Publié le 17 Aug 2012 - 16:00
RÉLIGION-ZAKAT (2ère Partie)

La dimension spirituelle et économique

Discuter de la Zakat durant le mois béni de Ramadan se justifie doublement. D’abord, comme le jeûne de Ramadan, la Zakat est un pilier de l’Islam. Ensuite, la générosité est recommandée tout le temps dans la religion musulmane. Cependant, elle l’est davantage lors de ce mois béni.

Au Sénégal, la pauvreté aurait été réduite de 57%, si la Zakat était gérée efficacement

L’impact de la Zakat sur la consommation s’explique par le fait qu’elle permet aux pauvres de disposer de ressources pour satisfaire leurs besoins de base. Cette augmentation de la demande entraîne une augmentation de la production si les produits de base sont d’origine locale. En d’autres termes, comme la propension marginale à consommer est plus élevée chez les pauvres que chez les riches, lorsque les premiers disposent de plus de ressources financières, le multiplicateur sera positivement affecté entraînant la production d’un plus grand volume de biens et services qui se traduit donc par la croissance économique.

Avec les problèmes sérieux que soulève la politique de crédit des institutions de microfinance classiques, on a expérimenté, avec succès, dans certains pays musulmans des modèles de microfinance islamique avec l’intégration des institutions de Zakat et de Waqf pour résoudre certains problèmes liés au financement des plus pauvres.

Dans une étude récente faite par des experts de la Banque mondiale, les auteurs ont montré que si la Zakat était collectée et distribuée efficacement, sous certaines hypothèses, cela aurait permis à 20 pays de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), sur un échantillon de 39, d’éradiquer la pauvreté si le seuil de 1,25 dollar par jour est considéré. Par exemple, pour le Sénégal, l’étude suggère que la pauvreté aurait été réduite de 57%, selon les données de 2005, si la Zakat était gérée efficacement.

La gestion efficace de la Zakat, dans le contexte sénégalais, suppose sa gestion par une agence autonome qui lui est exclusivement dédiée. Une lecture attentive du verset (9 : 60) révèle que la Zakat doit être gérée de manière collective. En effet, le verset cite parmi les bénéficiaires de la Zakat al Aamiliin (les agents qui travaillent pour la collection et la distribution de la Zakat). Pareille option se justifie aussi économiquement.

Il ressort clairement de cette analyse que la Zakat peut avoir un impact socio-économique considérable ; l’autorité publique est ainsi interpellée pour la mise en place d’un environnement réglementaire et fiscal de nature à favoriser l’établissement d’agence de gestion de Zakat autonome ou le fonctionnement optimal de celle existante (des oulémas sénégalais ont déjà pris des initiatives dans ce sens avec la création du Fonds Sénégalais de la Zakat). La réglementation devrait viser à créer les conditions permettant la gestion des fonds de Zakat de manière professionnelle et transparente. De son côté, l’autorité fiscale devrait accorder une déduction aux entités qui s’acquittent de la Zakat comme c’est le cas avec les dons accordés à certaines organisations caritatives. Une telle politique de la part des gouvernants mettrait les populations dans des conditions de s’acquitter convenablement de leur devoir religieux.

 

Lorsqu’on est conscient de la puissance mobilisatrice de l’Islam, toute tentative de marginaliser cette religion dans un pays comme le Sénégal constitue un acte irrationnel. Pareillement, il est déraisonnable de ne l’utiliser qu’à des fins électoralistes. De par ses valeurs universelles et conciliables à la nature humaine, de par sa forte influence sur le comportement de la majorité des populations de ce pays, l’Islam devrait constituer une source principale d’orientation et d’incitation pour tout programme de développement.

FIN

Abdou DIAW

Docteur en finance islamique

 

 

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