Les chantiers de la transparence
Les zones impactées par l’exploitation des ressources naturelles veulent bénéficier des retombées financières pour leur développement. Dans ce contexte, onze observatoires territoriaux sur le secteur extractif (OTSE) ont été mis en place par le Forum civil et l’ONG 3D dans les régions de Thiès, Kédougou, Matam, Saint-Louis et Fatick, via le projet Traces/USAID.
Accroître la transparence et les mécanismes de responsabilisation dans les secteurs minier, pétrolier et gazier pour une meilleure gestion des revenus, mais également œuvrer pour la promotion d’une plus grande transparence grâce à des mécanismes de surveillance et une gestion des revenus plus efficace. C’est la raison d’être du projet Traces/USAID.
Pour atteindre cet objectif, le coordonnateur du Forum civil à Saint-Louis souligne que les membres des observatoires ont besoin d’un renforcement de capacités et de solides compétences pour faire face à des entreprises très puissantes.
“Pendant 48 heures, différentes thématiques seront abordées. Le premier module concerne le droit d'agir en matière environnementale. Le deuxième module va parler des outils de communication et de plaidoyer pour la transparence effective dans le secteur extractif’’, renseigne Mamadou Lamine Tall. Et c’est pour constater qu’il reste beaucoup de choses à faire en matière de droit environnemental. ‘’On se rend compte, au niveau national, dit-il, qu’il n'y a pas d'association disposant d’agrément pour agir en matière environnementale. Alors qu'au niveau du ministère de l'Intérieur, toute association qui dispose d'un agrément de droit réel peut agir dans les autres secteurs. Mais au niveau environnemental, cet agrément pose énormément de problèmes et la société civile doit pousser le plaidoyer pour qu’il soit effectif à toutes les associations qui agissent en matière environnementale”.
Mamadou Lamine Tall ajoute que le Forum civil a mis en place 11 observatoires au niveau des zones d'exploitation et chaque observatoire a son plan d'action pour rendre opérationnelles les recommandations.
D’ailleurs, déclare-t-il, la tenue de cet atelier à Saint-Louis est tirée de ces recommandations. “L'observatoire, renseigne-t-il, est un cadre d'échanges et de dialogue pour qu'il y ait plus de transparence dans la gestion du gaz à Saint-Louis. Dans cette région, ce qui nous importe, c'est l'exploitation du gaz. Donc, l'observatoire se veut d'être un cadre inclusif, multiacteurs, parce que dans sa composition, vous verrez des acteurs de presse, des universitaires, des acteurs de la société civile, des personnes-ressources, des acteurs de la pêche pour au moins interagir et que chacun à son niveau puisse jouer son rôle”.
Ainsi, souligne l'expert Thiamba Seck, la rencontre a permis aux participants de mieux s’imprégner des droits de l'environnement qui sont un aspect extrêmement important dans le secteur extractif. “Au sortir des différentes présentations et des discussions, les experts ont fait la différence des différents vocables qui entrent soit dans le champ lexical ou le champ schématique. Mieux, ils ont expliqué l'intérêt à agir qui est une notion très importante. Ils ont également montré la différence entre le dommage et la faute. Quelles sont les responsabilités de l'État, les responsabilités des compagnies et surtout celles des associations qui ont le droit maintenant d'intervenir au plan judiciaire”, révèle M. Seck.
Lors de la rencontre, le professeur Mbodj de l'UGB a fait une étude comparative entre l'ancien Code environnemental et le nouveau. “Je crois que le nouveau code est devenu plus performant que l'ancien. Il y a des notions qui n'étaient pas comprises, mais qui sont assimilées aujourd'hui”, souligne Thiamba Seck.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS