Le Sénégal invité à s’aligner
Amnesty International Sénégal a tenu un atelier d’échanges sur les stratégies visant à réformer les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes contenues dans le Code de la famille sénégalais.
L'organisation ne souhaite qu'une chose : une “harmonisation du droit sénégalais de la famille avec les textes internationaux et régionaux relatifs aux femmes”.
Selon Amnesty International, il est grand temps que le Sénégal s'aligne sur toutes les conventions internationales ratifiées. “L'objectif de cette rencontre est d'abord de contribuer à l'harmonisation du droit sénégalais de la famille avec les normes internationales et régionales relatives aux droits des femmes, en identifiant les obstacles et en proposant des stratégies concrètes de réforme et de plaidoyer. En outre, il s'agira d’analyser les dispositions discriminatoires existantes dans le Code de la famille, en se basant sur les textes internationaux et régionaux relatifs aux droits des femmes,” soutient Oumou Kalsoum Ndiaye, présidente de la commission Femmes d'Amnesty International Sénégal.
Dans cette même veine, Amnesty compte établir des “propositions de stratégies de plaidoyer efficaces en vue de réformer les dispositions discriminatoires”. L'organisation, dirigée par Seydi Gassama n'exclut pas d’engager un “dialogue entre les défenseurs des droits des femmes, les représentants de l'État et les praticiens du droit pour un partage d'expériences et d'expertise”.
Cependant, Mme Ndiaye déplore que “malgré ces avancées normatives internationales, l'intégration de ces textes dans le droit interne sénégalais demeure un défi majeur. Les femmes continuent de subir des discriminations et des violences, légitimées par des lois obsolètes et déconnectées des réalités contemporaines”.
Pour peut-être inciter l'État du Sénégal à agir, Amnesty International a voulu rappeler les textes qui plaident en faveur de moins de paternalisme dans les rapports hommes-femmes au Sénégal. “La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes est particulièrement explicite. Son article 2 engage les États parties à condamner la discrimination envers les femmes sous toutes ses formes, à poursuivre, sans délai et par tous moyens appropriés, une politique d'élimination de cette discrimination, et à adopter des mesures législatives et réglementaires, assorties de sanctions si nécessaire, pour interdire toute discrimination”.
Cependant, la section féminine d'Amnesty International Sénégal reconnaît que le principal goulot d'étranglement demeure sociétal. “Au Sénégal, ces croyances ont directement influencé la rédaction des textes de loi relatifs aux droits des femmes. La législation sénégalaise, en particulier le Code de la famille, reflète cette tradition patriarcale et nie toute autonomie aux femmes, ne leur laissant aucune liberté de choix ni la possibilité de refuser des décisions qui ne correspondent pas à leurs aspirations”.
Mamadou Diop