Publié le 28 Feb 2024 - 14:30
RÉOUVERTURE PARTIELLE DE L'UCAD, COURS ET EXAMENS BÂCLÉS

 Difficile reprise à l’Ucad

 

Comme annoncé, il y a de cela quelques jours par les autorités universitaires, la réouverture du campus pédagogique a été effective, lundi. Les étudiants réclament l'ouverture du campus social et dénoncent l'accélération des cours et la programmation des examens.

 

Tout ne semble pas être fin prêt pour la reprise effective des cours à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette semaine. Officiellement, les cours ont repris lundi dernier en présentiel, après huit mois de fermeture.

Cependant, si des dispositions sont prises pour que le campus pédagogique soit opérationnel, rien n’est fait pour rendre disponible le campus social. Ainsi, les étudiants ont réclamé son ouverture. D'après un universitaire qui a requis l’anonymat, il est absurde d'ouvrir le campus pédagogique et de fermer celui social.

D’ailleurs, certains étudiants ne sont pas rentrés, faute d’avoir où loger. Mamadou Diallo, étudiant au Département d’histoire est de ceux-là. Contacté par ‘’EnQuête’’, il a dit être encore dans son village.  "Je ne suis pas ici parce que je refuse de reprendre le chemin des amphis, mais parce que le campus social n’est pas ouvert. Je n'ai pas où loger. Si les autorités veulent vraiment que les cours reprennent, ils vont ouvrir le campus social. La reprise n'est que de nom", a-t-il fulminé.

Un universitaire le confirme : "Il est impertinent de ne pas rouvrir le campus social en même temps que celui pédagogique.  Nous ne sommes pas dans des pays où les étudiants sont assez indépendants pour aller prendre des logements en dehors de ceux universitaires. Au Sénégal, globalement, les étudiants logent au Coud. Je pense qu'on n’aurait jamais dû séparer l’ouverture des deux" campus’’.

Il explique : "Nous avions des cours à la faculté de Droit, c'était délocalisé et on a finalement fait des cours à la Fastef ainsi qu’à Seydou Nourou Tall, mais beaucoup d'étudiants n'ont pas été là, parce que tout simplement ils n'ont pas où loger. Ils ne peuvent pas être des SDF à Dakar. Même s'ils arrivent à être hébergés, ils n'ont pas  toujours les moyens de subvenir à leurs  besoins. Donc,  l’opérationnalité du Coud qui offre le logement et la nourriture à moindre coût est évidemment nécessaire pour le bon fonctionnement du campus pédagogique, sinon ça n'a pas de sens."

C’est pour cela que le président de l'amicale de la Lettres et sciences humaines (FLSH), Alla Kane, appelle les autorités à diligenter l’ouverture du campus social pour que les étudiants puissent avoir où loger.

Accélération des cours et programmation ‘’précoce’’ des examens 

Ce n’est pas le seul écueil soulevé par les apprenants.  Ils ont aussi dénoncé l'accélération des cours et la programmation ‘’précoce’’ des examens.

Selon le président de l'Amicale des étudiants de la FLSH et membre du Collectif des amicales de l'Ucad, la reprise est effective à la faculté des Lettres. D'ailleurs, informe Alla Kane, "lundi matin, des étudiants ont fait des examens au niveau des amphithéâtres A et B du nouveau bâtiment. Avec la décision du Conseil académique, nous sommes autorisés maintenant à faire cours au sein de la faculté".

Par ailleurs, malgré la reprise des cours en présentiel, Alla Kane indique qu'ils vont dérouler leur plan d'action. Car, dit-il, la réouverture est faite de manière partielle, alors que leur combat, c'est la réouverture totale du temple du savoir. "On ne peut parler de satisfaction, parce que depuis le début, on réclamait l'ouverture de l'université, car on  savait bel et bien que les amphithéâtres, au niveau des facultés, sont opérationnels et que pour des calculs politiques, elle avait fermé ses portes", dénonce le président de l'amicale de la FLSH.

Mamadou Diallo, qui se dit ‘’complètement découragé’’, est du même avis. ‘’Ils n'ont pas organisé la reprise au moment où nous le voulions. Ils ont bâclé le second semestre. En un mois, les cours ont été dispensés et ils ont programmé les examens", fustige-t-il.

Embouchant la même trompette, Moussa Ndong, étudiant à la même faculté, déclare que "les autorités seront responsables de l’échec des étudiants. Pis, renchérit-il, beaucoup vont redoubler et d'autres seront renvoyés de l'université. Car, dit-il, les heures de cours ne sont pas suffisantes et le niveau va beaucoup baisser’’.

En effet, explique-t-il, ‘’il y aura des étudiants qui vont valider, mais qui n'auront pas le niveau requis pour aller en classe supérieure. Ce qu'on doit apprendre en trois mois, on l'a fait en trois semaines et c'est inadmissible".

Universitaire : "On ne devrait pas délivrer de diplômes dans ces conditions-là, parce qu'ils ne valent absolument rien."

Depuis un moment, les universitaires dénoncent et réclament la réouverture de l'université. Interpellé sur l'accélération des cours et la programmation des examens décriées par les étudiants, cet universitaire déclare qu'ils ont raison. "Ce n'est pas sérieux et ça n'honore pas l'université et le Sénégal qui est connu pour être un pays sérieux. On ne devrait pas délivrer de diplômes dans ces conditions-là, parce qu'ils ne valent absolument rien. On ne peut pas faire un semestre en trois semaines. Dans certaines facultés, ils n'ont pas fait de cours magistraux. On a balancé des supports pédagogiques, des supports de cours sur la  plateforme numérique que les étudiants ont téléchargés. Dans un semestre normal, avec autant de cours que nécessaire, les étudiants ont parfois du mal à comprendre et c'est en présentiel avec autant de temps", a-t-il souligné.

Toujours, d’après lui, "si on dit qu'on met  les cours à disposition sur la plateforme et que les étudiants téléchargent, ça suffit, tout le monde sait que c'est une pratique qui ne garantit pas une bonne formation. En dehors de ça, les TD ont été faits en trois semaines au lieu de trois mois comme ils ont dit".

Il indique qu'il fut un moment où l'étudiant sénégalais était bien accueilli à l'étranger, parce que censé avoir reçu une bonne formation et qu’il pouvait s'adapter facilement aux conditions d'études un peu différentes à l'étranger. Aujourd'hui, regrette-t-il, c'est tout à fait l'inverse. Nos étudiants souffrent, une fois qu'ils sont à l'étranger et même la crédibilité de nos formations est remise en cause, au point que parfois il est difficile qu'un étudiant sénégalais soit accepté dans certaines universités, car le manque de sérieux est connu de l'étranger".

FATIMA ZAHRA DIALLO

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