que la plénière d’hier, marquant la clôture de la session ordinaire 2021, a été l’occasion, pour le ministre, de détailler aux députés le nouveau DPBEP 2022-2024. A ce propos, Abdoulaye Douada Diallo a informé qu’à la date du 29 juin 2021, des recouvrements de recettes budgétaires d’un montant de 1 231,96 milliards de francs CFA ont été réalisés. Ce qui traduit une plus-value provisoire de 17,06 milliards de francs CFA par rapport à l’objectif au 30 juin, d’un montant de 1 214,90 milliards de francs CFA.
Quant aux dépenses de budget général engagées et ordonnancées à la même date, elles s’établissent à 1 893,33 milliards sur les crédits ouverts d’un montant de 3 881 milliards F CFA, soit un taux d’exécution de 49 %.
‘’En conséquence, le déficit budgétaire à mi-parcours projeté à -620 milliards FCFA et retenu dans le cadre du programme ICPE, sera valablement atteint. Ce déficit budgétaire a été aisément financé, conformément à l’autorisation parlementaire, par les interventions sur le marché financier régional.
Par ailleurs, la gestion 2021 est également marquée par les résultats appréciables de l’opération d’eurobond, d’un montant de 775 millions d’euros, soit 508 milliards F CFA et dont le succès traduit la qualité de la signature du Sénégal sur le marché financier international’’, renchérit le ministre du Budget.
Concernant les perspectives budgétaires 2022-2024, elles se présentent comme suit : les ressources sont projetées à 13 102,85 milliards de francs CFA et les charges budgétaires à 14 950,5 milliards de francs CFA. Ainsi, les ressources connaitront une hausse de 1 463,4 milliards de francs CFA en valeur absolue par rapport au Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) précédent. Tandis que les charges augmentent de 1 342,1 milliards, comparativement au DPBEP 2021-2023.
Par conséquent, le budget 2022 s’établirait à plus de 5 000 milliards de francs CFA, y compris l’amortissement de la dette. Le ministre a aussi souligné que le budget initial du Sénégal a doublé en 10 ans. En 2012, il était à 2 344,8 milliards de francs CFA.
MARIAMA DIÉMÉ