La défense menace de boycotter définitivement
En conférence de presse hier, le collectif de la défense de Karim Wade et de ses présumés complices a exigé le départ de Henri Grégoire de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Sinon ils vont boycotter le procès «définitivement».
Les avocats de Karim Wade et ceux de ses co-prévenus ne sont pas prêts à retourner à la barre de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Tant que Henri Grégoire Diop sera à la tête de la CREI, ils vont continuer à suspendre leur participation au procès. Depuis le 20 janvier dernier, ils ne participent plus aux débats d’audience. En conférence de presse hier, ils ont à nouveau exigé le départ de Henri Grégoire Diop.
La seule condition pour eux de revenir sur leur décision. «Il faut qu’un autre président soit nommé, car Henri Grégoire Diop a montré toutes les preuves attestant qu’il ne peut pas remplir les conditions d’un procès équitable», a martelé Me Ciré Clédor Ly. Si Henri Grégoire Diop continue à diriger la Cour, leur suspension sera «définitive». «Nous ne prendrons plus la parole si les choses restent en l’état», a décrété Me Pape Leïty Ndiaye, un des conseils de Mamadou Pouye et Ibrahim Aboukhalil Bourgi dit Bibo. Faisant référence à leur discours préliminaire, il a expliqué que leur combat est «surtout un combat contre l’arbitraire».
Sur les raisons de cette suspension, la défense a avancé son ras-le-bol du fait «du non-respect des droits de la défense, des menaces proférées à l’endroit des témoins à décharge, et le retrait des questions «épineuses» par le président». «La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’expulsion de Me Amadou Sall par le président», a ajouté Me Ndiaye, tout en soulignant que la décision de suspension a été prise en concertation avec leurs clients.
Et c’est fort de ces arguments avancés que la défense dit refuser de prêter son concours «à une parodie de justice qui constitue la page la plus sombre de notre histoire judicaire». Et de l’avis de Me Abdou Dialy Kane, conseil de Pierre Goudjo Agboba, «la défense n’a rien à faire dans ce procès». Parce que tout simplement, pour Me Seydou Diagne, «les conditions minimales d’équilibre et d’équité ne sont pas garanties».
Me Ciré Clédor Ly semble se désoler de la situation, car il estime que leur présence aurait donné du crédit à la décision qui sera rendue. «Dommage, ils ne pourront jamais rendre un verdict crédible», s’est désolé l’avocat. L’une des raisons de ce «discrédit» résulte du fait que, selon Me Madické Niang, «les droits de la défense sont violés depuis l’ouverture du procès le 31 juillet dernier». Mieux, l’avocat reste convaincu que «le sort de ces prévenus est déjà décidé par une Cour qui avance inéluctablement vers une condamnation». Un avis que partage Me Ndiaye qui estime que le dossier pourrait s’intituler «chronique d’une condamnation annoncée».
FATOU SY