Talentueux, à la recherche d’un producteur
Membre fondateur du groupe ‘’Bandiagara’’, le musicien Seydou Gawlo, 48 ans, a depuis 2007 réalisé son premier album de six morceaux intitulé ‘’Afogalé’’ (première récolte). Faute de producteur et de moyens, ce père de deux enfants, partagé entre Dakar, le Mali et son village natal Ndouloumadji Dembé, situé à Matam, peine à mettre sur le marché son œuvre en poche. Pourtant, il s’accroche à son activité musicale qu’il exerce avec beaucoup de passion, d’abnégation.
Seydou Gawlo a la musique dans l’âme. Père de famille, l’artiste garde jalousement ses deux guitares à l’abri de ses enfants. D’ailleurs, dans sa chambre, il les range dans des sacs noirs. Pour lui, ces instruments sont précieux. Son parcours professionnel, il l’assimile à sa musique. Et ce virus l’a piqué en 1992. ‘’Je me suis complètement lancé dans la musique à cette date précise. A cette époque, on avait formé le groupe Bandiagara composé de plusieurs musiciens’’, renseigne-t-il, laissant entendre des jets de chansons à voix basse accompagnés de note de guitare. Avec ses amis d’enfance Baboulaye Cissokho, batteur d’Alioune Mbaye Nder, Laye Niang, guitariste de Baaba Maal, Laye Diagne, bassiste de Coumba Gawlo…, ils formaient le groupe dont il fait état. Nostalgique, le chanteur plonge dans ses souvenirs : ‘’C’était une école. Même le batteur de Youssou Ndour, Laye Lô, a fait un passage dans ce groupe.’’
Seydou Gawlo, qui ambitionne de vivre de son art, monnaye souvent son talent dans les boîtes de nuit de Dakar. Ceci sur invitation. ‘’Parfois aussi, je suis sollicité au Mali où j’ai fait un album avec Aliou Sambou intitulé ‘’Mali 2002’’. Nous avons fait trois chansons. Depuis 2007, j’ai réalisé un seul album de six morceaux dont le titre est ‘’Afogalé’’ (première récolte)’’, avance le chanteur. Avant de faire savoir qu’il a tout fait avec ses propres moyens. Faute de producteur, son album, en poche, n’est pas encore disponible sur le marché. ‘’Pourtant, j’ai déjà fait un clip’’, informe-t-il.
Dans ses textes, le musicien rend hommage aux femmes sénégalaises qui, constate-t-il, sont présentes dans les différents secteurs de la vie du pays et œuvrent pour le développement de la société. Aussi, il parle des méfaits de la migration clandestine, de la protection de l’environnement, etc. Globalement, résume-t-il, son album traite des questions qui interpellent le vécu quotidien des Sénégalais.
Tailleur de formation
Nomade, Seydou Gawlo est entre Dakar, Mali et son village natal Ndouloumadji Dembé, situé dans la région de Matam. ‘’C’est la raison pour laquelle j’embrasse la culture de ces trois localités. Depuis 10 ans, mon label ‘’Takusaanu Grand Yoff’’ organise des activités annuelles’’, souffle-t-il. L’homme, signalant qu’il n’a jamais fréquenté l’école française, se débrouille bien dans la langue de Molière. Et il réussit à faire passer son message. ‘’Parce que nous avons été colonisés par les Français. Je parle aussi wolof, pulaar, bambara et anglais. J’ai fait deux chansons en anglais dans lesquelles j’interpelle nos dirigeants africains sur la situation des femmes dans les villages. Elles font de longues distances pour aller chercher de l’eau.’’ Selon lui, il n’écrit pas ses textes. ‘’C’est un don que Dieu m’a donné’’, apprécie-t-il.
De mère chanteuse, père griot et historien, il évolue à Grand Yoff qu’il qualifie de ‘’milieu fortement politique’’. ‘’C’est le quartier du maire de Dakar Khalifa Sall, du frère de la première Dame, Adama Faye. Ils me soutiennent dans mes activités. Je n’appartiens à aucun parti politique. Parce que je considère que l’art ne doit pas avoir de frontière’’, clarifie le tailleur de formation qui exerce occasionnellement ce métier qu’il maîtrise. Chez lui, la musique prime sur tout. C’est donc son dada au quotidien. Fasciné par son art musical, il se confie : ‘’Je suis né dans une famille gawlo. Hormis les habits que je confectionne pour ma femme et mes enfants, je ne vis que de la musique.’’ Ses idoles sont : Baaba Maal, Salif Keïta et Youssou Ndour.
PAPE NOUHA SOUANE