Vers une mise en place d'un cadre consensuel
Sous la supervision du ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises, les acteurs du secteur de la ferraille du Sénégal ont procédé, hier à Dakar, à la signature d'un protocole d'accord. Une occasion pour Abdou Karim Fofana de révéler que ce protocole vise à mettre en place un cadre consensuel pour mieux prendre en considération les préoccupations des différents acteurs dans l'intérêt du secteur.
Pour développer le secteur de la ferraille, les acteurs du secteur ont procédé hier, au ministère du Commerce, de la Consommation et des PME, à la signature d'un protocole d'accord.
Selon Abdou Karim Fofana, cette cérémonie marque une étape importante dans l'organisation des relations entre les industriels, les ferrailleurs et les exportateurs de ferraille. Il a également révélé que ce protocole vise à mettre en place un cadre consensuel pour mieux prendre en considération les préoccupations des différents acteurs dans l'intérêt du secteur.
En effet, explique-t-il, il définit les responsabilités et obligations des fournisseurs de ferraille, des industriels et des exportateurs, en vue d'assurer la couverture des besoins des industriels et d'organiser l'exportation du surplus de la ferraille. À travers ses objectifs, a souligné Abdou Karim Fofana, "le protocole noue un cadre fédérateur de la collaboration entre les acteurs. L'intérêt de cette approche réside dans le fait qu'elle permet d'accroître l'envergure et la cohérence des actions pour plus d'efficacité et de résultats. La mise en œuvre de cet accord va contribuer sans aucun doute à la résolution de la lancinante question de l'approvisionnement des industries, une meilleure organisation du secteur au bénéfice des ferrailleurs, à une plus grande professionnalisation du métier ferraille et au financement du secteur".
Le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME est d'avis que leur objectif n'est pas de nourrir dix exportateurs, dix emporteurs ou manœuvres, c'est plutôt avoir un secteur fort avec des ferrailleurs, des grossistes bien rémunérés et des industriels qui emploient, qui paient des impôts. Ainsi, poursuit-il, la signature de ce protocole devrait apporter une nouvelle impulsion au secteur et contribuer à l'inscrire dans une dynamique plus porteuse de création de richesses pour l'économie.
"J'ai noté avec beaucoup de satisfaction la mise en place d'une plateforme d'exploitation et d'exportation de la ferraille. Ce dispositif contribuera, à coup sûr, à plus de transparence dans les opérations d'exploitation et d'exportation de la ferraille. Je vous exhorte à poursuivre des concertations dans une démarche participative et inclusive, en vue d'instituer dans les meilleurs délais cette plateforme qui réunira les fournisseurs de ferraille, les industriels et les exportateurs sous la supervision de mon département", a déclaré le ministre.
Ainsi, pour mettre tout le monde à l'aise, a-t-il révélé, l'État va créer sa propre plateforme. Parce que "si chacun crée sa plateforme, on n'aura pas la garantie de la transparence. L'État a les moyens et va mettre en place une plateforme qui doit même être électronique", a-t-il justifié.
Présent à la cérémonie, le représentant dudit secteur à l'Assemblée nationale, le député Serigne Saliou Dieng, a souligné que la signature de ce protocole peut être porteur de solutions aux différents problèmes du secteur, à savoir sa formalisation et l'organisation des acteurs, ainsi que la normalisation des parcs de collecte, les agréments pour les centres de traitement.
La signature de ce protocole permettra aussi, dit-il, de trouver une solution sur la fixation des prix, la création d'une relation de partenariat équilibré entre les différents acteurs du secteur. "La situation actuelle de ce secteur nécessite, à partir de 2024, d'attirer des capitaux étrangers et de voter au niveau de l'Assemblée nationale du Sénégal des lois qui vont protéger, encadrer les différents acteurs du secteur et tendre même vers une libéralisation du secteur", a-t-il plaidé.
Valorisation du secteur
Le représentant des exportateurs, Modou Pène a, lui, plaidé pour la mise en place d'un système qui valorise le secteur de la ferraille et qui permet un suivi concernant les zones d'empotage. "L'État a besoin de données, de statistiques. C'est pourquoi, au niveau des ferrailleurs, on va mettre en place des cellules, pour que demain, toute donnée que l'État voudra, pour savoir la quantité de fer à exporter, la quantité de ferraille qui est servie dans les usines, soit vraiment contrôlée et disponible", a-t-il souligné.
De son côté, le représentant des ferrailleurs, Assane Bassissi, a souligné que jusqu’à présent, ils ne savent pas si c’est aux propriétaires de licence de choisir les dépôts ou si c’est à l’État de leur trouver les sites. "Ce qui est un énorme problème, car tout détenteur d’une licence peut charger au niveau des usines ou plutôt dans les dépôts agréés’’, dit-il.
Mieux, poursuit-il, "l’usine existe déjà et si toutes les conditions sont réunies, ils peuvent commencer à charger demain. Mais si on est contraint d’attendre les dépôts agréés, les difficultés qu’on avait rencontrées en 2012 vont certainement se reproduire, à cause du monopole qui va tourner autour de l’usine".
Ce faisant, il a rappelé qu’au sein de ces travailleurs, il y a ceux qui vivent uniquement du chargement des conteneurs et vouloir transférer toutes ces compétences à l’usine est synonyme d’un chômage technique. Des gens vont se retrouver à la rue.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)