L’UA adopte une charte ‘’contraignante’’
Le sommet extraordinaire de l’Union africaine (Ua) a adopté, samedi dernier, une ‘’charte contraignante’’ dont le but est de lutter contre les tracasseries en mer sur le continent. Définie à Lomé, elle incite les chefs d’Etat à unir leurs forces pour la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050).
L’Union africaine (Ua) engage la croisade contre le pillage de ses ressources maritimes, la piraterie, la pêche illicite, la pollution marine… Samedi dernier, à l’issue de leurs travaux tenus à Lomé sur la ‘’Sécurité maritime et le développement en Afrique’’, les pays membres de cette organisation ont adopté une Charte ‘’contraignante’’. Ils promettent de délimiter leurs frontières maritimes, d’échanger leurs informations y compris leurs expériences. Ceci pour réussir cette ‘’immense’’ tâche à laquelle ils se proposent de faire face.
Dans la même veine, l’UA a également décidé de la création d’un ‘’fonds de sûreté et de sécurité maritime’’. Le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, de déclarer à l’ouverture de cette session : ‘‘Nos espaces maritimes et nos côtes sont devenus le théâtre d’une recrudescence d’activités illicites qui constituent une menace dangereuse, tant à la sécurité de nos populations qu’au développement harmonieux de nos Etats.’’ En outre, il a rappelé la nécessaire mobilisation de l’Afrique pour sécuriser les océans et assurer aux populations riveraines un avenir meilleur.
Le président du Comité des représentants permanents de l’Union africaine (Corep), Chérif Mahamat Zène, a mentionné que la charte marque une ‘’nouvelle’’ étape décisive pour doter le continent d’un cadre juridique et technique de prévention. Les enjeux liés au contrôle des océans et des mers étant énormes, la conférence des chefs d’État et de gouvernement s’est penchée sur ce ‘’document juridique’’. D’après eux, il s’agit d’unir leurs forces pour la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050).
Composé d’une soixantaine d’articles, ledit document engage l’ensemble des pays membres à protéger leur environnement, mais aussi à prévenir et réprimer la criminalité en mer, ainsi que les trafics d’êtres humains, d’armes ou de drogues. Le ministre des Affaires étrangères du Togo détaille : ‘’C'est un texte contraignant. La charte oblige les Etats à travailler de manière collégiale, régionale, pour assurer la sûreté et la sécurité maritimes. Et elle prévoit un accompagnement financier. Ce qu’il n'y avait pas dans le code de conduite de Yaoundé. Les pays signataires vont contribuer eux-mêmes à assurer leur propre sécurité maritime (…).’’
33 attaques au niveau du Golfe de Guinée, depuis 2014
Le président en exercice de l’Union africaine, Idriss Déby, a lui aussi, salué la mobilisation du continent en faveur d’un engagement à long terme et d’une réponse ‘’collective’’ et ‘’efficace’’, à travers l’élaboration du projet de charte africaine sur la sûreté maritime. Le golfe de Guinée, nouveau centre de gravité de la piraterie en Afrique, peine à se mettre en ordre de bataille face à ce fléau. En adoptant ce document à valeur juridique, les chefs d’État et de gouvernement viennent confirmer leur détermination et leur décision prise à Malabo d’organiser ce sommet.
Sur les neuf premiers mois de 2014, le golfe de Guinée est resté le ‘’champion africain’’ de la piraterie, avec 33 attaques recensées - en recul toutefois par rapport à la même période de 2013 (47)- contre 10 au large de la Somalie, selon le Bureau maritime international (BMI). Selon l’étude de cette organisation, les pirates opérant au large du Nigeria, Togo ou Bénin sont généralement ‘’bien armés et violents’’. Au moins, informe-t-on, 92% des marchandises arrivent en Afrique par les mers et une façade maritime. De 2005 à aujourd’hui, Robert Dussey a comptabilisé plus de 205 attaques maritimes. Et les États côtiers d’Afrique de l’Ouest qui tirent 20% de leurs budgets des recettes maritimes perdent environ 1,3 milliard de dollars, chaque année, du fait de la pêche illicite, renseigne l’Ong Justice Foundation.
PAPE NOUHA SOUANE