Au dialogue des cultures
‘’54+1 ; Puissance verte pour l’avenir’’ est un projet qui réunit des artistes chinois et sénégalais. Dans le cadre de la 12e biennale, ils exposent tous au Grand-théâtre depuis lundi.
‘’Créer un pavillon chinois s’inscrit dans une démarche interculturelle. Nous avons commencé une belle aventure avec l’art pour exprimer les besoins de nos sociétés et conjuguer nos efforts pour les réconcilier’’. Tel est l’objectif du projet ‘’54+1 ; Puissance verte pour l’avenir’’, à en croire l’un de ses initiateurs l’artiste sénégalais Mansour Ciss ‘’Kanakassy’’. Il regroupe des créateurs africains et chinois. Haute de 2m 70, cette sculpture placée à gauche du site porte une centaine d’ardoises traditionnels en bois. Elle capte l’attention de plus d’un et est intitulée ‘’tour du savoir’’. ‘’C’est à partir des tablettes coraniques récupérées dans les ‘’daaras’’ que j’ai réalisé cette sculpture. C’est de l’assemblage fait pour immortaliser les tablettes sur une sculpture afin de défier le temps puisqu’on dépassera bientôt les ardoises en bois’’, informe son auteur.
A droite, c’est aussi une sculpture bien sénégalaise, forme triangulaire, qui avec de nombreux clés et cadenas marque la dévaluation du Franc Cfa en 1994. Les clés symbolisant la solution, l’œuvre est vieille selon son auteur mais retrace tout de même l’histoire du Sénégal. A quelques mètres de là, est accrochée une peinture qui montre le rassemblement des ‘’saltigués’’ en temps de sécheresse. La matière utilisée est pour son auteur Tita Mbaye une occasion d’exprimer ses préoccupations plastiques dans le domaine des pigments.
Par ailleurs, l’on aperçoit des photos de montages qui font montre de surréalisme en affichant la tour Eiffel en pleine ville chinoise. Ces œuvres sont signées Wang Qin de Shangay. S’en suivent d’autres étalées par terre en forme de courbes qui rappellent les mouvements d’émigration, les déplacements d’êtres humains. Non loin de là, l’artiste Boubacar Touré Mandémory étale la ‘’chronique d’une ville en décrépitude’’. Des images en noir et blanc prises à Rufisque et qui renseignent sur l’insalubrité qui hante cette ville. Entre autres tableaux et installations exprimant quasiment tous le dialogue des cultures, des tessons de bouteilles de verres introduits dans de petites boites comme nouvelles créations. Ainsi, ces artistes aussi nombreux soient-ils se sont inspirés du contexte de la globalisation, du dialogue interculturel pour faire passer à travers le langage de l’art le message qui concerne tout ce qui est mutation culturelle.
‘’La puissance verte’’ est, selon l’un des initiateurs de ce projet, un thème écologique qui appelle au retour à la nature. ‘’Il faut retourner à l’écologie et à l’agriculture pour donner la chance aux autres de sortir de la misère’’, déclare Mansour Ciss. Variant du style à la matière, l’exposition a été assurée au total par une trentaine d’artistes chinois et 12 autres Africains dont 10 Sénégalais et 2 Maliens.
AMINATA FAYE