Idrissa dans une cour assidue...
Discrètement mais sûrement, les manœuvres souterraines ont bien débuté pour le contrôle de ce qui risque de rester du Parti démocratique sénégalais. Sur ce terrain-là, Idrissa Seck, président du parti Rewmi, détient un avantage certain eu égard au contexte de la traque des biens mal acquis et de l'inimitié entre Macky Sall et les dignitaires libéraux.
Alors que Parti démocratique sénégalais (PDS) semble se lancer, ces derniers temps, dans une sorte d'offensive généralisée contre le pouvoir de Macky Sall, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck œuvre, lui, discrètement mais sûrement, à «rassembler» les portions éparses de ce qu'il est convenu d'appeler la «famille libérale».
Pour donner corps à ce vœux longtemps nourri, jamais accompli, mais aussi jamais abandonné, le président du parti Rewmi, selon des sources dignes de foi, a pris contact avec plusieurs pontes de l’ancien régime dont certains sont sur le point de le rejoindre dans sa marche annoncée vers le Palais présidentiel, d'ici le premier trimestre de l'année 2017.
Sur la liste des recrues, nos sources avancent le nom de Daour Niang Ndiaye, ancien député et ex-maire de Pikine, Me Massokhna Kane, ancien responsable de l'Alliance des forces de progrès (AFP), qui s'était rapproché du Pds et de l'ex-Président Abdoulaye Wade avant de s'en éloigner. Toutes tentatives pour joindre Daour Niang Ndiaye et Me Massokhna Kane sont restées vaines. Ce dernier, qui disait être en «réunion», nous a demandé à plusieurs reprises de le rappeler jusqu'à ce que son téléphone soit sous boîte vocale...
Mais pour certaines personnalités que Idrissa Seck envisage de capter dans ses filets, il y a un écueil de taille à franchir. Aucune d'entre celles-ci ne veut en effet donner l'impression à l'opinion publique de se livrer à une transhumance politique. D'où la nécessité d'agir «avec tact». «Les personnes identifiées pourraient d'abord mettre sur pied un mouvement citoyen comme étape intermédiaire avant l'acte de fusion qui devrait les verser dans le parti Rewmi», soufflent nos interlocuteurs.
Mais déjà, une d'entre elles n’a pas trouvé nécessaire d’emprunter ce grand détour. Il s'agit de Pape Gora Thiam, ancien maire de Pikine-ouest. Devenu membre de la Convergence démocratique Bokk Gis-Gis (CD-BGG), une dissidence du Parti démocratique sénégalais après la présidentielle du 25 mars 2012, il affirme avoir déjà rencontré Idrissa Seck «il y a 15 jours». Il se dit «entièrement favorable» à ces retrouvailles. «Je l’ai rencontré dans le cadre du grand rassemblement de la grande famille libérale, c’est-à-dire le Pds, Bokk Gis-Gis, Rewmi, etc.» Selon l'ex-parlementaire, Idrissa Seck «souhaite réunir la génération des libéraux de 86 qui est la base du Pds», a-t-il révélé au téléphone, hier, à EnQuête. Quid de la réaction du leader de Cd-Bgg, Pape Diop, ancien Président du Sénat ? Pape Gora Thiam a répondu : «Je ne lai pas encore rencontré ni mis au courant, mais puisqu’il s’agit des retrouvailles libérales, je ferai tout pour atteindre cet objectif.»
Y parviendra-t-il ? En tout cas, cette affaire donne raison à EnQuête qui, dans une de ses éditions de la semaine dernière, faisait état de manœuvres souterraines et d'une sourde «bataille pour le contrôle de la famille libérale». «Autant Idrissa Seck, ceux à qui Wade a confié le Pds, que Macky Sall souhaitent récupérer ce parti pour mieux consolider son propre parti», commentait un analyste politique dans ce même numéro. Le maire de Thiès, qui multiplie depuis quelque temps ses diatribes contre le pouvoir de Macky Sall, semble avoir pris ses distances avec la coalition Benno Bokk Yaakaar dont il est membre.
DAOUDA GBAYA