Publié le 25 Feb 2013 - 09:35

Traitement démocratique (égalitaire) des associations de la diaspora

 

 

Il faut qu'on arrête de considérer les Sénégalais comme des gens irréfléchis au point de penser qu'ils vont gober toutes les histoires de fédération de la diaspora ou mouvements de soutien au Président de la République. La plupart de ces mouvements ne représente pas grand-chose au niveau des villes des USA. Les Sénégalais dans leur majorité travaillent et n'ont pas le temps de s'activer dans de tels mouvements. Au contraire, ils sont ahuris de voir certaines personnes parler en leur nom et font croire aux autorités qu'elles les dirigent. Il existe, cependant, des mouvements associatifs tels que l'Association des Sénégalais d'Amérique dont le siège est a Harlem New-York qui sont en place depuis des années, qui n'ont aucune accointance avec les partis politiques et qui s'occupent tant bien que mal des problèmes des Sénégalais de la diaspora, et je pense que la priorité des autorités devraient être de soutenir (pas financièrement forcément) ces mouvements au lieu de se tromper de cible et se faire berner par des soi-disants mouvements qui ne travaillent que pour des intérêts de gens bien particuliers.

L'argent du peuple sénégalais ne doit pas être destiné à des Sénégalais parce que tout simplement ils sont du parti au pouvoir, mais il doit servir des Sénégalais parce qu'ils sont tout simplement Sénégalais. Pour cela, il faut ratisser large et avoir la bonne information et non se faire influencer par des activistes en manque de travail. Cela est d'une évidence élémentaire que les autorités politiques ne devraient pas tomber dans les pièges de ces manipulateurs d'opinion. Les Sénégalais expatriés qui œuvrent pour leurs compatriotes n'ont pas cette habitude de quémander une assistance financière. Au contraire, ils ont acquis cette force de se battre pour venir en aide à des milliers de personnes qui attendent d'eux un soutien financier. Ils ont cultivé cette force de mutualisation de leurs avoirs pour prendre en charge divers aspects de leur vie d'expatriés.

 

Les Sénégalais qui vivent ici et qui se battent quotidiennement n'ont certainement pas besoin de voir leur image discréditée par 10.000 $ que des personnes reçoivent en leur nom pour ensuite se les partager et après se crêper le chignon. Ces Sénégalais valeureux qui travaillent ici, qui investissent chez eux, qui assistent leurs familles et qui prient pour un meilleur devenir du Sénégal ont surtout besoin de la part des autorités une assistance administrative et diplomatique. Ils veulent sentir un état fort derrière leur combat de tous les jours. Ils veulent voir les ressources générées par notre économie, d'où qu'elles viennent, réparties de manière efficiente pour le bénéfice de tous et non pour le bien-être, j'allais dire pour la poche de certains.

 

Regard particulier pour les Sénégalais de la diaspora bénéficiant de compétences pointues. Nous nous sommes battus pour ne plus voir certaines pratiques : la distribution de l'argent du contribuable à des gens qui ne représentent rien et qui prétendent soutenir l'action du Président de la République. Et même si cela était le cas, rien ne justifie que l'argent de l'Etat aille vers ces gens-là. S'ils veulent aider le Président, ils doivent contribuer et non attendre de l'autorité une assistance financière. Ce n'est pas ma vision de ce que le Sénégalais expatrié doit à son pays. Il y a tellement de choses à refaire chez nous, tellement d'attentes non satisfaites, tellement d'espoirs à concrétiser que je me dis que tout le monde peut y contribuer à sa façon. Moi, je n'hésite pas souvent à dire à certains compatriotes évoluant dans des secteurs à compétences pointues de proposer leur expertise au pays même si on sait ce que cela cause parfois comme difficulté avant d'avoir la reconnaissance effective. Vous ne pouvez vous imaginer le nombre de sénégalais présents ici et qui travaillent dans des domaines de pointe et qui ne demandent qu'à rentrer.

 

Les experts le disent et nous en sommes conscients : c'est le temps de l'Afrique. C'est le moment de se réaliser pour de bon ou de sombrer à jamais. Toutes les conditions d'une réalisation de l'Afrique et de l'Africain sont réunies : plus de maturité citoyenne, plus de moyens pour s'informer, plus de ressources humaines qualifiées dans les secteurs à fort potentiel économique. Tout cela conjugué à un fort désir de retour au pays natal, ça fait une occasion formidable. Essayer d'analyser un peu le phénomène et vous verrez que les premières générations des immigrés viennent d'accomplir les 50ans, le seuil de saturation est presque atteint au niveau psycho-physiologique. La plupart d'entre eux qui travaillaient manuellement ne peuvent plus le faire, leur descendance a grandi et s'est dispersée vers des secteurs moins manuels exigeant des compétences académiques. Ces enfants d'immigrés dont les parents désirent rentrer au pays et ces enfants venus du pays pour finaliser leurs études vivent actuellement un contexte social et économique très défavorable pour eux dans ces pays. Résultat : leur retour est envisagé pour la majorité d'entre eux au moment même où les regards des experts sont tournés vers l'Afrique comme étant la terre des ressources rares et le futur marché des tractations économiques.

 

Le travail des autorités devrait donc être de dénicher ces compétences rares, les appuyer en créant les conditions de leur retour qui signifierait également la mise à disposition de leur expertise. Je précise que je ne fais pas l'apologie des compétences étrangères et je suis conscient que de réelles compétences existent dans nos pays. Seulement, il existe des domaines où réellement nous ne disposons pas de ressources humaines compétentes ou même si nous en disposons, ce n'est pas assez. Je préfère voir notre argent servir à appuyer des organisations d'hommes d'affaire et d'experts, des organisations citoyennes que de servir à enrichir des paresseux qui surfent sur les vagues de ceux qui ont réussi quelque chose. Et en réalité, ces organisations n'ont pas besoin d'argent mais de conditions d'exercice de leurs compétences.

 

Maktar Le Kagoulard

Artiste rappeur établi aux USA

 

 

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