Publié le 26 Jan 2018 - 02:41
ZEYNOUL SOW (PRESIDENT AIM)

‘’Notre bilan de 2017 est négatif’’

 

Depuis sa naissance, l’Association des Acteurs de l’industrie musicale est sur tous les fronts. Même si elle n’a encore gagné aucune bataille. La seule gloire à son actif est une certaine ‘’représentativité’’ dans le milieu. Pourtant le président de l’Aim, en l’occurrence  Zeynoul Sow,  semble ne pas être découragé. Car il vient de s’engouffrer dans un nouveau combat encore contre la Sénégalaise du droit d’auteur et du droit voisin (Sodav). Ses griefs, il les explique à EnQuête en marge d’une conférence de presse tenue hier.

 

Quel bilan tirez-vous de vos activités en 2017?

C’est un bilan négatif qu’on a tiré. Quand on a fait notre sortie en janvier 2017, ça avait vraiment fait un tollé. Il y avait beaucoup d’émissions auxquelles nous avions alors pris part. Je me rappelle d’ailleurs que c’est suite à cette rencontre que la Sodav avait fait une répartition au mois de mars. Depuis lors, il n’y a pas eu de répartition. Vous savez, les ressources gérées par cette société de gestion collective sont très importantes et les ayants droit comptent sur cela parce que c’est le fruit d’un travail très dur. Ils ont été rémunérés pour l’année 2015, pas 2016 ni 2017. Pour le statut de l’artiste, la question n’est toujours pas réglée. La cherté du prix de location du Grand-théâtre que nous avons dénoncé n’est pas elle aussi revue à la baisse.

Maintenant, on a vu que le Président a signé un décret pour le nouveau statut du Grand-théâtre mais l’administrateur reste le même. Les problèmes demeurent. Il y a une absence de programmation. On parle de ‘’Grand théâtre’’ mais c’est la musique qui le fait marcher. Il en est de même du théâtre Sorano. Comme c’est la musique qui fait marcher tous ces établissements, pourquoi pas les confier à des musiciens ? La musique est le levier de la culture au Sénégal. Nous sommes défavorisés, même pour les subventions ; on a une dotation assez faible.

On peut donc dire que l’AIM n’a connu que des échecs en 2017 ?

Non, pas du tout. C’est le système de la culture qui a connu des échecs en 2017. Mais l’AIM, du point de vue de sa représentativité, a un bilan plus que positif. Elle est la première association dans le domaine de la culture qui compte plus de 10 mille membres. Nous produisons des spectacles tous les week-ends. Nous avons pu en produire 600 en 2017. Personnellement, je ne produis pas moins de 100 spectacles par an. J’en produit deux par semaine. Et ça, c’est sans compter ceux des autres ici et à l’étranger. Nous sommes des hommes de terrain. Nous sommes toujours dans les studios, les salles de répétition, etc.

Vous vous glorifiez d’une certaine représentativité, qu’est-ce qui explique donc les revers essuyés sur certains dossiers ?

Le problème qu’on a, c’est qu’il y a des lobbies qui existent depuis 17 ans, qui sont dans les cabinets et qui accompagnent les ministres. Ils mènent une guerre contre l’AIM. Je ne veux pas citer de noms. Je l’avais déjà fait et les gens savent bien de qui je veux parler. La vérité finira par triompher. Les Sénégalais savent distinguer ceux qui disent la vérité de ceux qui la dévoient. Quand le BSDA arrivait à payer tous les six mois et les gens disaient que ce n’était pas assez et qu’aujourd’hui, avec la nouvelle société, les gens ne peuvent même plus percevoir leurs droits deux fois dans l’année, c’est extrêmement grave. Quand on regarde les textes et qu’on se rend compte que le mandat du conseil d’administration est expiré depuis le mois d’octobre et qu’il ne fait pas un communiqué, que ses membres continuent de travailler, c’est extrêmement grave.

Cela n’existe nulle part ailleurs. C’est vraiment une catastrophe, nous sommes laissés à nous-mêmes. Je pense que même si la Sodav est une société privée gérée par les acteurs eux-mêmes, l’Etat aussi a un droit de regard et d’arbitre. Parce que si ça ne marche pas bien, l’Etat peut même reprendre cet agrément et gérer lui-même la société. C’est pour cela que nous lançons un appel à l’Etat pour qu’il gèle les comptes de la Sodav parce que ces fonds qui y sont, qui sont collectés tous les jours dans les établissements, sont utilisés pour le confort de ceux qui y sont. Cela permet de payer les salaires de ceux qui travaillent à la Sodav mais pas à rémunérer les artistes. On est restés un an sans rémunération.

Mais il n’y a pas eu qu’une seule répartition en une année. Il y en a eu d’autres tout de même, 3 même, et une quatrième est en cours

Ce sont des informations fausses. Je suis un ayant droit. Papis Konaté qui a un studio de production est également un ayant droit. On compte beaucoup sur ces fonds. Nous n’allons pas raconter des contrevérités quand même devant la presse. Ceux qui sont à la tête de cette société-là n’ont jamais perçu de droits d’auteur. Ils ne peuvent pas nous démentir. J’ai dit qu’il n’y a eu qu’une seule répartition en ce qui nous concerne nous. Depuis lors, il n’y en a pas eu. Ils peuvent peut-être avoir fait d’autres répartitions qui ne nous concernent pas.

Ne pensez-vous pas qui si vous aviez le poids que vous réclamez, il ne vous serait pas difficile de faire face aux lobbys dont vous parlez au ministère de la Culture ?

Ce poids, nous l’avons. Il est réel. L’AIM n’a pas encore deux ans mais se fait entendre tout le temps. Tous les artistes en vue de ce pays font partie de l’AIM. Ça ; c’est déjà une réussite et une victoire sur le terrain. Après cela, nous essaierons de monter en puissance pour avoir l’oreille attentive des décideurs et ils savent que nous sommes en route pour ça.

Les membres de votre association sont-ils toujours sur la même longueur d’onde que vous. Car on n’a pas vu beaucoup de musiciens de renom à cette conférence de presse ?

 Non, c’est nous qui avons choisi ce format aujourd’hui. Nous avons d’autres rencontres dans la semaine qui vont nous permettre de nous voir et d’échanger avec les chanteurs, les interprètes. Nous avons choisi de sélectionner quelques membres du bureau pour souhaiter nos meilleurs vœux à la communauté sénégalaise. Pour remplir cette salle et amener 400 personnes, ce n’est pas un problème. Sidy Diop qui est membre de l’AIM, s’il se pointait ici, la salle se remplirait sans grande peine, de même que Wally Seck, Coumba Gawlo ou encore Viviane.

Vous exigiez de rencontrer le président de la République lors de votre dernière conférence de presse. Aujourd’hui, le discours a complètement changé. Vous demandez à être reçu par le ministre de la Culture. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ?

Ce sont deux canaux qui sont carrément différents. Nous pouvons par voie de presse et en passant par des connaissances demander à le voir. Nous avons entamé des démarches qui sont en bonne voie. Nous avons été contactés par le directeur de cabinet du Président, Me Youm qui veut nous rencontrer dans quelques jours. On verra ensemble comment organiser une rencontre avec le Président. Ça, c’est une chose. Le ministre de la Culture, c’est presque une obligation pour lui de nous recevoir. Ce sont deux formats différents et l’un n’empêche pas l’autre.

Quelles sont les perspectives pour 2018 ?

On va continuer la sensibilisation, améliorer la production. Nous comptons aussi mettre en place un festival de jazz à Dakar. Nous n’attendons personne pour cela. Nous allons monter ce festival et nous allons tendre la main au Président pour qu’il nous accompagne. C’est à nous de faire les premiers pays pour concrétiser ce projet. Dakar mérite un bon festival de jazz surtout avec tous les talents qu’on compte au sein de l’AIM, notamment le groupe Xalam, le duo Pape et Cheikh, etc. Nous sommes capables nous-mêmes de mettre en place un festival qui peut avoir un grand succès.

Ce festival ne risque-t-il pas d’être un projet mort-né comme la grande soirée en l’honneur des artistes que vous prévoyiez d’organiser l’année dernière ?

Non, c’est la date qui a changé. Nous sommes dans le temple de la musique live à Dakar (ndlr un complexe situé aux Almadies). Avec mon équipe, nous programmons ici toutes les semaines des spectacles. Tous les week-ends je programme un artiste. 

BIGUE BOB

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