La bombe à retardement à BBY
Soulevée par Idrissa Seck, la clef de répartition des futurs sièges d'élus locaux en 2014 constitue déjà une bombe à retardement pour la coalition Benno Bokk Yaakaar. L'Apr du Président de la République devrait s'y opposer, de même que la Ligue démocratique du Pr. Abdoulaye Bathily. En attendant que les autres prennent position.
Entre le parti présidentiel et le Rewmi d'Idrissa Seck, le jeu du chat et de la souris perdure, en marge du calme plat qui règne au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). À moins d'un an des élections locales de 2014, la clé de répartition des postes d'élus locaux va d'ores et déjà constituer une ligne de fracture dans la mouvance présidentielle, notamment entre l'Alliance pour la République (APR) et le Rewmi. En tournée politique à Mbour ce week-end, l'ancien Premier ministre a averti de sa détermination à obtenir une répartition juste et équitable des maroquins à tirer des scrutins de l'année prochaine. A cet égard, a-t-il indiqué, il ne sera pas question que les 8% de suffrages qu'il a obtenus à la présidentielle du 26 février soit une base de calcul pour Rewmi.
Prenant, hier, la balle au rebond, un de ses lieutenants, Waly Fall, l'appuie naturellement. «Rewmi pèse plus qu'il n'a récolté au sortir de l'élection présidentielle de février 2012''. A voir. De ce fait, «(les alliés) doivent en tenir compte dans les clefs de répartition des postes d'élus locaux au sein de BBY''. Selon l'ex-maire de Dieuppeul-Derklé, ''Idrissa Seck a eu 8% lors de ce scrutin sans faire de campagne classique et dans un cadre plus ou moins informel. Aujourd'hui, il travaille (…) à massifier son parti et d'ici aux locales on sera en mesure de faire des démonstrations de force qui permettront aux observateurs de constater que Rewmi est un grand parti politique.»
Autre posture, autre son de cloche. Celle de Me Djibril War, responsable politique à l'Alliance pour la République. «Idrissa Seck devrait reconnaître et admettre dans l'humilité qu'il est en deçà de ses rêves au sortir de l'élection du 26 février 2012», rétorque-t-il. Selon lui, «la meilleure chose que Idrissa Seck pourrait faire afin de se rendre service à lui-même, c'est de sortir tout bonnement de la coalition BBY et du gouvernement pour s'opposer à Macky Sall». Pour celui qui est également président de la Commission des lois à l'Assemblée nationale, «les Sénégalais n'aiment pas cet homme (NDLR : Idrissa Seck) et ils le lui ont fait savoir le 26 février 2012.»
Malgré tout ce qui «lie» les deux formations politiques, toutes deux issues des flancs libéraux du Parti démocratique sénégalais (PDS), anciennement au pouvoir, Me Djibril War estime que ''Idrissa Seck devait se faire une religion : les sénégalais, trop enclins au respect de certaines valeurs dont la constance, ''ne sont pas trop regardants des chants des cigales, mais plus attentifs aux fourmis travailleurs et silencieux comme Macky Sall''. ''Et cela est valable pour les autres membres de la coalition'', rajoute-t-il. Mais Waly Fall ne se démonte pas. «Nous sommes tous des hommes politiques, nous nous connaissons entre nous», réplique-t-il, insistant sur un fait qu'il juge capital, à savoir que «Idrissa Seck n'a pas fait campagne en 2012...»
Prenant le contre-pied de ses deux alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar, la Ligue démocratique fait entendre une autre musique non dénuée de sens. Selon son porte-parole, Abdou Karim Fall, dans des élections locales, il est incongru de vouloir mettre en œuvre des clefs de répartition des sièges comme aux élections nationales que sont la présidentielle et les législatives. «Pendant les locales, les alliances peuvent se faire au niveau national», explique l'ex-responsable des jeunes de la Ligue démocratique. Sans occulter pour autant le fait que chaque localité a ses propres réalités. De ce fait, «ces parlements locaux qu'il s'agit de mettre en place (en 2014) ne peuvent pas être répartis selon une clef de répartition qu'on peut utiliser au niveau national''. Contacté par Enquête, Abdoulaye Wilane, chargé de communication du Parti socialiste, a répondu par sms : «Rien à déclarer. Le moment venu, les partis se détermineront ou s'accorderont.»
Assane MBAYE
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