Alioune Aïdara Sylla rejoint Rebeuss
Plongés depuis plusieurs jours dans l’expectative, les proches de l’ex-député libéral Alioune Aïdara Sylla ont été édifiés hier, aux environs de 18h 30mn. M. Sylla a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. Le doyen des juges d’instruction a retenu, contre lui, les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs, d’escroquerie portant sur des deniers publics et de complicité de blanchiment de capitaux portant sur 2 milliards 600 millions F Cfa. Des accusations contestées par l’ancien président de la communauté rurale de Thilmaka, dans le département de Tivaouane, après la notification de son inculpation.
Une inculpation qui étonne les avocats et proches du responsable libéral interpellé dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, avec trois chèques d’une somme de 2 milliards 600 millions de francs Cfa.
‘’Nous attendons que le doyen nous détaille ces infractions, après une instruction approfondie’’, a indiqué Me Sambène Diop, au sortir du bureau du juge Mahawa Sémou Diouf. Selon lui, aucune des infractions retenues par le doyen n’est établie à l’encontre de son client. Pour la complicité de blanchiment de capitaux, Me Diop a expliqué que l’origine des trois chèques que détenait leur client se justifie.
D’après lui, l’un des chèques provient de Cheikh Amar, en vue d’un règlement relatif à un chantier. Quant au second chèque, c’est une ressortissante arménienne qui l’aurait remis à leur client, en guise de remboursement d’un prêt. A ce propos, l’élu de Thilmakha aurait expliqué au juge que la dame, venue en vacances, était à court d’argent. C’est sur ces entrefaites qu’il lui avait prêté la somme mise en cause. Pour ce qui est du dernier chèque, d’un montant de 2,5 milliards, il émane de l’ex-président Wade et c’était destiné à honorer certains engagements.
Notamment, le paiement du salaire des gardes du corps, des gardiens, a renseigné Me Diop. Ainsi, aux yeux de l’avocat, le blanchiment de capitaux ne peut pas prospérer. ‘’C’est de l’argent qui appartient à Wade et c’est l’État qui le lui a donné. Or l’État ne donne pas de l’argent noir’’, a fait remarquer la robe noire, convaincu que son client a été ‘’piégé’’.
''Pourquoi, on n'arrête pas Wade ?''
Pour ce qui est de l’escroquerie portant sur des deniers publics, Me Diop considère qu’il n’est pas établi. Parce que, selon lui, M. Sylla a acheté les terrains situés sur la Corniche, en respectant toute la procédure. Forts de tous ces arguments avancés par l’avocat, les proches de l’ex-député libéral ont considéré l’inculpation de M. Sylla comme de la politique politicienne. ‘’ Ce n’est que de la politique. Où est l’émetteur du chèque ? Il est bien vivant, car c’est Wade. Pourquoi ne l’arrêtent-ils pas ?’’, a martelé El Hadj Dione Dieng se disant notable à Niakhène.
Loin de cette vague de protestations et de lamentations, Alioune Aïdara Sylla a rejoint la prison de Rebeuss, laissant derrière lui ses proches très affectés. Si certains, comme Alé Lô, président de l'Association nationale des élus locaux, sont restés sereins, d’autres par contre étaient inconsolables. Ils ont pleuré comme des enfants, lorsque la fourgonnette de l’administration pénitentiaire a amené l’ex-député à sa nouvelle demeure, la prison de Rebeuss.
FATOU SY