Publié le 6 Aug 2021 - 23:30
SUREXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

Le coup de semonce 

 

Les acteurs de la société civile et les médias ont échangé, hier, sur la ‘’Contribution des médias et des acteurs citoyens à la gestion transparente des ressources naturelles et des crises environnementales en Afrique de l’Ouest’’. En plus d’un partage d’expériences, les acteurs ouest-africains ont insisté sur l’importance de l’investigation journalistique.

 

La démocratisation des informations relatives à la gestion des ressources naturelles est loin d’être une réalité, en Afrique de l’Ouest. Le contrôle citoyen qui devrait être exercé par les organisations de la société civile (OSC), notamment les associations de jeunes, sur les pouvoirs publics au niveau local et national, ne donne pas les résultats escomptés.

Fort de ce constat, l’institut Panos et ses partenaires ont suscité le débat, hier, autour du rôle des médias, de la société civile et des lanceurs d’alerte dans la gestion transparente des ressources naturelles. D’autant plus que ces dernières sont surexploitées. ‘’Ces ressources subissent aujourd’hui plusieurs menaces. Beaucoup d’espèces sont confrontées à la perte de leur habitat, sans compter le changement climatique qui vient bouleverser l’ordre météorologique. Si bien que les habitudes des espèces animales sont profondément perturbées et de nouvelles maladies apparaissent. On a également l’introduction de nouvelles espèces par les OGM. Cette modification du génome crée un trouble dans la diversité biologique. En un mot, l’ère que nous traversons est appelée l’anthropocène. L’homme est devenu un élément central dans la modification de la géologie mondiale. Il y a des milliers d’années, les grandes périodes de sécheresse n’étaient pas le fait de l’homme’’, explique le coordonnateur du réseau international Jeunes volontaires pour l’environnement, Alouka Séna.

Dans un contexte mondial marqué par la pandémie de Covid-19, l’activiste Fadel Barro estime que c’est le moment opportun de mener la réflexion sur le rapport entre l’homme et la nature. ‘’Le virus nous parle, en nous disant qu’il y a des êtres vivants ; des espèces qui ont disparu, au point qu’il puisse avoir accès directement à l’humain. A partir de ce moment, on aura assez de problèmes pour résister, soit on va vivre comme des OGM ou en ayant des pesticides dans notre organisme. C’est cela la réalité. Interprétons les messages de la nature plutôt que de continuer vers l’accumulation de richesses’’.

Les points positifs

 Toutefois, les acteurs de la société civile rappellent qu’il y a néanmoins des points positifs : 70 % des mers sont protégés par des conventions et traités ou encore aménagés en aires marines protégées AMP ; plus de 2 500 conventions protègent les ressources naturelles sur la planète afin de limiter l’impact de l’homme sur l’environnement, les trous de la couche d’ozone dus aux Sao (substances d’appauvrissement de l’ozone)  sont en cours de rétrécissement grâce à la Convention de Montréal sur les Sao et la Conventions de Vienne, la DyTaes. Des acquis obtenus grâce à l’implication de l’action citoyenne.

Le contrôle citoyen, selon l’institut Panos, est l’outil principal de la bonne gouvernance et plus particulièrement de la gouvernance locale. A ce titre, il doit être exercé par les citoyens à travers des formes organisationnelles et des actions concrètes dont le principe doit être l’accès à l’information. Pour le coordonnateur Afrique de l’Ouest de la plateforme, la pression populaire peut permettre une gestion transparente des ressources naturelles. Rappelant l’affaire Petrotim, Fadel Barro se dit convaincu que ‘’si l’opinion publique se lève, les Etats seront obligés de reculer’’.  Car la justice et les institutions, ajoute-t-il, ne jouent plus leur rôle de contrepouvoir.  ‘’La crédibilité des médias remise en cause, ce qui ne leur permet plus de faire des investigations. Le défi, aujourd’hui, c’est comment faire pour avoir le maximum de citoyens informés et sensibilisés’’, affirme Fadel Barro. Il dénonce l’exploitation industrielle des ressources motivée par une accumulation de richesses en ‘’violation totale’’ des études d’impact environnemental.

Les médias appelés à investiguer

Les médias jouent un rôle primordial dans l’information des populations et dans la prise de décisions politiques. Tant qu’ils sont des outils efficaces à la dissémination des bonnes initiatives et pratiques locales vertes, mais surtout à la dénonciation des atteintes environnementales.

Mais, au Sénégal, les médias accordent seulement 1 % de leurs productions à l’environnement. Ils ne s’y intéressent qu’en cas de situations extrêmes comme les inondations. Une réalité qui s’explique par un manque d’initiative journalistique, selon le coordonnateur régional médias de Panos Afrique de l’Ouest, en dépit des multiples formations. Les hommes de médias sont invités à s’intéresser davantage aux environnementaux, surtout au travers de l’investigation. Un genre journalistique qui permet de révéler des informations que certains décideurs préfèrent dissimuler.

 Présentant toutefois plusieurs obstacles et risques, Reporters sans frontières (RSF) estime que c’est la frange de journalistes la plus exposée à des menaces et à des exactions. De ce fait, RSF a lancé le plaidoyer pour l’adoption, par les pays, de la loi universelle d’accès à l’information et de celle portant sur la dépénalisation du délit de presse. En plus de l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la loi sur l’obligation des Etats membres de protéger les acteurs professionnels et non-professionnels, en cas de conflits armés ou non et mettre en place une infraction spécifique aux journalistes. ‘’La publication des informations relatives à la gestion des ressources naturelles est une exigence de bonne gouvernance. Les Etats doivent mettre à la disposition des journalistes ces informations. Les décisions et engagements pris au nom des populations doivent être rendus publics’’, insiste le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne.

L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui considérée comme la première région minière en Afrique. Elle fournit 10 % du manganèse, 8 % de la bauxite et 7 % de l’uranium mondial. La région dispose de 30 % des réserves de gaz naturel et autant en ressources pétrolières et minières, selon la Commission énergies et mines de la CEDEAO. Malgré tout, les populations peinent à sortir de la pauvreté. Pis, l’exploitation des ressources a contribué à des bouleversements écologiques quasi-irréversibles dans toutes les zones éco-géographiques ouest-africaines.

En dépit d’un reverdissement timide observé dans la partie sahélienne, les écosystèmes ouest-africains subissent une forte pression, sous l’effet du changement climatique et d’une surexploitation anthropique des ressources naturelles, y compris les forêts. Si bien que plusieurs espèces endémiques sont en voie de disparition. On assiste à l’accentuation de la migration climatique, notamment au Sahel, où les communautés d’agropasteurs ont tendance à migrer vers les régions Sud, à cause de la rareté des ressources en eau. Ce bouleversement écologique accentue l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité de 80 % de la population ouest-africaines dont les moyens de subsistance dépendent directement des ressources naturelles.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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