Sa tête retrouvée sans le cou et sa copine gardée à vue
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L’émotion est très forte, à Saré Yoro Diao et environs, commune de Tankanto Escale, où la dame Yoba Baldé, âgée de 35 ans environ, a été décapitée, sa tête emportée puis retrouvée. Le cou reste introuvable. Les indices vont vers un crime rituel. Cette mort atroce bouleverse et laisse un grand vide. Les populations, sous le choc, la pleurent. Reportage.
Distante de Kolda de 36 km, Saré Yoro Diao, localité située au sud de la commune de Tankanto Escale, est sous le choc, suite à l’assassinat d’une des siens. Une scène difficile à supporter pour les âmes sensibles. L’acte macabre, perpétré le jeudi 16 janvier dernier, n’en finit pas de soulever des interrogations. Yoba Baldé, mariée et sans enfant, a été décapitée par une ou des personnes encore non identifiées. Depuis, naturellement, on ne parle que de ça dans cette bourgade située à plus de 500 m de la frontière avec la Guinée-Bissau, quand bien même la campagne arachidière occupe les esprits.
La décapitation de Yoba Baldé a semé le trouble dans les esprits. Les questions fusent de partout. ‘’Mais qui ça peut être ? Ce n’est pas possible ! On ne peut pas faire ça !’’, lâche Ibrahima Mballo trouvé assis dans le mirador jouxtant la maison de la défunte, venu exprès constater les faits. ‘’Ça devait arriver avec ce climat de violence qui nous entoure de nos jours’’, renchérit de manière sinistre Samba Diao âgé de 80 ans. Il faut dire que la nature du crime a jeté l’effroi dans les cœurs des villageois.
Fodé Baldé, chef de village de Saré Yoro Diao, l’a vu grandir. ‘’J’ai du mal… J’ai vraiment beaucoup de mal… Yoba Baldé était une dame du village et une femme serviable. Elle est née dans ce village en 1985’’, renseigne-t-il. Moussa Sabaly, un des parents de la défunte, ajoute : ‘’D’ailleurs, s’il y avait un petit problème, elle cherchait toujours à calmer les esprits. C’était l’amie de tout le monde. Quand j’en parle, j’ai des frissons.’’
‘’Je ne peux pas pardonner, ni oublier cette mort tragique et douloureuse de ma fille’’
Sira Sabaly, mère de la défunte, est choquée, presque paralysée par la mort de sa fille. ‘’Je n’arrive pas à comprendre pourquoi cette personne, avec une haine immesurable, a torturé ma fille, avant de l’abattre comme un chien. Je prie Dieu que le ou les auteurs soient démasqués et punis à la hauteur de leur crime. Je ne peux pas pardonner, ni oublier cette mort tragique et douloureuse de ma fille’’, déclare-t-elle, les yeux embués de larmes.
Ce jeudi 16 janvier, vers 11 h, la défunte a quitté le domicile conjugal. Son mari et certains membres de la famille étaient déjà partis au marché hebdomadaire de Saré, distant de 8 km du village. Jusque tard le soir, elle n’était pas rentrée. Son mari, Ousmane Baldé, ne la voyant pas revenir, s’est renseigné auprès des autres membres de la famille. Les uns lui répondirent qu’elle était partie chercher de l’oseille, d’autres ont soutenu qu’elle était sortie de la maison sans leur indiquer sa destination. Les recherches lancées n’ont rien donné.
Le corps découvert samedi, la tête dimanche ; le cou reste introuvable
Ce samedi 18 janvier, aux environs de 11 h, un jeune homme, parti défricher sa plantation d’anacarde, a été attiré par l’aboiement de ses chiens. Il est parti voir. Il est tombé sur la vision macabre de la dame sans tête. Très vite, la terrible nouvelle s’est répandue dans le village et ses environs. Rapidement, l’endroit a grouillé de monde. La victime a été identifiée. Le maire de Tankanto Escale, Abdoulaye Sow, a informé le commandant de la brigade de gendarmerie de Kolda. En compagnie des sapeurs-pompiers, les pandores ont effectué les constats d’usage et ouvert une enquête. Le corps sans vie a été déposé à la morgue de l’hôpital régional de Kolda, pour les besoins de l’autopsie.
Les recherches se sont poursuivies pour retrouver la tête. Ce dimanche 19 janvier, vers 12 h, Bacary Baldé, accompagné de ses chiens, a retrouvé la tête complètement rasée et déposée à 50 m du lieu du crime. Les mèches se trouvaient à quelques mètres de la tête. Mais le cou reste, jusqu’ici, introuvable. Le petit frère du chef de village a immédiatement informé les habitants. La gendarmerie et les pompiers sont revenus chercher le reste macabre pour le déposer à la morgue.
Mama Diaby, copine de la victime, gardée à vue à la brigade de Kolda
L’enquête commence à porter ses fruits. Une dame du nom de Mama Diaby est présentement gardée à vue, pour nécessité d’enquête, dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Kolda. Selon une source digne de foi, la dame cache quelque chose. D’après notre source, elle a expliqué aux enquêteurs qu’elle est revenue de Dakar, il y a moins de deux semaines. Elle renseigne qu’elle avait invité la défunte à assister à la sortie des circonscris dans le village de Sama, situé en Guinée-Bissau. Que cela fait maintenant sept à huit mois qu’elle n’a pas parlé, ni vu la défunte.
Mais ses déclarations sont contredites par les témoignages de certains habitants de la localité qui avaient vu la défunte en sa compagnie, lors de la sortie des circonscris du village de Sama. C’est ce qui lui a valu d’être gardée à vue, afin que les enquêteurs puissent percer le mystère et trouver la vérité.
L’enquête se poursuit. Au même moment, les populations du village de Saré Yoro Diao cherchent une explication à ce crime qui va les hanter pendant longtemps.
EMMANUEL BOUBA YANGA