Publié le 14 May 2022 - 08:48
UNITE YAW ET MENACES SUR SA LISTE A DAKAR

Les germes d’une implosion

 

En plus des nuages surplombent la liste de Yaw, à Dakar, la coalition semble déjà dans les ténèbres et elle risque de voler en mille morceaux, si ce n’est pas déjà le cas.

 

Au niveau de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw), l’heure est surtout au règlement de compte. Alors que le maire de Dakar, Barthélemy Dias, et le mandataire Déthié Fall essayaient, avant-hier, de justifier les erreurs relatives au non-respect de la parité sur la liste de Dakar, des voix se sont élevées au sein même de la coalition pour accuser directement certains responsables. Et pas des moindres. Même le très sympathique et respectueux Dr Cheikh Tidiane Dièye a tenu à cracher ses vérités.

Président du Conseil départemental de Ziguinchor, proche parmi les proches d’Ousmane Sonko, il peste : ‘’Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Il n’y a ni erreur ni méprise. Tout ce qui nous arrive relève de la volonté et des calculs politiciens de quelques-uns. On ne fait pas la politique en 2022 comme on en faisait en 1980. Aujourd’hui, la vérité est que l’appétit vorace de certains, leur acharnement quasi pathologique à tout prendre les a détournés de l’essentiel, en leur faisant perdre leur sérénité.’’

Aussi, fustige le président d’Avenir Senegaal Bi nu Begg, ‘’plutôt de vérifier les listes, s’ouvrir aux autres, consulter y compris des experts neutres et détachés, ils se sont enfermés dans leurs certitudes du partage du gâteau ou leurs compétences en ingénierie électorale apparemment surfaite’’. Et de fulminer : ‘’Si votre liste à Dakar ne respecte pas la loi, c’est parce que ceux qui avaient la charge de le faire ont manqué de vigilance. Car le plus important pour eux, c’était la place plutôt que le respect de la loi… Tous ceux qui ont travaillé sur ces listes ou les ont vues sans rien dire, par calcul ou manque de courage, doivent prendre leurs responsabilités et rendre des comptes.’’

Avant lui, le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Serigne Cheikh Mbacké, a tout mis sur le dos de l’alliance précipitée entre Yaw et Wallu. ‘’En vérité, fulmine le frustré du PDS, ce qui s’est passé est très simple. Tout le monde savait que la liste comptait cinq hommes et deux femmes. Mais le PDS n’a pas voulu retirer son candidat de la liste, Khalifa Sall non plus n’a pas voulu retirer son candidat. Voilà pourquoi on s’est retrouvé dans cette situation. Ils ont aussi voulu tromper les gens, puisque l’une des personnes investies a un nom qui sonne aussi bien homme que femme… Ils pensaient que cela serait passé inaperçu.’’

Ce serait donc l’histoire de l’arroseur arrosé. Yaw serait tombé dans son propre piège, si l’on en croit ce déçu du Parti démocratique sénégalais.

Dans les coulisses de la coalition, un nom est cependant sur toutes les lèvres. Il s’agit de Khalifa Ababacar Sall. En effet, la place de Joseph Sarr ne saurait être la source du problème, confient certaines sources. Selon elles, il était dès le début prévu de donner un des sept sièges à l’allié qu’est Wallu. Les six restants devant revenir à Yaw. C’est alors la gourmandise et le sabotage de Khalifa qui sont directement indexés par certains de nos interlocuteurs.

D’autres vont même jusqu’à évoquer une brouille entre Khalifa et son lieutenant Barth, dont le tort serait d’être, dernièrement, plus proche de Sonko que de son prédécesseur à la mairie de Dakar et non moins mentor politique.

Ainsi, c’est tout le système de défense qu’essaient de construire Barth, Déthié et Cie qui est en train de s’écrouler comme un château de cartes.

Sonko désarçonné, Khalifa accusé de ‘’sabotage’’

Mais où est Ousmane Sonko dans tout ça ? Selon certaines informations, le nouveau maire de Ziguinchor est comme sonné par tout ce qui est arrivé. ‘’Il en veut terriblement à Khalifa. Mais les gens l’ont déconseillé de se prononcer pour le moment, parce que c’est quelqu’un qui ne sait pas tricher. Ce qui est arrivé, c’est du sabotage pur et dur’’, rapporte un de nos interlocuteurs qui regrette toutefois la naïveté de son leader.  

Maire de Keur Massar Nord, Adama Sarr, membre d’Avenir Senegaal Bi nu Begg, n’a pas mis de gants pour fustiger l’inertie des uns et des autres. ‘’L’unique responsable, celui qui a trahi tout le monde, c’est Khalifa Ababacar Sall. Je le dis et je le répète : Khalifa Ababacar Sall, Président de la Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi, a trahi tout le monde. Mais les responsables de Yewwi ont tous été irresponsables, qu’ils m’excusent. On ne peut pas prendre une question comme la constitution des listes et la confier à une seule personne…’’, accuse-t-il sur le plateau de Walf TV.

A l’en croire, le président de Taxawu Senegaal s’est enfermé et a fait ce qu’il veut, en plaçant ses hommes. ‘’Le grand perdant, c’est Ousmane Sonko. Car Khalifa Sall a tout fait pour se doter d’un groupe parlementaire’’, peste le proche de Cheikh Tidiane Dièye.

RECEVABILITÉ LISTE BBY

Portée et limite de la jurisprudence Malick Gakou

Lors de la Présidentielle de 2019, statuant sur le cas Malick Gakou, le Conseil constitutionnel avait jugé que le dépassement du maximum sur la liste de parrainages ‘’suffit pour déclarer irrecevable une liste’’. Cette jurisprudence est-elle applicable à Benno Bokk Yaakaar ? Éléments d’éclairage.

La guerre fait rage dans les états-majors politiques. Après la polémique autour de la liste de Yewwi Askan Wi à Dakar, c’est au tour de celle de Benno Bokk Yaakaar de susciter une vive polémique. De quoi s’agit-il ?

En fait, alors que l’arrêté n°004071 du 3 mars 2022 fixe le nombre de parrains maximum requis à 55 327 électeurs, soit 0,8 % du fichier électoral, la coalition au pouvoir en a déposé 55 328, soit un parrain de plus, si l’on se fie au récépissé délivré par la Commission de réception des dossiers visé par la Cena.

Que prévoit la loi, en pareil cas ? En fait, il résulte de l’article L149 alinéa 3, pour pouvoir valablement présenter une liste de candidats, les parties concernées doivent recueillir la signature de 0,5 % au minimum et 0,8 % au maximum des électeurs inscrits sur le fichier électoral… Et à la veille de chaque élection, c’est un arrêté qui est publié pour fixer la valeur absolue, en tenant compte de l’état du fichier actualisé.

C’est ainsi que pour les élections du 31 juillet prochain, le ministère avait pris l’arrêté susvisé qui fixe le nombre de parrainages à 55 327. Que doit-il advenir de la liste de Benno Bokk Yaakaar qui a dépassé d’une voix ?

Lors de la Présidentielle de 2019, un cas de figure un peu similaire s’était posé. C’était le cas Malick Gakou, même si le surplus de parrains était nettement supérieur.

En effet, alors que le maximum de parrainages requis par la loi était de 66 820, le chef du Grand parti en avait déposé 67 842, soit un surplus de 1 000 parrainages. Dans sa décision n°3-E-2019, le Conseil constitutionnel précisait à la considération 14 : ‘’Il y a lieu de rappeler qu’El Hadj Malick Gakou, ayant présenté une liste de 67 842 parrainages, a dépassé le maximum de parrainages autorisé par la loi lors du dépôt ; que ce dépassement suffit pour rendre sa candidature irrecevable…’’

Il faut toutefois rappeler que malgré ce manquement, le Conseil constitutionnel avait tenu à vérifier dans le fond le dossier de parrainage du candidat. Mais tout porte à croire que même si ce dernier avait été validé, il aurait été rattrapé par le dépassement du maximum autorisé par la loi.

Reste à voir si cette jurisprudence sera applicable à Benno Bokk Yaakaar ou pas.

Il convient, cependant, de noter deux différences entre Malick Gakou à la Présidentielle et BBY pour les prochaines Législatives.

Différences entre BBY et Gakou

Tout d’abord, pour le cas de BBY, il faut reconnaitre que la différence est quand même d’une seule signature contre plus d’un millier pour Malick Gakou, à l’époque. Toujours est-il qu’un dépassement reste un dépassement et qu’il est formellement interdit de distinguer là où la loi – ou le juge constitutionnel - ne fait pas de distinction. Aussi, l’autre problème d’interprétation qui risque de survenir, c’est que dans le procès-verbal de contrôle, il est indiqué le nombre 55 327 parrainages. Est-ce parce que la commission ne vérifie que la limite prévue par la loi, compte non tenu du parrainage de plus ? Est-ce parce que la commission a rectifié d’office l’erreur de BBY ? Est-ce parce qu’on leur a permis d’ajuster après le dépôt ? Autant de questions que les juristes des deux camps ne manqueront pas de se poser.

Déjà, à Pastef/Les patriotes, on déclenche les hostilités. Pour le lieutenant d’Ousmane Sonko, Amadou Ba, il n’y a pas de doute à se faire. Le Conseil constitutionnel n’aura pas d’autre choix que d’invalider la candidature. Selon lui, il faudrait surtout que les Sénégalais se mobilisent pour que le président de la République n’annule pas les élections.

Ainsi, les prolongations vont se jouer forcément devant le Conseil constitutionnel. Mais il faudra encore attendre la fin des vérifications des parrainages, fixée le mardi 17 mai prochain, soit 76 jours au plus tard avant le scrutin.

Pour rappel, la publication des déclarations de candidatures est prévue au plus tard 30 jours avant le scrutin, soit le 31 mai prochain. A la suite de cette publication, les mandataires des listes de candidats pourront, dans les 24 heures qui suivent, se pourvoir devant le Conseil constitutionnel qui statue dans les trois jours qui suivent celui de l’enregistrement de la requête.


2e TOUR PARRAINAGE

Wallu, Bunt Bi et Pape Djibril Fall passent le test

Il y a eu certes de la frayeur. Mais finalement, la coalition Wallu est parvenue à dépasser l’étape fatidique des parrainages, incontournable pour participer aux élections législatives du 31 juillet prochain.

Sur les différentes pages Facebook du PDS, ils n’ont pas tardé à publier l’information. ‘’Les parrainages de la grande coalition Wallu ont été validés ce jeudi à 16 h, malgré toutes les tentatives du régime visant à saboter la dynamique de la super coalition Yewwi-Wallu’’, se réjouissent les poulains de Wade.

Outre la grande coalition Wallu, les Serviteurs de Pape Djibril Fall ainsi que l’Union citoyenne Bunt Bi ont aussi réussi à passer cette étape décisive.

Pour rappel, toutes ces listes ont été recalées à l’issue du premier tour de contrôle. Ils avaient alors 48 heures pour passer au second et dernier tour de vérification.

En effet, il faut souligner que, dans la vérification des parrainages, il est des rejets régularisables et d’autres qui ne le sont pas.

MOR AMAR

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