Publié le 4 Jul 2023 - 02:13
SANCTION DE LA LSFP

L’AS Pikine va jouer les prolongations à travers un recours

 

La sanction de la LSFP contre l’AS Pikine, à l’issue du match contre le Jaraaf de Dakar, est une pilule amère à digérer pour l’équipe de la banlieue. Le club compte se battre, en déposant un recours.

 

La Commission de discipline de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) a notifié, le 27 juin dernier, à l’AS Pikine sa décision relative aux incidents à l’issue du match de la 22e journée face au Jaraaf de Dakar. Dans son procès-verbal n°65 en sa séance du 22 juin 2023, elle a pris deux décisions, à savoir une amende d’un million de francs CFA à l’encontre de l’AS Pikine, à payer avant sa prochaine sortie, et une suspension du stade Alassane Djigo pour tous les matches officiels de l’AS Pikine de la saison en cours, en plus de jouer à huis clos sur terrain neutre.

Selon le secrétaire général de l’équipe pikinoise, qui faisait face à la presse, ces sanctions sont ‘’expressives’’, ‘’lourdes’’ et ‘’injustes’’, au vu de ce qui s’est réellement passé ce jour-là. Or, selon Famara Soly, pour les mêmes faits, la Fédération sénégalaise de football (FSF) a parlé d’incidents ‘’graves’’ lors de la rencontre susvisée et a décidé de reporter le match du 8e de finale de la Coupe du Sénégal contre le Jaraaf, qu’elle projette de délocaliser.  ‘’Il nous a aussi été fait parvenir une heure avant la notification du PV n°65, un extrait de la décision du bureau de la LSFP qui s’est engagé à demander au vice-président chargé des compétitions et de la communication de ne plus programmer de matches du championnat au niveau des stades incriminés par les rapports d’officiels de matches de la LSFP pour des cas de violences graves. En suivant la chronologie de tous ces évènements et notification tous azimuts, il n’est point besoin d’être un expert en communication pour dénicher cette campagne macabre des instances du football pour isoler l’AS Pikine, pour ne pas dire l’éliminer du landerneau footballistique. Loin pour nous l’idée de dédouaner le comportement d’une frange de nos supporters, mais il faut quand même reconnaitre que les charges portées sur le club sont vraiment démesurées, inopportunes, discriminatoires’’, a tonné M. Soly.

Pour lui, la commission de discipline a porté toute la responsabilité civile et morale sur l’AS Pikine. En pareille circonstance, si c’est le cas, la procédure, selon lui, voudrait que la personne morale du club soit entendue pour plaider son dossier. Hâtivement, s’est-il désolé, la commission s’est contentée de charger le club à partir de rapports légers et non conformes pour le sanctionner.

Le club demande l’arrêt de la diffusion de ses matches

Analysant les faits, a précisé M. Soly, la commission de discipline a repris le commissaire de match qui, dans son rapport, a chargé l’AS Pikine, allant jusqu’à dire que des groupes d’individus supposés être des supporters de l’équipe pékinoise ont jeté des pierres et autres objets en direction du stade. ‘’Le commissaire devrait se limiter à décrire les faits et non à les qualifier comme imputables à l’AS Pikine sur la base de simples suppositions. Ce manque de rigueur est inacceptable à notre sens à ce niveau de responsabilité, d’autant plus que ces propos sont présumés exacts, comme le rappelle la commission de discipline. Nous ne pouvons pas aussi comprendre, à la lumière des éléments et faits décrits de graves et violents, que la commission n’ait pas pris le temps de recueillir les mémoires du club pour contrebalancer et en vertu du respect de l’instruction contradictoire et du respect des droits des parties. Nous avons joué un match plaisant qui s’est terminé dans d’excellentes conditions. Les incidents soulevés n’ont aucun rapport avec le match et les FDS (forces de défense et de sécurité) ont usé de bombes lacrymogènes en dehors du stade pour disperser la foule. De plus, le match s’est déroulé dans un contexte national très compliqué avec une insécurité grandissante et les malfaiteurs et autres brigands profitent des grands rassemblements pour faire leurs forfaits’’, a expliqué le SG.

Avant d’ajouter : ‘’Ce contexte, la LSFP le sait et la commission de discipline aussi. Ce n’est pas normal de nous imputer ces incidents. Depuis plusieurs saisons, tous les matches du club sont arrivés à terme, malgré les regards hostiles de l’extérieur qui nous peigne de club aux supporters violents. Aujourd’hui, tous les observateurs du football peuvent constater que Pikine a fait de gros efforts pour pacifier l’espace de ses matches au stade Alassane Djigo et les grandes mobilisations de nos supporters participent à la promotion du championnat pro avec le télédiffuseur.’’

Pendant ce temps, a-t-il fait remarquer, ‘’des équipes et des stades où les matches peinent à arriver à leur terme avec des violences inouïes et à chaque fois les matches de ces équipes sont programmés dans ces stades sans conséquences, comme si de rien n’était’’.

Par la voie de son SG, l’AS Pikine a rejeté la ‘’stigmatisation’’ dont elle pense être ‘’victime depuis bien longtemps’’. ‘’Nous ne pouvons plus accepter cet état de fait. Soit on nous traite d’égale dignité́ avec les autres, soit on nous élimine définitivement de ce football, mais de grâce par des voies légales. Nous allons naturellement faire un recours motivé et bien soutenu auprès de la chambre de recours et même aller aussi loin que les textes du football nous le permettent’’.

Monsieur Soly dit ne pas comprendre que la commission de discipline se refuse à utiliser des images des matches diffusés en direct pour avoir plus d’éléments d’appréciation. À chaque fois, elle se cache derrière l’article 105 alinéa 1 du code disciplinaire qui présume les faits relatés par les commissaires comme exacts à tout point de vue. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas et en cela, l’instruction contradictoire est importante en pareil cas.

‘’Nous ne pouvons pas comprendre aussi que la LSFP prenne des décisions aussi importantes qui influencent et orientent celles de la commission de discipline à travers son bureau exécutif, en lieu et place du conseil d’administration ou siège de tous les clubs. C’est discriminatoire et inélégant, et nous exigeons que tous les clubs soient traités d’égale dignité.’’ Pour cela, l’AS Pikine a déclaré saisir la ligue pour ‘’l’arrêt de la diffusion en direct’’ de ses matches.

CHEIKH THIAM

 

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