La question du financement mise sur la table par la société civile

Legs-Africa et la plateforme Diisoo, en partenariat avec le groupe de plaidoyer Agenda Afrique, ont tenu une table ronde sur le financement de l'Agenda national de transformation Sénégal 2050, le jeudi 3 avril. La société civile se prépare aussi pour la prochaine conférence internationale sur le financement du développement de Séville.
En prélude à la 4e Conférence internationale sur le financement du développement prévue en juin 2025 à Séville, Legs-Africa et la Plateforme des acteurs non étatiques appuient l'initiative du groupe de plaidoyer de la société civile pour dialoguer sur les stratégies et les priorités du Sénégal et de l'Afrique. Mais avant l'Espagne, dans exactement deux mois, il s'agit d'abord d'apprécier l'existant local.
“Au Sénégal, l'Agenda national de transformation Vision Sénégal 2050 présente une feuille de route ambitieuse pour le développement économique, social et environnemental du Sénégal. Sur une période de 25 ans, il va accélérer de manière continue le rythme de création de valeur via une croissance de 6,5 % de l'économie sénégalaise et de 3,7 % de la richesse nationale par habitant du pays”, indique le président de Legs-Africa Elimane Kane.
Acteur de la société civile, il souligne que “l'équation du financement de l'ANT Sénégal 2050 est réelle, compte tenu de ses grandes ambitions et du contexte de la gestion des finances publiques et des enjeux liés au paradigme global de financement du développement. C'est pourquoi, il urge d’identifier les sources de financement potentielles, y compris les partenariats public-privé, les investissements directs étrangers, la coopération internationale, le levier monétaire, l'épargne nationale”.
Cette initiative de la société civile vise également l'élaboration de “stratégies innovantes” destinées à la mobilisation de “ressources financières à travers des mécanismes durables et inclusifs’’. Enfin, à l'issue de cette table ronde, une feuille de route sera élaborée pour “la participation du Sénégal à la 4e Conférence internationale sur le financement du développement”.
Le ministère de l'Économie approuve
Pour le représentant du ministre de l'Économie, du Plan et de Coopération, c'est avant tout “un sujet de l'heure”. Car selon Aziz Fall, “depuis le 14 octobre, date à laquelle le président de la République avait fait part de la stratégie de développement Sénégal 2050, les esprits et les énergies se sont mobilisés pour trouver le meilleur moyen de mettre en pratique cette vision”. Dans son commentaire, l'envoyé d’Abdourahmane Sarr a relevé les objectifs communs. “Ensemble, il s'agit de déceler les voies alternatives susceptibles de financer le développement sans pour autant remettre en question les exigences d'assainissement de son cadre macroéconomique, une meilleure maîtrise de son endettement, mais aussi de son déficit budgétaire. C'est ça, en vérité, qui va permettre à l'État de jouir de ses coudées franches pour assurer ses missions les plus régaliennes”.
En outre, pour Aziz Fall, il faudra, entre autres, privilégier les "financements privés’’. À ce propos, il donne plus de détails : “Nous allons bientôt finaliser la stratégie de développement des PPP. En même temps, l'économie verte sera mise à contribution et bien sûr l'aide au développement. Il faut avouer que ce dernier point reste indispensable pour des pays comme les nôtres. Mais elle viendra en appoint.”
Et comme Elimane Kane l'a rappelé lors de sa prise de parole, M. Fall a réitéré l'importance d'une telle initiative avant le rendez-vous de Séville. “Ce débat permettra par ailleurs au gouvernement de recevoir le point de vue de la société civile pour ainsi avoir une meilleure démarche inclusive et intégrée pour avoir une seule et unique voix lors de la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement de Séville au mois de juin”.
MAMADOU DIOP