Ce qui les a perdus
Comme l’a annoncé EnQuête dans son édition d’hier, le président de la République, Macky Sall, a procédé à un profond remaniement de son gouvernement dans le «souci de renforcer son efficacité». L’équipe dirigée par Abdoul Mbaye est passée de 25 à 30 ministres. A la trappe, 7 ministres dont les performances sont jugés «insatisfaisantes», «inefficaces» et «inefficientes».
Mbaye Ndiaye
(emporté par les Thiantacounes)
Son départ était attendu. Très critiqué pour la manière dont il a géré les manifestations violentes des Thiantacounes du lundi 22 octobre dernier, Mbaye Ndiaye avait fini par prouver son incompétence à assumer les fonctions de ministre de l’intérieur. L’apathie dont ont fait montre ses services de sécurité face aux actes de vandalisme en plein centre-ville exigeait une sanction politique. C'est fait. Mais ce dossier n’est en réalité que la goutte d’eau qui a fait déverser le vase. Le désormais ex-ministre de l’Intérieur aurait aussi payé pour ses propos suite à la profanation du cimetière de Saint-Lazare. «C’est une affaire entre chrétiens», considérait-il...
Alioune Badara Cissé
(un brin franc-tireur)
La nomination d’Alioune Bara Cissé avait suscité beaucoup d’espoirs après la diplomatie-spectacle d'Abdoulaye Wade. Mais «ABC» peinait à prendre ses marques en conformité avec la «vision» du chef de l'Etat. De fait, Cheikh Tidiane Gadio, ministre des Affaires étrangères pendant dix ans d'affilée sous Wade, était devenu le missi dominici de Macky Sall un peu partout sur le continent. Ils sont devenus presque inséparables. Dernier acte de «désaveu» contre ABC, la dernière visite de Gadio au Tchad, au nom du chef de l'Etat sénégalais, dans le cadre du procès à venir de Hissène Habré. Avant, il y a eu la réunion de l'Union africaine à Addis Abeba où Gadio a été omniprésent...
Auparavant, l'exécution de deux Sénégalais en Gambie par le régime de Yaya Jammeh n'a pas arrangé le dossier d'Alioune Badara Cissé lequel, au cours d'une visite à Touba, avait publiquement défié Macky Sall en soulignant que le mandat électoral du 25 mars n'appartenait pas à celui qui avait été élu par les Sénégalais. ABC marquait alors son opposition au projet de réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans annoncé par le président de la République entre les deux tours de la présidentielle. A l’interne, ABC faisait également face à des attaques par presse interposée venant de son ministère où on lui reprochait de nommer des novices dans les missions diplomatiques...
Ibrahima Sall
(piégé par sa communication)
S’il est vrai que le ministère de l’Education est un département à problèmes, il aura réussi à sauver l’année scolaire 2011-2012 en profitant de la nouvelle légitimité du nouveau pouvoir et de la «compréhension» des syndicats d'enseignants. Ceux-ci ont porté beaucoup de récriminations contre le leader du Model, critiqué pour le degré zéro de sa connaissance du milieu scolaire, sa «suffisance», une communication débordante qu'il semblait avoir confondue avec la politique requise par les questions de l'école. Il aurait également payé pour la mauvaise organisation de la deuxième session du bac. Des candidats l'accusent de les avoir largués à des dizaines de km de leur lieu de résidence. Autant dire que c’est une patate chaude filé à Serigne Mbaye Thiam.
Mata Sy Diallo
(jamais dans le coup)
C'est l'agneau du sacrifice du gouvernement par excellence. Perdue par le renchérissement du coût de la vie alors que Macky Sall avait promis, dans son programme Yoonu Yokuté, de baisser les prix des denrées de première nécessité. A dire vrai, la responsable de l'Alliance des forces de progrès (AFP) n'a jamais vraiment été dans le coup ! Invisible, maladive jusqu'à être évacuée en France pendant plusieurs semaines pour des soins, un peu larguée, la «Lionne du Ndoucoumane» n'a jamais eu le profil de l'emploi. Aujourd'hui déchargée de ses fonctions, elle mérite une retraite après une longue vie de militantisme politique débutée sous Senghor au Parti socialiste.
Abou Lo
(l'ami encombrant)
En voilà un qui va mettre à l’aise le président de la république avec son départ du gouvernement. Abou Lo a été le ministre le plus fragile, et le plus exposé aux critiques du fait de sa double nationalité (sénégalaise et allemande). Qualifié de «renégat» par le député Abdoulaye Makhtar Diop, il avait fini par devenir très encombrant pour le président Macky Sall partagé entre amitié et efficacité. Mais il était clair qu'Abou Lo ne pouvait plus rester dans le gouvernement après les débats furtifs et durs autour du code de la nationalité sénégalaise.
Aly Cotto Ndiaye
(quelconque)
Il n’aura pas réussi à séduire les jeunes. Agé par rapport à ces dernier, sans énergie, l'ex ministre de la Jeunesse de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Aly Cotto Ndiaye semblait déconnecté des réalités que vivaient ceux dont il portait les projets d'avenir. Transparent durant 6 mois, il n'a jamais pu imprimer une vision claire à sa démarche. Les 500 000 emplois promis par le chef de l'Etat pour son mandat en cours et dont une bonne partie relevait de ses prérogatives l'ont peut-être inhibé jusqu'à la paralysie.
Mor Ngom
(manque d'épaisseur)
Le ministre des Infrastructures et des Transports quitte le gouvernement. Plus veinard que ces autres collègues, Mor Ngom a été nommé Directeur de cabinet du président de la République dont il est un des plus proches. Une bonne planque certes, mais le numéro 2 des cadres de l’APR aurait préféré gardé un strapontin pour lequel il n'avait pas l'épaisseur requise.
DAOUDA GBAYA
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