Dakar déroule le chant du corps
Des artistes sénégalais se réunissent pour dix jours dans un atelier de danse et de slam. A l’occasion, le chorégraphe Salia Sanou et le slameur Souleymane Diamanka mettent en symphonie la poésie et le langage du corps.
Des corps qui vibrent. Des mains à l’air libre. Energie, vitalité, lenteur puis récupération. C’est un peu cela l’exercice des danseurs. Des professionnels dans la découverte du corps. Quinze danseurs et cinq slameurs se sont retrouvés hier matin au Grand Théâtre pour un atelier de danse co-animé par le slameur franco sénégalais Souleymane Diamanka et le chorégraphe Salia Sanou.
L’ambiance est à la fois studieuse et décontractée. Ici, on s’essaie aussi au pesage. Les uns portent les autres et c’est la rencontre de synergies. ‘’C’est un exercice qui permet de savoir le poids de son partenaire sur scène’’ explique Salia Sanou. La marche s’invite aussi à cet atelier. Selon Baye Dame Kassé danseur, participant, cette initiative est pour lui une opportunité de pouvoir échanger et collaborer avec Salia Sanou. ‘’C’est une manière de découvrir le chorégraphe exactement et de pouvoir échanger avec d’autres danseurs, et l’énergie qu’on partage avec les slameurs, c’est une expérience de plus’’, explique-t-il.
L’on fait des pas pour découvrir l’espace mais aussi, l’on prend des minutes pour se regarder. Ces mouvements ne sont point fortuits. Salia Sanou les explique par le fait que les danseurs doivent vivre ensemble pour une dizaine de jours. Car, ‘’plus on se connaît, plus on est dans la complémentarité’’. Mais dans cette salle aux baies vitrées, où filtrent les rayons solaires, il y avait aussi un exercice de respiration. ‘’Artistiquement, la respiration joue un rôle dans notre façon d’être physiquement dans l’espace. C’est elle qui va rythmer la danse, la parole, cette force de présence pour réaliser beaucoup de choses’’, développe le danseur burkinabé face à des stagiaires réceptifs.
Parmi les exercices du 1er jour de cet atelier, l’on peut aussi noter un travail sur l’articulation qui ‘’permet de connaître les parties du corps actionnant les mouvements’’. Et de ces mouvements, viendront ceux de l’écriture qui est une forme de danse. ‘’Quand on effectue une rime, il y a un mouvement de va-et-vient dans l’écriture qui peut s’apparenter dans la danse’’, fait savoir Souleymane Diamanka.
L’objectif du slameur franco-sénégalais a toujours été de ‘‘pouvoir écrire comme un chorégraphe’’. Et c’est pour lui un bon retour aux sources de revenir au gestuel.
Les dernières minutes de la séance sont réservées à la récapitulation. Salia Sanou est revenu sur les mouvements tranchés, arrondis ou migratoires, qui font circuler l’énergie dans le corps.
A ce rythme, les formateurs espèrent monter une pièce de slam danse sur la scène de l’Institut français, le 28 avril prochain.
AMINATA FAYE