«Il bénéficie de l’amitié sincère de tous les leaders arabes»
Le débat sur la succession de Serigne Mansour Sy, Borom Daara ji, continue de plus belle. Cheikh Ahmed Tidiane Sy qui doit, conformément à la tradition, hériter du titre de 4e khalife général, laisse planer le mystère….
Son silence jugé assourdissant est en train d’alimenter toutes sortes de supputations. Pour certaines langues, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum, censé occuper le fauteuil de khalife général des tidjanes, actuellement vacant, serait en retraite spirituelle. Pour d’autres, le saint-homme est hors du pays au moment où des esprits jugent que son âge avancé a eu raison de lui. «S’il s’est emmuré dans ce grand mutisme, c’est parce qu’il doit être malade. Il a 87 ans», avance-t-on. Pour autant, point d’information sur l’endroit où se trouverait Serigne Cheikh, comme l’appellent ses disciples. Le marabout, présenté comme l’esprit du mouvement «Moustarchidine wal Moustarchidate» dirigé par son fils, vit dans une discrétion totale, au point que ses moindres déplacements se font toujours à l’insu de tous, même de son proche entourage. Confidence d’une jeune commerciale qui se rendait souvent chez lui. «Depuis des années que je me rends dans sa demeure à Fann résidence pour solliciter des prières, je ne l’ai jamais vu. Et pourtant, on dit qu’il voit toutes les personnes qui mettent les pieds chez lui.»
Le «marabout intellectuel» est si discret que ses proches ont aussi du mal à désigner son bras droit, son chambellan, ses fidèles disciples voire ses fréquentations. Le vénéré homme est invisible dans son propre milieu. Selon des sources basées dans la ville sainte de Tivaouane, personne n’est disposé à donner une vraie information sur son lieu de retraite actuel, ni sur les raisons de son silence. Et nous dit-on du côté de la ville religieuse, des personnes qui logent chez lui peuvent rester 10 ans sans le voir. La transition est vite trouvée pour justifier son titre d’Al Maktoum qui signifierait mystérieux, même si ce terme est également traduit comme le dernier saint des saints. Dans sa résidence sise à Fann, c’est l’omerta. Un grand mystère entoure les lieux. Personne ne veut contrevenir à un ordre établi par le maître des lieux qui est, malgré son silence pesant, inscrit au grand panthéon des hommes qui ont marqué leur époque. «Personne ne sait s’il est là ou pas !» C’est la seule information recueillie sur place.
Un homme d’une grande aura
Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum qui s’est toujours glorifié des enseignements de son père le vénéré Ababacar Sy, qu’il considère comme son unique guide spirituel, est un grand érudit doublé d’un intellectuel, d’un mystique, d’un politique mais aussi d’un saint d’un grand humanisme. Il a aussi été formaté par le vénéré Abdoul Aziz Dabakh, son oncle paternel. D’ailleurs, le docteur en sciences politiques et chercheur à la Maison de l'Orient méditerranéen, à l’université de Lyon 2, le professeur Bacary Samb, soulignait dans un article que “Cheikh Ahmed Tidiane Sy Maktoum est présenté par les éditions Dâr Makbat al-Hayat de Beyrouth comme étant parmi les rares hommes, à l’heure actuelle, à œuvrer pour l'intérêt des musulmans et de l'humanité. Il bénéficie de l'estime et de l'amitié sincères de tous les leaders du monde arabe. Ils l'estiment pour sa vision, ses qualités humaines et sa sagesse politique”.
On le présente aussi comme un marabout en phase avec son époque en raison de son niveau d’instruction élevé, de son sens aigu des affaires. Le saint qui porte le nom du fondateur de la confrérie Tidjaniyya, sait se conformer au spirituel et au temporel. Intellectuel avéré, il s’est évertué à léguer à la postérité, dès l’âge, de 16 ans, un ouvrage intitulé “les vices des marabouts”. «Surdoué», il s’essaiera à un autre livre “L’inconnu de la nation sénégalaise : El-Hadji Malick Sy» avant d’aller à la quête du savoir voire à la découverte du monde. Son premier point de chute est Paris.
Homme d’une grande ouverture d’esprit, ses rapports avec les deux premiers chefs d’État sénégalais n’ont jamais été tendres. Al Maktoum est un homme de refus qui n’a jamais accepté de se laisser piéger par le charme des apparences trompeuses du pouvoir temporel. Nommé par Senghor ambassadeur au Caire auprès de la République arabe unie (Egypte et Syrie) il a eu également à perturber le sommeil des autorités françaises. L’ancien fondateur du Parti de la solidarité sénégalaise, un contre-courant du parti de Senghor, aurait néanmoins réussi à se bâtir une fortune. Ancien actionnaire majoritaire d’une des grandes sociétés de cimenterie du pays, il s’est évertué à mettre les disciples tidianes sur les chemins de la vertu, en particulier la jeunesse qui doit, à ses yeux, «trouver les moyens de compréhension de la religion et de ses dogmes, en un mot : ce qu’est l’islam». L’homme dont les apparitions ne se font que durant les «gamous» organisés aux champs de course de Tivaouane, est décrit comme une valeur sûre de la confrérie tidiane. Un homme à même d’assurer la relève. Pourvu qu’il l’accepte !
Matel BOCOUM
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