Publié le 21 Jun 2024 - 16:18
RELATIONS FRANCE-SÉNÉGAL  

Bassirou Diomaye Faye et Emmanuel Macron pour un renouveau du partenariat stratégique 

 

En marge du Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, le président Bassirou Diomaye Faye et Emmanuel Macron ont échangé lors d’un déjeuner de travail à l’issue duquel les deux chefs d’État ont indiqué leur désir d’impulser une nouvelle dynamique aux relations franco-sénégalaises basées sur un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples. Cette quête entre dans le cadre d’une volonté de Bassirou Diomaye Faye d’opérer un tournant radical dans la reconfiguration des liens politiques et économiques qui lient les deux pays. 

 

Le tête-à-tête entre le président Bassirou Diomaye Faye et le chef d’État français Emmanuel Macron a eu lieu hier, en marge du Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, au palais de l’Élysée. Le chef de l’État sénégalais, en tenue traditionnelle, a été accueilli, hier, sur le perron de l’Élysée par son homologue.

‘’À l'occasion de ce premier échange, les deux chefs d'État ont exprimé leur volonté commune de donner une nouvelle impulsion au partenariat entre le Sénégal et la France, fondé sur un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d'amitié’’, peut-on lire dans le communiqué conjoint qui a sanctionné cette rencontre.

Toujours selon le texte, les deux présidents ‘’ont échangé sur les défis communs à relever pour poursuivre et renforcer la coopération dans les secteurs qui contribuent à une plus grande souveraineté du Sénégal. Ils sont convenus de renforcer les projets structurants dans divers secteurs, dont la transition énergétique, la santé, la formation professionnelle, la production locale de vaccins et l'agriculture’’.

Si aucune information n’a filtré sur la nature de cet entretien, certains sujets devraient être discutés comme le paiement de la dette due à Eiffage (150 millions d’euros), le sort des 350 éléments français du Sénégal, le franc CFA et la crise CEDEAO-AES.

La France, qui a vu ses positions géopolitiques affaiblies au Sahel, n’a de cesse cédée du terrain à l’influence russe qui s’est étendue au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Cette perte d’influence l’a conduite à revoir toute sa politique africaine et à chercher à réduire ses bases au Sénégal et en Côte d’Ivoire, entre autres.  

Souveraineté vaccinale et production de vaccins :  l’exemple sénégalais 

Auparavant, c’est dans les salons cossus du Quai d’Orsay que le président Bassirou Diomaye Faye a indiqué l’importance du lancement de l'initiative Accélérateur de la production des vaccins en Afrique (AVMA) ainsi que le début de la campagne de reconstitution des fonds de l’Alliance du vaccin (Gavi) pour la période 2026-2030.

Gavi est une organisation internationale réunissant l’OMS, l’Unicef et la Banque mondiale ainsi que diverses autres organisations internationales, avec comme but de renforcer la souveraineté sanitaire des pays du Sud. 

Devant un parterre de chefs d’État, du président de la Commission de l’Union africaine, des responsables de Gavi, d’entreprises pharmaceutiques, de laboratoires de recherche et d’agents de CDC Africa, Bassirou Diomaye Faye a souligné que l’Afrique représente environ 20 % de la population mondiale, mais son industrie des vaccins fournit à peine 0,25 % de l’offre mondiale. Que l’Afrique est encore largement tributaire d’autres régions pour couvrir ses besoins.

‘’L’histoire récente de la pandémie Covid-19 nous a montré combien nous étions vulnérables, mal préparés face aux pandémies et que, par conséquent, la santé doit être une priorité permanente. En lançant ce forum pour l’Accélération de la production de vaccins en Afrique (Avma), Gavi et ses partenaires s’inscrivent dans la voie pour permettre au continent de mieux résister à la pandémie et ne plus connaître le manque de vaccins. Un des défis de l’Afrique, c’est de produire des vaccins, des médicaments, mais aussi d’accéder aux plateformes de commercialisation pour participer à la lutte contre les menaces sanitaires dans le futur’’, a-t-il soutenu avec force.

Dans la même dynamique, le chef de l’État sénégalais compte mettre en avant l’exemple du Sénégal dans la construction d’une industrie pharmaceutique et la souveraineté vaccinale de l’Afrique.  ‘’Dans la perspective de consolidation des acquis et de la réalisation de l’objectif de l’Union africaine de produire sur le continent 60 % des vaccins utilisés sur place d’ici 2040, l’Institut Pasteur de Dakar a initié, avec le soutien du gouvernement sénégalais, un programme de développement industriel estimé à 252 millions de dollars. La réalisation des infrastructures et l’acquisition des équipements sont en cours de finalisation et le site du vaccinopole de Diamniadio qui constitue une des entités du programme qui aura une capacité de production de 300 millions de doses de vaccins de routine, épidémiques ou pandémiques, en utilisant trois plateformes technologiques dont l’ARN messager’’, renseigne-t-il, avant d’indiquer que le Sénégal a déjà mis en place l’Agence nationale de réglementation pharmaceutique (ARP) qui s’est beaucoup employée pour atteindre les phases de maturation et d’homologation requises.

‘’J’appelle tous les partenaires à participer à la reconstitution des fonds de Gavi entre 2026 et 2030, afin de soutenir son financement, car soutenir Gavi c’est aussi investir stratégiquement et à un rythme plus soutenu dans la protection de nos enfants, des générations actuelles et futures’’, conclut-il. 

L’Union européenne, principal bailleur du fonds pour l’Accélération de la production de vaccins en Afrique (Avma)

De son côté, Emmanuel Macron a salué cette initiative qui, d’après lui, est un enjeu vital, afin de préserver la santé sur le plan mondial. ‘’Ce combat pour la santé mondiale est exigeant et je veux ici vous dire que la France l'assume et en est fière. Fière que la contribution de la France à la solidarité internationale ait augmenté de 50 % en sept ans avec un fort accent sur la santé. Fier de préserver un outil comme le Fonds de solidarité pour le développement et le lien si symbolique entre les prélèvements sur les flux de la mondialisation, comme les billets d'avion et les transactions financières, et le financement de la solidarité internationale, a indiqué le président français qui s’est empressé d’indiquer que la santé est un droit fondamental qui est un enjeu d’équité et de progrès, un enjeu d’égalité entre hommes et femmes.

‘’La France a choisi de réallouer 100 millions de dollars vers ce mécanisme et l’Union européenne assure les trois-quarts de ces financements de 1,2 milliard de dollars aux côtés de nos partenaires que je veux aussi remercier, qui se sont engagés : États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Norvège, Japon et fondation Gates. C'est un mouvement global dont Avma, cet accélérateur de production de vaccins en Afrique, sera une brique essentielle pour bâtir ce véritable marché africain du vaccin’’, a-t-il ajouté.  

Mamadou Makhfouse NGOM 

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