Publié le 11 Dec 2023 - 16:29
PROLONGATIONS DU SUPPOSÉ FINANCEMENT QATARI À OUSMANE SONKO

Tariq Ramadan et Cheikh Yérim Seck animent la polémique

 

Les accusations du député Matar Diop insinuant qu’Ousmane Sonko aurait reçu un financement de pétroliers qataris - ce qui aurait provoqué des menaces de ses supposés bailleurs contre son intégrité physique et celle de sa famille après que sa non-participation à l’élection présidentielle a été actée - ont accouché d’une vive polémique opposant le journaliste Cheikh Yérim Seck à l’universitaire suisse d’origine égyptienne Tariq Ramadan.

 

Dénonçant ‘’un discours fantaisiste et des constructions médiatiques’’, l’islamologue s’est d’abord demandé dans une vidéo devenue virale, le week-end dernier, si l’on voit aujourd’hui ‘’un seul pays africain où le Qatar développe une politique non alignée sur celle de la France’’. En Algérie ou en Libye plus récemment, on voit clairement que les politiques de la France et du Qatar sont alignées, a insisté le petit-fils de Hassan El Banna, le fondateur des Frères musulmans.

Jugeant ‘’invraisemblable’’ le scénario attribuant au riche émirat le rôle de financier d’Ousmane Sonko, il a indiqué que ‘’c’est la même rhétorique qu’en France’’. Or, le Qatar est l’allié de la France ; ce n’est pas seulement vrai pour le PSG, c’est vrai pour le gaz, c’est vrai au plan géostratégique, c’est vrai pour les armes, selon Tariq Ramadan. L’universitaire estime que ‘’dès que quelqu’un pense contrairement à ce qu’on aimerait qu’il pense, on l’accuse de faire partie des Frères musulmans.

On l’a vu en France avec un Karim Benzema accusé d’en faire partie. Bientôt, on accusera Aliou Cissé (NDLR : le coach de l’équipe nationale de football du Sénégal) d’en faire partie ! Sadio Mané lui aussi pourrait être indexé pour cause d’appartenance aux Frères musulmans ! On va chercher des références en France comme si le ‘Canard enchaîné’ était le Coran ou la Bible. Pourtant, le ‘Canard enchaîné’ dit beaucoup de bêtises’’.

Indignation sélective ?

Poursuivant son propos, l’universitaire juge qu’’’au Sénégal, on fait mentir ce journal, car on lui fait dire ce qu’il n’a pas dit. On a aussi dit que je serais la courroie de transmission’’.

Dans la foulée, il prévient qu’il traduira en justice ‘’toute femme ou tout homme qui entretiendrait cette rumeur’’. Tariq Ramadan estime que ‘’quand on ne sait pas gérer la transparence démocratique, on crée des rumeurs infondées’’ et se dit ‘’pas impliqué dans le soutien d’un quelconque candidat à la Présidentielle au Sénégal’’.

La réaction de Cheikh Yérim Seck ne s’est pas fait attendre. Le journaliste est, avec son confrère Madiambal Diagne, directeur de publication du ‘’Quotidien’’, l’un des principaux relais médiatiques de l’accusation de financement occulte des activités politiques du leader de l’ex-Pastef portée par le député Matar Diop.

‘’De quoi vous mêlez-vous, Tariq Ramadan ? Qui vous a sonné ? Vous sentez-vous morveux ?’’, a répliqué Cheikh Yérim Seck dans un post repris par plusieurs sites d’informations. ‘’Dans mon propos sur l’argent qatari, explique Cheikh Yérim Seck, je n’ai nulle part évoqué votre nom, ni celui de l’organisation qualifiée de terroriste fondée par votre grand-père. Pas pour le moment, en tout cas’’. Il avertit que ‘’dans un avenir proche’’, il situera ‘’le rôle précis de chaque personne et de chaque penny dans ce complot international pour déstabiliser le Sénégal qui a lamentablement échoué’’.

Le journaliste proche du palais présidentiel n’en démord pas : ‘’L’affaire du financement qatari va révéler ses secrets, n’en déplaise aux répondeurs automatiques d’Ousmane Sonko’’, conclut Cheikh Yérim Seck.

Une controverse est apparue au Sénégal, après les accusations lancées par le député Matar Diop contre Ousmane Sonko en pleine session budgétaire. La majorité sortante accuse une partie de la presse et certains acteurs de la société civile d’avoir une indignation sélective, en refusant d’inscrire ce dossier dans leurs agendas, ‘’contrairement à ce qu’ils auraient fait si ce scandale impliquait un membre du gouvernement’’.

Ass Birago DIAGNE

 

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