Crêpage de chignon entre acteurs et représentants de l’État
D’un côté, un secteur de la pêche qui souffre de beaucoup de maux dans le département de Rufisque. De l'autre, des divisions entre ses acteurs. Hier, lors de leur assemblée générale de renouvellement du comité de gestion du quai de pêche, ceux-ci ont sans pudeur, montré leurs dissensions devant le préfet et les autorités des services de pêche.
Le Cedeps de Rufisque où se tenait l'assemblée générale de renouvellement du comité de gestion du quai de pêche, aurait pu être le théâtre d'une bataille rangée n’eût été la présence de l’autorité administrative et de policiers. Mais, la manifestation a pu se tenir jusqu’à l’élection de Pierre Mboup comme nouveau président du comité de gestion. Quant à son prédécesseur, Abdoulaye Diop dit Eubeu, il a boudé la séance en quittant prématurément la salle lorsque les critiques fusaient de partout, surtout de la part du préfet qui lui demandait l’état des comptes du quai de pêche. Des questions auxquelles M. Diop n’a pu apporter des réponses. Du reste, selon le préfet, le président sortant n’avait pas fait preuve de bonne volonté pour l'organisation de l'assemblée générale qui a dû être convoqué à trois reprises, et depuis le 15 mars. Le président sortant aurait refusé de convoquer ses pairs.
Pour sa défense, Abdoulaye Diop a déclaré : ''Nous avons déposé des recours au niveau du préfet. Ce qui doit susciter son arbitrage. Mais il ne lui appartient pas de convoquer une assemblée générale. C’est le comité de gestion et le Gie qui doivent convoquer. Le préfet ne sait pas où mettre les pieds. Il ne comprend pas beaucoup de choses.'' M. Diop a aussi déverser sa bile sur l’inspecteur départemental de la pêche traité de ''corrompu'' et de semer la division entre acteurs de la pêche. ''C’est l’inspecteur départemental de la pêche qui est en train de vendre Rufisque. Il doit de l’argent à tous les mareyeurs de la zone'', a soutenu le président sortant. ''Il voulait que chaque semaine, je lui verse 50 000 francs ou 100 000 francs ; ce que j’ai refusé parce que ce que je gère est le patrimoine de Rufisque. C'est entre autres raisons qui font qu’ils ont tout manigancé pour m’écarter'', a argué Abdoulaye Diop. Le président déchu de lâcher : ''Nous n’accepterons jamais le bureau qui vient d’être élu. Il faudrait qu’il y ait une procédure normale. Car le quai constitue un patrimoine dont font partie les différents intervenants du quai. Nous nous opposerons à toute installation du nouveau bureau. Nous ne ferons pas de passation de service parce que le nouveau bureau est illégitime.''
De l'avis de l’inspecteur départemental de la pêche, le mandat du bureau sortant est arrivé à terme après deux ans de gestion. Tout en soutenant n’être ni de près ni de loin mêlé au processus de renouvellement, il a signalé qu’il y a eu des recours mais que c’est le comité directeur, composé de pêcheurs, de mareyeurs, de femmes transformatrices et d’usagers du quai de pêche, qui a validé les décisions. ''Nous n’avons fait que transmettre. C’est par la suite qu’il y a eu des recours adressés au préfet. Ces recours ne nous étaient pas adressés. Ce sont des gens qui ne s’aiment pas et qui se mènent une lutte en utilisant les services de pêche'', a-t-il affirmé.
Pour sa part, le nouveau président se dit conscient des défis qui attendent son équipe. ''De un, il y a au niveau du quai un château d’eau en délabrement avancé et qui peut s’effondrer à tout moment. Nous nous fixons l’objectif de le démolir. De deux, le ministère de la pêche nous avait fait don d’un camion frigorifique qui est toujours au nom de madame Awa Diop, nous voulons le régulariser. Nous interpellons le Premier ministre et le ministre Pape Diouf, pour que le camion revienne aux professionnels de la pêche'', a déclaré Pierre Mboup. Concernant les menaces proférées par le président sortant, Pierre Mboup affirme qu’il n’y aura pas rébellion ni de bureau parallèle : ''Personne ne pourra nous empêcher d’accéder au quai.''
PAPE MOUSSA GUÈYE
CESSION DU CENTRE DE MAREYAGE À DES CHINOIS Depuis des années déjà, le Centre de mareyage (Capas) de Rufisque est fermé. Ce dont se sont toujours offusqués pêcheurs et mareyeurs du département parce qu’étant la seule unité de conservation de produits halieutiques du département. Ouvert depuis 1983, le centre était un don des Canadiens. Meïssa Dior Ndiaye, le président des pêcheurs et mareyeurs dont le siège se trouve dans le centre, signale que les autorités étatiques veulent les déloger du centre après l’avoir vendu aux Chinois. 'Ils nous ont dit qu’ils ont vendu l’infrastructure à la fédération nationale des Gie de pêche du Sénégal (Fenagie). Ils n’ont pas le droit de vendre un don. Les membres de la Fenagie n’ont pour document qu’un papier de rétrocession des installations frigorifiques délivrés par les impôts et domaines de Rufisque. C’est pour cela qu’ils disent que le centre leur appartient désormais'', a expliqué Meïssa Dior Ndiaye. ''La Fenagie n’existe plus que de nom et ne compte plus que cinq membres. Depuis sept ans, ils sont partis après avoir bouffé tout l’argent. C’est nous qui restons sur les lieux depuis lors en assurant aussi l’entretien'', a dénoncé M. Ndiaye, ajoutant que ''les autorités veulent maintenant vendre le centre aux Chinois''. Une mise en demeure a été servie aux mareyeurs, le 11 juin 2013, les sommant de libérer les lieux dans un délai de quarante-huit heures maximum. Auparavant, les professionnels de la pêche avaient adressé une lettre au président de la République et au gouvernement afin de demander la rétrocession du centre Capas. De l'avis du chef de service départemental des pêches, Ibou Mbodji Sané, le centre ne dépend pas de sa compétence, mais directement du ministère de la pêche. ''C’est un ouvrage de l’État qui a été rétrocédé par une commission interministérielle il y a au moins sept ans'', a fait savoir M. Sané, notant que c’est un dossier déjà réglé à la Primature. Pierre Mboup, le nouveau président du comité de gestion du quai de pêche de Rufisque pense qu’il faut des discussions au nom des intérêts du département de Rufisque. ''Rufisque a grand besoin que le centre rouvre ses portes. Nos femmes et les pêcheurs de retour de mer n’ont pas où conserver les produits. Donc, il est tant que le Capas ouvre avec comme objectif final l’implication de tous les professionnels de la pêche'', a-t-il dit, promettant d’œuvrer de ''tout (son) poids et de (son) influence afin que l’on trouve un dénouement heureux aux problèmes''. P. M. GUÈYE |