Serigne Mbaye Thiam demande une synergie des actions
Les grossesses précoces et les violences sexuelles chez les jeunes prennent de plus en plus d’ampleur. Pour combattre ces phénomènes, un atelier est organisé par l’association pour le bien être familial (ASBEF) dans l’optique de construire avec différentes composantes une compréhension commune de l’Education à la Santé de la Reproduction (ESR) et un consensus sur le renforcement des contenus dans les programmes d’enseignement en cours.
‘’L’éducation à la santé de la reproduction à l’école’’ (ESR), c’est le thème de l’atelier national de consensus sur le renforcement de la santé sexuelle à l’école. Selon le ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam qui présidait la cérémonie d’ouverture hier, la prise en charge de l’éducation à la santé appelle une synergie des actions pour faciliter l’accès des apprenants à des informations et services de qualité.
Ce qui sans nul doute, dit-il, contribuera à prévenir les risques d’infections sexuellement transmissibles, le VIH/sida, les violences et abus, le nombre de grossesses précoces et non désirées et par conséquent à maintenir les filles à l’école. ‘’La gestion de l’école a changé de paradigme et s’oriente davantage vers une démarche communautaire où les activités d’éducation doivent être suivies et poursuivies dans les familles, les lieux de culte. L’école doit demeurer un cadre privilégié où le combat du développement doit prendre racine. Donc cette rencontre fournira l’essentiel de la matière qui servira à mettre en place un mécanisme de coordination et de facilitation, pour une institutionnalisation des questions de la santé de la reproduction en milieu scolaire’’, a dit Serigne Mbaye Thiam.
Il a rappelé que le Sénégal a une population essentiellement jeune. Les adolescents et jeunes, âgés de 10 à 24 ans, représentent 34,5% de la population. Selon les statistiques scolaires de 2013, plus de 2 600 000 de ces jeunes fréquentent les cycles élémentaires, moyens et secondaires. Cette situation est à l’origine d’une augmentation importante des besoins sociaux de base, notamment l’éducation et la santé. ‘’Les vulnérabilités spécifiques, conjuguées à l’importance démographique de la cible adolescente et jeune, imposent une approche multisectorielle, des stratégies novatrices et des réponses appropriées à leurs besoins, notamment en santé de la reproduction’’, a-t-il soutenu.
De plus, poursuit-il, le contexte socioculturel de la plupart des familles au Sénégal, marqué par le sens de la pudeur, ne favorise pas l’évocation en public des questions de sexualité, ‘’qui sont entourées de tabous, réduisant ainsi les espaces de communication nécessaires à une meilleure maîtrise par les adolescents des problèmes liés à leur vie et à leur avenir’’. Alors qu’au même moment, ‘’le traitement de ces questions est accessible à nos enfants via les différents médias avec le développement des technologies d’information et de la communication’’, a souligné le ministre. C’est pourquoi, il demande aux différents partenaires d’appuyer cette expérimentation multidimensionnelle pour tous les élèves du Sénégal.
‘’Une Education à la santé de la reproduction de qualité n’augmente en aucun cas l’activité sexuelle…‘’
La présidente de l’Association pour le bien être familial (ASBEF), Marie Louise Corréa, a estimé qu’il faut donner aux enfants une éducation à la santé reproductive efficace et adaptée à nos valeurs, afin de les aider à grandir en harmonie et devenir un levier du développement du Sénégal Emergent. Dans ce sens, la représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), Mme Andrea Wojnar Diagne, a estimé que l’école est un lieu idéal pour accompagner les jeunes en complément de l’éducation reçue en famille, dans la communauté, à la mosquée et à l’église. A propos des craintes de la part des parents et des leaders religieux, elle a déclaré : ‘’Des études menées en milieu scolaire dans 88 pays à travers le monde montrent qu’une Education à la santé de la reproduction de qualité n’augmente en aucun cas l’activité sexuelle. Mais bien au contraire, elle contribue au recul de l’âge des premières relations sexuelles, à la réduction du nombre de partenaires sexuels, à la réduction des comportements à risques’’.
VIVIANE DIATTA