Jazz, senteurs et symphonie
Le célèbre pianiste tunisien Mohamed Ali Kammoun et l’ensemble orchestral de Tunis ont animé le concert d’ouverture de la 3e édition des Journées musicales de Carthage. Cela s’est tenu au Palais des Congrès de Tunis. Ils ont présenté un spectacle de plus d’une heure intitulé ‘’Parfum’’.
Quelques notes de piano et nous voilà embarqués dans une ballade à travers presque toute la Tunisie. Dès le début, on sent que ce ne sont pas seulement des rythmes qui sont proposés, mais aussi des senteurs. Des fragrances qui ont embaumé le Palais des Congrès de Tunis. Le temps du spectacle, le public a pu percevoir et ressentir les effluves de ‘’Parfum’’. Avec Mohamed Ali Kammoun et l’ensemble orchestral de Tunis dirigé par Rachid Koubaa, le voyage a été certes assuré mais le ‘’Parfum’’ était aussi plus que plaisant. Huit senteurs, les unes aussi agréables que les autres, étaient exhalées par une quarantaine de musiciens.
Ainsi, ils ont rendu exceptionnelle l’ouverture officielle de la 3ème édition des Journées musicales de Carthage (JMC). Pendant plus d’une heure, ils ont livré une prestation de haute facture et répondant au thème de cette année : ‘’Créativité et excellence.’’ L’essentiel de ce qui a été joué lors de ce concert vient du patrimoine musical tunisien. Mais avec des cadences jazzées bien inspirées, Mohamed Ali Kammoun et le violoniste Zied Zouari ont ajouté des artifices pour aromatiser le ‘’Parfum’’. Ce qui a eu l’effet de chatouiller bien des tympans et de raviver des sens.
Après les premières notes de piano de Mohamed Ali Kammoun, sûrement sa manière à lui de saluer les spectateurs, commence ‘’El Hasba’’. A travers les rythmes est racontée l’histoire d’une révolution qui a eu lieu dans cette partie de la Tunisie. Ce fut majestueux surtout avec la partition interprétée par l’unique violon solo sur scène, Zied Zouari. Suit ‘’El Keff’’. Et s’il y a une chanson qui a gagné à l’applaudimètre, c’est bien celle-là. Cela se comprend si l’on s’en tient à l’origine des musiques proposées dans ce titre. Elles viennent d’une ‘’région qui est dans le nord tunisien très connue pour sa musique et ces rythmes très parfumés’’, informe le directeur artistique de ‘’Parfum’’, Raouff Karry. En outre, après ces belles mélodies très attrayantes du nord, la clique a proposé des harmonies assez tristes et graves. ‘’Satikhizid’’ ne pouvait être autrement. C’est un hommage à un petit patelin tunisien où il y avait dans les années 1950 un bombardement. ‘‘La France avait bombardé les Tunisiens et les Algériens parce que ce village se trouve à la frontière de ces deux pays.
Il y a eu beaucoup de sang’’, indique Raouff Karray. Ce qu’il a essayé, à sa manière, de montrer dans une vidéo qu’il a réalisée et projetée au fond de la scène en même temps que l’orchestre jouait. On y voit une école et des enfants avec des cartables et du sang. Parce qu’une école a été attaquée ce jour-là. Après cette chanson, ils ont changé de zone géographique en nous entraînant au sud de la Tunisie. Deux chanteurs, Jamel Arfaoui de Nafta et Moatassem Lamir de Tataouine, font leur entrée. Jusque-là, ce n’était que des préludes, seuls les instruments parlaient au public. Avec ‘’Rahloubik’’, on se croit par moments dans le nord du Sénégal. Le son du violon est identique à celui du ‘’riti peulh’’. A cela s’ajoutent des rythmes de tabala hors pair… Dans la chanson ‘’Hezz Hramek’’, le jeu du ''tabala'' rappelle nettement le rythme des vieux tambours griots sénégalais quand ils avaient une annonce importante à faire.
Sons et visuels
Par ailleurs, le spectacle présenté samedi soir était une avant-première de ‘’Parfum’’. Ce dernier est un projet musical de Mohamed Ali Kammoun alliant musique traditionnelle, jazz et musique symphonique. Il est aussi un spectacle avec 24 morceaux à présenter mais qui jusque-là n’a pas été totalement montré au public. ‘’A travers ce spectacle, on veut présenter 24 parfums en référence aux 24 gouvernorats de la Tunisie. C’est Mohamed Ali Kammoun qui a composé les musiques. Il associe le parfum à la musique, aux sons et aux visuels’’, renseigne le directeur artistique.
BIGUE BOB