Publié le 27 Sep 2024 - 17:50
RÉCUPÉRATION DES OSSEMENTS, RENFLOUEMENT DE L’ÉPAVE, FONDATION LE ‘’JOOLA’’

Les familles des victimes rallongent le  chapelet des doléances

 

La commémoration,  hier,  à Ziguinchor, du 22e anniversaire du naufrage du bateau ‘’Le Joola’’ a servi de tribune aux familles des victimes pour poser sur la table du gouvernement un ensemble de doléances liées, entre autres, à la récupération des ossements des victimes qui seront exposés dans le mémorial-musée, au renflouement de l’épave, à la déclaration du 26 septembre jour férié et chômé et payé, à la réalisation d’une stèle à la place du Souvenir à Dakar, à la création d’une fondation ‘’Le Joola’’ et à ce que lumière et justice soient faites sur ce drame.

 

Jeudi 26 septembre 2002-jeudi 26 septembre 2024. Voilà 22 ans, jour pour jour, que le navire ‘’Le Joola’’ assurant la liaison  Dakar - Ziguinchor sombrait, quille en l’air, au large des côtes gambiennes, emportant avec lui plus de 1 800 âmes. Comme chaque année, la nation entière se souvient de cette catastrophe maritime. La ville de Ziguinchor, qui a payé le plus lourd tribut, et son port, point de départ du ‘’monstre’’ ont servi, une nouvelle fois, de cadre de commémoration de cet événement d’une portée nationale, voire mondiale.

À l’occasion, les familles des victimes ont redemandé au gouvernement le renflouement de l’épave et la récupération des ossements des défunts. ‘’Ces ossements doivent être exposés dans le musée pour lui permettre d’assurer sa fonction primordiale, pour libérer les familles de l’emprise du ‘Joola’  et leur permettre, enfin, de faire leur deuil. L’exposition des ossements est une solution à un examen de conscience et de changement réel du comportement collectif’’, a fait savoir Sira Gassama qui parlait au nom des pupilles de la Nation.

Pour elle, ‘’Le Joola’’, déjà inscrit dans l’histoire universelle des peuples, doit être enseigné dans nos établissements primaires, secondaires et universitaires pour former notre jeunesse de toute bonne œuvre autour des valeurs humaines et veiller à préserver la vie.

De plus, souligne-t-elle,  cette catastrophe doit inspirer le Sénégal, en particulier sa jeunesse, servir de normes comportementales pour éviter l’émigration clandestine. 

Embouchant la même trompette, Boubacar Ba, le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du bateau ‘’Le Joola’’, a égrené un chapelet de ‘’revendications cruciales’’. Il a demandé  que le  26 septembre soit déclaré jour férié, ne serait-ce que pour une réelle introspection. ‘’Nous demandons également le renflouement de l’épave, la construction d’une stèle  à la place du Souvenir à Dakar,  qui portera le nom de toutes les victimes du naufrage, dont la pose de la première pierre a été faite par Son Excellence le Président Abdoulaye Wade. Nous demandons,  il est temps, que justice soit faite sur cette tragédie  pour les familles des victimes, mais également la mise en place de la fondation ‘’Le Joola’’ dotée de moyens suffisants pour la réalisation parfaite des objectifs qui lui seront assignés’’, a-t-il indiqué, non  sans remercier l’État pour les  efforts consentis pour la réalisation du  mémorial- musée dont l’ouverture des activités coïncide avec cette 22e commémoration.

Le gouvernement rassure

‘’Président Boubacar Ba,  je voudrais vous  rassurer, ici, que les  doléances    soulevées seront étudiées  avec toute l’attention requise, dans le respect des dispositions réglementaires’’, a promis le ministre des Forces armées qui conduisait la délégation officielle. Cette délégation  comprenait, entre autres, les ministres de l’Intérieur, de la Fonction publique et de la Réforme du service public, du Travail, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal ainsi que des autorités administratives, militaires, politiques, religieuses et coutumières de la région de Ziguinchor.

Pour le ministre des Forces armées, la forte délégation qui l’accompagne traduit la volonté de l’État de donner une nouvelle orientation à l’organisation de cet événement qui, à n’en pas douter, est l’une des plus douloureux de l’histoire du Sénégal. ‘’Certes, son évocation ravive la douleur des familles et des proches de 1 800 victimes. Cependant, le devoir de mémoire nous oblige à le commémorer non seulement pour rendre hommage aux victimes, mais également pour veiller à ce qu’un événement pareil ne se reproduise plus’’, a déclaré le général Birane Diop.

À l’occasion, il soutenu que la  Casamance et le traitement du dossier du ‘’Joola’’ constituent des préoccupations  majeures de l’État, comme en attestent les efforts entrepris pour le développement socioéconomique de la région et la satisfaction des doléances des familles des victimes du naufrage. ‘’Monsieur le Président de la République et son gouvernement comptent placer la région naturelle de Casamance au cœur de leurs actions prioritaires en y stimulant les opportunités de développement et en travaillant sans relâche pour le règlement définitif de la crise qui l’affecte’’, a ajouté le ministre des Forces armées.

Pour le ministre, l’ouverture du ‘’beau et imposant’’ mémorial-musée qui se dresse majestueusement sur le fleuve Casamance exprime la volonté politique de l’État d’ancrer le souvenir du naufrage dans notre mémoire collective et d’en faire un levier dans la consolidation de la cohésion nationale.

Pour le général Diop, ‘’la place du mémorial-musée ‘Le Joola’ dans la commémoration, thème de cette année, est une invite à une introspection et au changement de comportement à un moment où certaines de nos valeurs essentielles sont en perdition. Il a fait savoir que le mémorial à la forme d’un bateau dispose d’un espace multifonctionnel et d’un autre dédié au recueillement.  

La  commémoration de ce 22e  anniversaire a été rythmée par un recueillement et des prières au cimetière de Kantène, à la périphérie de Ziguinchor où reposent  certaines victimes, un  dépôt de germes de fleurs au mémorial-musée et par  différentes allocutions.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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