La BM met 30 milliards F CFA pour digitaliser le système de santé
L’État du Sénégal a initié le Programme de digitalisation du système de santé (PDSS). Il est doté d’une enveloppe de 30 milliards F CFA.
Le Programme de digitalisation du système de santé (PDSS) est un projet de gouvernance électronique de la santé. Il est composé de six projets numériques majeurs (dossier patient partagé, télémédecine, système d’information hospitalière, système d’information géographique santé, projet de digitalisation du médicament, projet de digitalisation des processus de la santé communautaire).
D’une durée de cinq ans (2023-2028), il va coûter 50 millions de dollars (30 milliards F CFA). Le financement est assuré par la Banque mondiale.
Dans l’optique de sa mise en œuvre, le ministère de la Santé et de l’Action sociale va mettre en place un plan de communication, qui devrait permettre une appropriation et un soutien de l’écosystème de santé en général, du praticien de santé et des usagers en particulier des structures de santé et de faire face aux phénomènes de résistance au changement.
C’est en ce sens que la Cellule de la carte sanitaire et sociale, de la santé digitale et de l’observatoire de santé (CSSDOS), avec l’appui de son partenaire LuxDev, a organisé hier un atelier de sensibilisation des journalistes spécialisés en santé, afin de vulgariser le Projet d’accélération de l’économie numérique du Sénégal (PAENS) dont l’objectif est de communiquer auprès des journalistes spécialisés le niveau d’avancement de la digitalisation de la santé.
Le coordonnateur de la CSSDOS s’est appesanti sur les difficultés de passage à l’échelle de ce projet. Il a cité l’absence de textes juridiques encadrant la santé numérique, la complexité de l’appui en santé numérique, en raison des coûts de pérennisation, de maintenance, du potentiel de création d’emplois et de la protection des données de santé, celle de l’administration, par le MSAS, des systèmes de santé, l’absence de budget de l’État pour la pérennisation de certains investissements.
Il y a aussi l’absence de cadre de validation des besoins en plateformes numériques exprimés lors de l’élaboration des plans de travail annuels (PTA) des PTF et l’impossibilité de retarder ou d’annuler certaines initiatives par la CSSDOS.
S’agissant des défis, Ibrahima Khaliloulah Dia a parlé de la manière d’allier le respect de la gouvernance des données et des systèmes, et la coopération bilatérale et multilatérale, la prise en compte de la volonté de l’État de faire travailler les entreprises locales et le renforcement du programme ‘’Xëyu Ndaw Ni’’.
‘’Le gouvernement du Sénégal a érigé en priorité la santé digitale, depuis plusieurs mois. C’est un domaine assez nouveau. La santé digitale va héberger les données médicales en ligne, notamment les scanners, les IRM. Les bilans pourront être mis dans des serveurs sécurisés pour aider le patient dans la coordination des soins. Un patient peut avoir son dossier médical qui le suit, qui circule d’une manière sécurisée dans une base de données nationale et c’est une grande valeur ajoutée pour le patient, parce qu’il y aura des économies, des radios qu’il ne va pas reprendre, mais également, on va bien le prendre en charge’’, a confié le Dr Dia.
Dans ce programme, il y a aussi la télémédecine. ‘’Il faut équiper les centres de santé pour qu’un patient qui doit être évacué puisse, déjà à distance, avoir l’avis d’un médecin qui est à Dakar. On appréciera s’il y a besoin de le déplacer. Aujourd’hui, tout ce que nous voulons, c’est de démarrer ce projet. Donc, c’était important de sensibiliser la presse sur cette question. Parce que si nous ne communiquons pas, le patient lui-même, pour qui on travaille, ne comprendra pas l’importance de la santé digitale. Nous n’avons pas un texte juridique sur la santé numérique au Sénégal. Nous venons de finaliser le projet de loi d’orientation sur la santé numérique et le décret d’application’’, ajoute-t-il.
Ces textes, selon lui, ont été transmis la semaine dernière au Secrétariat général du gouvernement. Le Sénégal, poursuit-il, est le seul pays africain qui a fait un décret d’application. ‘’Le budget ne sera pas suffisant. Les postes de santé sont au nombre de 1 500, 110 centres de santé et 40 hôpitaux. Vous vous imaginez comment mettre l’Internet, des équipements, des tablettes ? C’est beaucoup d’argent.
C’est pourquoi ce financement n’est qu’un point de départ. Si nous arrivons à bien gérer, nous aurons d’autres financements. Parce que ce que nous recherchons, c’est de digitaliser tout le système de santé, c’est-à-dire qu’un poste de santé soit en mesure de consulter à travers un ordinateur, mettre les informations et que, demain, si le patient revient, le soignant puisse retrouver le dossier et le mettre à jour. Vous voyez que cela demande un Internet en permanence’’, indique le Dr Dia.
CHEIKH THIAM