Publié le 17 May 2021 - 21:58
TRANSFERTS D'ARGENT DES MIGRANTS DE PAYS A REVENU FAIBLE ET INTERMEDIAIRE

Le montant reçu estimé à 540 milliards de dollars, en 2020

 

Les transferts d’argent de migrants vers les pays à revenu faible et intermédiaire sont estimés à 540 milliards de dollars en 2020, soit 8 milliards de moins qu’en 2019. C’est ce que révèle la dernière édition de la Note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les envois de fonds officiellement enregistrés, publiée mercredi.

 

Malgré la pandémie de Covid-19, les transferts d'argent des migrants sont restés solides en 2020, avec un fléchissement plus faible qu’anticipé. Selon la dernière édition de la Note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les envois de fonds officiellement enregistrés vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 540 milliards de dollars en 2020, soit à peine 1,6 % de moins qu’en 2019, quand ils étaient ressortis à 548 milliards de dollars. Ce repli est moins net que lors de la crise financière de 2009, où la baisse des remises migratoires avait atteint 4,8 %.

Par ailleurs, le fléchissement est nettement ‘’moins brutal’’, d’après la BM, que pour les investissements directs étrangers (IDE) vers les pays à revenu faible et intermédiaire qui, compte non tenu de la Chine, ont chuté de plus de 30 % en 2020.

Par conséquent, les remises migratoires vers ces pays ont dépassé l'année dernière le total des flux d’IDE (259 milliards de dollars) et d’aides publiques au développement (179 milliards).

Le document de la Banque mondiale souligne que cette constance des envois de fonds des migrants peut, en grande partie, s’expliquer par les mesures de soutien budgétaire dans les pays d’accueil. Ces derniers ont contribué à une conjoncture économique plus favorable qu’attendu, la généralisation des transactions par voie numérique plutôt qu’en liquide et le recours accru aux canaux formels, ainsi que par les fluctuations cycliques des prix du pétrole et des taux de change. Les experts de l’institution de Bretton Woods affirment que le volume réel des transferts, formels et informels, est probablement supérieur aux données officielles, même si l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les flux informels est difficile à apprécier. ‘’Alors que la Covid-19 exerce toujours un effet dévastateur sur les familles du monde entier, les remises migratoires confirment leur rôle de planche de salut pour les populations pauvres et vulnérables. Les mesures d’accompagnement et les systèmes nationaux de protection sociale doivent continuer de favoriser l’inclusion de toutes les communautés, y compris les migrants’’, souligne le directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la Banque mondiale, Michal Rutkowski,

Le document relève que la ‘’relativement bonne performance’’ des transferts d’argent pendant la crise de la Covid-19 a également souligné l’importance de disposer de données actualisées. Face au poids grandissant de cette source de financement extérieur pour les pays à revenu faible et intermédiaire, il convient, d’après la BM, ‘’d’améliorer’’ la collecte de données sur les envois de fonds en termes de fréquence, de délais de notification et de granularité des informations sur les différents couloirs et canaux utilisés. ‘’La résilience des remises migratoires est remarquable, sachant que cet argent contribue toujours plus à la survie des ménages. Il ne peut plus être considéré comme de la ‘menue monnaie’. Depuis pratiquement 20 ans, la Banque mondiale suit les migrations et les transferts de fonds et s’emploie, avec les gouvernements et les partenaires, à produire des données en temps voulu et à accroître la productivité de ces fonds’’, rappelle l’auteur principal de la note et chef du programme Knomad, Dilip Ratha.

Une légère hausse attendue en 2021 et en 2022

Dans la lignée du rebond attendu de la croissance mondiale en 2021 et en 2022, la BM informe que les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient augmenter de 2,6 % en 2021, à 553 milliards de dollars ; puis de 2,2 % en 2022, à 565 milliards. ‘’Malgré les avancées significatives de la plupart des pays à revenu élevé sur le front de la vaccination, le niveau d’infections au coronavirus reste élevé dans plusieurs grandes économies en développement, laissant planer une certaine incertitude concernant l’évolution des transferts de fonds. Enfin, le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars reste élevé, à 6,5 % au quatrième trimestre de 2020, soit plus du double de la cible de 3 % fixée dans les Objectifs de développement durable. Si l’Asie du Sud affiche les coûts les plus faibles (4,9 %), l’Afrique subsaharienne reste la région la plus chère, avec un taux moyen de 8,2 %. Le soutien apporté à l’infrastructure des remises migratoires et visant à préserver ces flux consiste notamment à agir pour réduire leurs coûts’’, lit-on dans le document.

42 milliards de dollars de transferts d’argent vers l’Afrique subsaharienne

Il ressort également de la même source que les transferts d’argent vers l’Afrique subsaharienne auraient plongé de 12,5 % en 2020, à 42 milliards de dollars. Une évolution à imputer quasi intégralement à l’effondrement de 27,7 % des envois de fonds vers le Nigeria, qui représente à lui seul plus de 40 % des flux en faveur de la région. ‘’Compte non tenu de ce pays, les remises migratoires vers l’Afrique subsaharienne ont progressé de 2,3 %, portées par le dynamisme des flux vers la Zambie (+37 %), le Mozambique (+16 %), le Kenya (+9 %) et le Ghana (+5 %). En 2021, la hausse devrait se confirmer à 2,6 %, sous-tendue par une amélioration des perspectives de croissance dans les pays à revenu élevé’’, souligne la BM.

Notre source précise que les données sur les remises migratoires vers l’Afrique subsaharienne sont ‘’rares et peu fiables’’. Car certains pays utilisant toujours la 4e édition du Manuel de la balance des paiements du FMI, obsolète, au lieu de la 6e édition. D’autres ne communiquent aucune donnée. Des enquêtes téléphoniques à haute fréquence réalisées dans certains pays suggèrent une baisse des envois de fonds pour une grande majorité de ménages, même lorsque les chiffres officiels font état d’une augmentation. ‘’Le recours accru aux canaux formels, du fait de la fermeture des frontières, explique en partie la progression du volume des remises migratoires enregistrées par les banques centrales. Coûts des transferts : l’Afrique subsaharienne reste la région la plus onéreuse pour les transferts d’argent, le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars ressortant à 8,2 % au quatrième trimestre de 2020. Au sein de la région, qui connaît de forts mouvements migratoires intra-régionaux, les transactions depuis l’Afrique du Sud vers le Botswana (19,6 %), le Zimbabwe (14 %) et le Malawi (16 %) restent les plus chères’’, conclut le document.

MARIAMA DIEME

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