Le faux calcul du commentateur
Dans deux récentes sorties dans la presse, le leader du parti Rewmi semble, dans une démarche médiatico-politique, surfer entre ancrage à Bennoo Bokk Yaakaar et appel du pied au parti de son ex mentor en repos à Versailles. Parait-il, le maître aurait laissé plus de 400 milliards dans les caisses de l’Etat. En essayant de défendre Wade sous ce rapport, le leader de Rewmi ne veut pas que jouer dans le même registre que les partisans actuels du Pape du Sopi. Il lance un clin d’œil à ses amis d’hier en disgrâce politique du fait d’affaires qui ont fini de mettre ce pays à genou. Jusqu’où ira ce clin d’œil ?
Cette stratégie miserait sur des retrouvailles sans gants de pudeur demain avec les copains et anticiperait sur une rupture demain d’avec Benno Bokk Yaakaar.
En vérité, le leader de Rewmi cherche aussi à irriter les militants et responsables de l’APR pour les pousser à l’arrogance d’une rupture pour cause de « simple délit d’opinion ». Il veut Idrissa qu’on l’attaque avec véhémence pour simplement avoir donné un avis sur la marche du pays. Cela participe de la même stratégie de victimisation après le douloureux passage des larmes en live.
L’APR ne doit pas tomber dans le piège de l’arrogance par réponse disproportionnée. Nous devons rétablir la vérité des faits et expliquer au peuple le projet. Nous ne devons pas jouer dans le registre de celui qui aime les petites phrases et le moi haïssable (33 fois le leader de Rewmi a utilisé le «je» dans son interview à D.Media !).
Idrissa, classé 5ème lors de la dernière présidentielle veut revenir par l’ascenseur médiatique à coups d’attaques. Il veut une focalisation entre lui et le Président Macky pour se positionner en challenger en 2017. Heureusement que le Chef de l’État a traité avec hauteur les commentaires de cet allié de simple circonstance. Il reste les militants de l’APR qui ne doivent pas donner de riposte disproportionnée et inintelligente de nature à donner au «commentateur» politique l’aubaine de la surenchère. Une telle réponse pourrait tomber dans une perception populaire comme arrogante. Il est clair qu’Idrissa n’ira pas avec l’APR aux prochaines élections locales. Quitte à s’allier avec le PDS, il voudra peser pour gagner un diplôme de principal opposant au Président Macky. L’APR à intérêt à travailler (et non le proclamer urbi et orbi) dans la perspective d’une élection sans alliance avec le Rewmi. Le faisant, nous ne devons pas verser dans la polémique de ceux qui, à défaut d’avoir la présence physique à la base, veulent à coup d’éclats médiatiques donner l’illusion d’un poids factice.
La meilleure des réponses à la prétention, c’est de lui laisser le droit d’être prétentieux tout en s’adressant au peuple dont l’impatience est certes manifeste mais intelligente. Le peuple sénégalais à besoin d’une claire explication de la traduction concrète du projet agricole unique issue d’absorption de l’emploi de masse. Le Président Macky est fortement sur le projet qui, demain, pourrait changer le visage de ce pays sorti des abîmes d’un régime prédateur que le «commentateur» essaie de disculper avec plus de 400 milliards laissés parait-il par le maître adoré. Il a le «commentateur» omis à dessein de dire que dans le legs du maître, il y avait aussi et hélas les dix fardeaux ci-dessous : la hausse des prix des denrées de premières nécessité ; l’imminence d’une année blanche après une longue grève du personnel enseignant ; une campagne agricole pas du tout préparée ; une famine pointant le bout du nez dans certaines contrées du pays en milieu rural ; une baisse de plus de 2 points de croissance entre 2010 et 2011 (4,3% en 2010 contre 2,1% en 2011 dont une croissance négative de -2% du secteur primaire) ; un déficit des finances publiques de 6,7% en fin juin 2012 ; une dette de plus de 3000 milliards ; un budget 2012 largement entamé en termes de dépenses électoralistes douteuses sans lien avec les priorités nationales ; une démocratie mise sens dessus-dessous ; des vertus saccagées.
Si le «commentateur» politique de Rewmi n’a pas parlé de ce legs en dix points négatifs, c’est sans doute pour minimiser l’effort immense du Président Macky Sall et du gouvernement du Premier Ministre Abdoul Mbaye. Après un an le Sénégal n’a certes pas tout réglé, mais il est sur les bons rails. Le dire n’est pas prétentieux Monsieur le «commentateur» prétentieux !
Juste pour finir le «commentateur» doit savoir que la petitesse des moyens et l’ampleur de la situation sont des éléments d’appréciation du travail. Sauf si celui qui apprécie prend son impatience d’arriver à 2017 pour l’impatience d’un peuple qui est tout sauf amnésique. Le peuple ne croit plus au projet individualiste des marchands d’illusions ! Le peuple veut l’humilité et le pragmatisme ! L’APR doit travailler et donner la meilleure des réponses au commentateur. Cette réponse passe par l’emploi de masse dans le seul secteur capable d’absorber le chaumage : le secteur agricole que nous devons rendre attractif et attrayant pour le peuple.
Si le «commentateur» parle du secteur agricole, c’est pour donner demain l’impression de nous avoir indiqué le chemin ; ce qui n’est pas le cas puisque le Président Macky Sall à une claire conscience de la priorité agricole. L’autre ruse du «commentateur» est qu’il dit beaucoup de choses pour jouer sur tous les registres afin de pouvoir dire demain (parlant de nos réussites) : «C’était mes idées, je l’avais dit».
«Je», terme qu’aime bien le «commentateur» dans son «jeu de dupes». Idrissa Seck est dans une partie d’échecs. Il misera beaucoup en oubliant que le peuple d’après 23 juin sait reconnaître la sincérité des propos et des actes.
Mamadou NDIONE
Cadre APR