Publié le 7 Aug 2013 - 02:30
RAPPORTS DIFFICILES ENTRE IDY ET LES AUTRES

Le ver est dans les ego

 

La démission de la notaire Nafissatou Diop Cissé de Rewmi cache un autre problème : celui de la gestion de Idy et de ses relations avec les autres

«L’ami (Idrissa Seck) pour qui je suis rentrée en politique ne m’a jamais fait l’amitié de connaître chez moi. Malgré les situations difficiles que j’ai traversées et que tout le monde connaît, il n’est jamais venu chez moi pour me soutenir, pour me remonter le moral.» Ces propos de Me Nafissatou Diop Cissé, tenus dans les colonnes du journal Le Quotidien, ont suscité l’émotion chez certains sénégalais. La célèbre notaire se dit «frustrée» pour avoir «tout perdu en politique sans rien gagner» avec Idy pour qui elle a pourtant «concentré tous (ses) sacrifices». En quittant aujourd’hui le Rewmi «avec beaucoup de regrets» pour rejoindre l’Apr, «en toute responsabilité», Me Diop Cissé met ainsi fin à une…idylle qu’on croyait inoxydable. S’il est vrai qu’en politique «il y a une libre entrée et une libre sortie», comme le rappelle Thierno Bocoum, le chargé de communication de Rewmi (interview accordée à Radio Sénégal), le nombre de départs enregistré par Rewmi depuis sa naissance en 2006 interpelle les relations interpersonnelles entre Idy et les autres. Nombre d’entre eux ont reproché à l’ancien Premier ministre son «manque de considération» et son «irascibilité». L’un des départs les plus surprenants, c’est celui d’Awa Guèye Kébé, ex-numéro 2 de Rewmi. Après une longue traversée du désert avec Idy, l’ancienne ministre des Femmes va geler ses activités à Rewmi avant de rejoindre la maison du… père, le PDS. Elle est nommée ministre d’Etat auprès du président de la République en 2011, tourne la page Idrissa Seck et justifie sa décision : «Il ne m’avait rien donné pour que je sois avec lui, moi non plus. Je suis sa sœur et il restera mon frère, c’est pour la vie. Maintenant politiquement, chacun d’entre nous est en train de faire son chemin», avait déclaré Awa Guèye Kébé, invitée à l’émission Li cii rewmi de Sen Tv. Son frère de parti, Serigne Babacar Diop, lui, avait préféré rejoindre le candidat de la coalition Idy4Président après avoir quitté le PDS. Mais, cela ne durera que le temps d’une élection présidentielle, car l’ancien patron de la Cellule initiative et stratégique (CIS) va calquer la porte en septembre 2012. La raison ? «Il a été déçu par le manque de considération de Idrissa Seck. Finalement, il avait gelé ses activités», souffle une source digne de foi. (Nos tentatives pour joindre l’intéressé sont restées vaines). De quoi susciter des interrogations d’un grand responsable de Rewmi : «Dans ces conditions, dit-il, je me demande : est-ce que Idy a toujours des ambitions ? Je pense qu’il a tiré les leçons de sa défaite. Il aurait dû profiter de ce contexte pour achever sa tournée nationale et aller à la rencontre des militants plutôt que de se la couler douce en France». Mais un proche du maire de Thiès parle de mauvais procès et met ces départs dans le compte de l’«opportunisme politique». «Je comprends que Nafissatou soit frustrée parce qu’on ne l’a pas responsabilisée, mais ce n’est pas un prétexte pour quitter le parti. Je rappelle qu’elle est arrivée en 2012 et elle a trouvé des gens dans le parti», précise-t-il. Quid du député Maguette Mbodji qui est arrivé il y a «six mois» à qui la notaire fait allusion ? Notre interlocuteur réplique : «Elle a oublié qu’on l’a coopté directement dans le secrétariat national de Rewmi». Minimisant les conséquences de ces départs, ce lieutenant pense que c’est plutôt son mentor qui est «trahi». Il en veut pour preuve l’«attitude» de Oumar Guèye et de Pape Diouf qui, «après avoir bénéficié de la confiance de Idy, lui ont aujourd’hui tourné le dos».

Le «je t’aime, moi non plus» avec les alliés

Il n'y a pas que des militants de Rewmi qui ont quitté l‘ancien Premier ministre. Ce dernier a eu du mal à garder ses alliés. Ses relations avec Jean Paul Dias en auront souffert. Lui qui s’était érigé en bouclier d’Idy, alors qu’il avait maille à partir avec la justice dans le cadre des chantiers de Thiès. Mais le compagnonnage entre les deux hommes va virer au clash au lendemain de la présidentielle de 2007. Et le leader du Bloc centriste gaïndé (BCG) n’en revenait pas. «Ce monsieur-là, à sa demande, plusieurs fois, quand il a été incarcéré, il nous a envoyé deux délégations en nous tendant la main. Finalement, on a saisi sa main, lui étant dans les geôles. C’est à cause de lui d’ailleurs que j’ai séjourné deux fois en prison. Il le sait», raconte Jean Paul Dias dans une interview accordée au journal Le Populaire en 2007. «Moi, je m’appelle Jean-Paul Dias, je suis dans ce pays un homme de parole, et je respecte ma signature, ainsi que celle de mes plénipotentiaires. Personne ne peut me prendre à défaut sur ça. Donc, quand je suis avec quelqu’un qui, lui, n’a pas cet état d’esprit, je crois que nous n’avons plus rien à faire ensemble. Il a lui-même gelé les relations». Le divorce sera alors consommé avant qu'ils ne se retrouvent cinq ans plus dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). L’histoire va se répéter avec le marabout politicien, feu Serigne Mamoune Niasse. Le premier serviteur fut le premier à avoir soutenu Idy à sa sortie de prison. Mais le «manque de considération du président de Rewmi vis-à-vis de son parti» le poussa à se séparer de lui. Mais son ralliement à l’ancienne mouvance présidentielle fut diversement interprété. «Wade avait promis de sortir d’affaire son fils Ibrahima Niasse, détenu en Arabie Saoudite ; il fallait qu’il trouve un prétexte», confient des sources dignes de foi. Après cette période de brouille, ces deux hommes vont renouer le dialogue à la veille de la présidentielle de 2013. Mais le marabout, fauché par la mort, ne prendra malheureusement pas

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