La ‘’Sall thérapie’’
Après le climat, le président de la République, Macky Sall, était, hier, à Dar es Salam, en Tanzanie, pour participer au sommet sur les systèmes alimentaires en Afrique. Il a insisté sur la nécessité d’opérer un certain nombre de mutations pour relever le défi de la souveraineté alimentaire dans le continent.
‘’Une question vitale et d’actualité’’. C’est ainsi que le président de la République, Macky Sall, perçoit la problématique de la souveraineté alimentaire en Afrique. Depuis quelques années, les initiatives se multiplient. Mais jusque-là, les pays du continent, paradoxalement, continuent de dépendre de l’extérieur pour nourrir leurs propres populations.
À Dar es Salam, hier, le président Sall est revenu sur sa thérapie pour enfin relever ce défi de nourrir l’Afrique par l’Afrique. Globalement, la ‘’Sall thérapie’’ tourne autour de quatre axes principaux. D’abord, il y a les facteurs de production. À ce propos, Macky Sall prescrit la valorisation de la recherche, l’amélioration de la mécanisation agricole, la maîtrise de l’eau et l’intensification de l’utilisation de méthodes et technologies modernes, y compris pour la transformation locale des produits. Dans la même veine, il a plaidé pour l’augmentation des superficies exploitées bien au-delà des petites fermes familiales, d’où la nécessité, selon lui, d’aménagements fonciers qui concilient les besoins légitimes de l’agriculture familiale et ceux indispensables de l’agrobusiness qui permet la production à grande échelle.
Relativement au troisième axe, il s’agit, selon le président de la République, de lutter contre les nombreuses pertes post-récoltes. À ce titre, il mise sur l’installation d’équipements de stockage et de conservation des produits pour éviter les pertes, le désenclavement des zones de production, en renforçant les infrastructures de transport interne et d’interconnexion transfrontalière, afin de faciliter l’accès aux marchés, surtout à l’heure de la Zlecaf.
Enfin, Macky Sall préconise de soutenir davantage les petits exploitants, notamment les femmes et les jeunes, par un encadrement et un financement adaptés à leurs besoins.
‘’L’Afrique ne devrait avoir ni faim ni soif.’’
De l’avis du président sénégalais qui est rentré hier de son séjour en Afrique de l’Est, ces enjeux doivent être une priorité de premier ordre. La faim, estime-t-il, n’est pas seulement une préoccupation ; c’est aussi et surtout un grand paradoxe pour un continent de 1,4 milliard d’habitants et 30 millions de km2, disposant de 60 % des terres arables non exploitées de la planète et d’abondantes ressources hydriques. ‘’Avec un potentiel aussi immense, l’Afrique ne devrait avoir ni faim ni soif. Bien au contraire, elle devrait pouvoir se nourrir et aider à nourrir le monde au lieu de continuer à importer, et pire encore, à dépendre de l’aide pour satisfaire l’essentiel de ses besoins alimentaires’’.
Selon l’estimation des Nations Unies rapportée par le chef de l’État, plus de 750 millions de personnes, dont près de 240 millions d’Africains vivent aujourd’hui dans l’insécurité alimentaire. Et la situation ne cesse de se compliquer avec les crises multiformes que traverse la planète. Mais l’espoir reste permis, si l’on en croit le plaidoyer du chef de l’État.
Pour exhorter ses pairs à se conformer à la Déclaration de Maputo qui instruit de consacrer 10 % des budgets à l’agriculture, Macky Sall donne l’exemple du Sénégal : ‘’Nous avons porté à 12 % la part de l’agriculture dans le budget général d’investissement et augmenté en deux ans de 75 % le financement de la campagne agricole saisonnière afin d’accélérer notre marche vers la souveraineté alimentaire. Nos progrès sont réels, même si les défis à relever restent encore nombreux.’’
L’échec des politiques jusque-là mis en œuvre
En outre, le président de la République est revenu sur le Dakar II agricole organisé en collaboration avec la Bad, qui avait permis de mobiliser 30 milliards de dollars pour aider à stimuler la production agricole et le commerce de produits alimentaires sur le continent. ‘’Depuis lors, ce montant est passé à 72 milliards de dollars’’, a-t-il précisé.
Dans le même sillage s’est inscrit le Sommet États-Unis - Afrique, qui a mis l’accent sur deux objectifs principaux : ‘’À court terme, il s’agit de répondre aux besoins immédiats de nos pays en matière d’importation d’engrais et de produits alimentaires aux conditions normales du marché. À moyen et long terme, nous voulons travailler avec la partie américaine et d’autres partenaires en vue d’améliorer de façon durable l’investissement dans la production agricole sur le continent.’’
Mais tous ces défis pourront difficilement être relevés sans certains préalables. ‘’Aujourd’hui plus que jamais, il urge de rompre avec les préjugés et les pratiques qui continuent d’exposer nos pays à la précarité alimentaire, pour engager une véritable révolution agricole qui, au-delà de la résilience, nous mènera vers la souveraineté alimentaire et la conquête des marchés mondiaux.’’
Il faut rappeler que depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall a érigé la souveraineté alimentaire parmi ses grandes priorités, en particulier dans certaines variétés comme le riz. Aujourd’hui encore, le Sénégal continue de dépendre très largement des importations dans la plupart des produits agricoles les plus consommés.
MOR AMAR