‘’L’harmattan’’ tunisien
Il aura presque ravi la vedette à tous les musiciens de ‘’Parfum’’. Debout sur la scène, vêtu tout de noir, il ne passait pas inaperçu non pas seulement grâce à sa prestance mais surtout à son talent. Zied Zouari a donné une certaine tonalité à ce spectacle monté par le pianiste tunisien Mohamed Ali Kammoun.
Après Mohamed Ali Kammoun, il a été la plus grande attraction du concert d’ouverture de la 3e édition des journées musicales de Carthage. Il est jeune, a de la prestance dans le jeu et de l’élégance sur scène. A cela s’ajoute un talent certain. Zied Zouari a réussi de beaux solos sur scène. Il est l’unique violon solo du spectacle ‘’Parfum’’ présenté samedi soir au Palais des Congrès de Tunis. Il n’a pas déçu ceux qui lui ont fait confiance. Même si la tâche n’était pas évidente, il a pu tirer son épingle du jeu. Ce jeune de 33 ans devait, avec ses aînés, reprendre une partie du patrimoine musical tunisien avec une touche particulière, une touche moderne sans vraiment dénaturer la musique.
‘’J’ai été greffé à ce projet. Habitant à Paris, j’ai développé une approche entre le jazz, la musique arabe, la musique occidentale, etc. On est en train de créer une nouvelle approche de la musique bédouine en Tunisie avec Mohamed Ali Kammoun qui est à l’origine de cette initiative’’, explique Zied Zouari interrogé par EnQuête. ‘’Je suis là pour un peu apporter une petite différence avec une touche musique du monde. Parce que aussi l’objectif de ce projet est de revisiter carrément les musiques tunisiennes, voire les rénover.
Il y a des choses au niveau musical et au niveau technique qu’on ne change pas. Il y a une marge de tolérance sur laquelle on travaille pour ramener cette musique-là au goût du jour afin que les jeunes arrivent à s’identifier à cette musique’’, indique-t-il. Après cette première présentation au Palais des Congrès de Tunis, ils ont de quoi être ravis. Le public, essentiellement composé de jeunes, a bien apprécié le spectacle. Chaque morceau a été ponctué par de longs applaudissements. ‘’Ce soir, on peut dire qu’il y avait un défi. C’est la première fois qu’on livre ce spectacle. Le projet n’est pas évident. La sauce du projet n’est pas évidente parce qu’elle regroupe plusieurs influences. Il y a à la fois le combo occidental avec un orchestre accord de symphonies, en plus d’un côté hyper traditionnel. C’est vraiment un carrefour entre plusieurs traditions’’, déclare-t-il.
C’est à l’âge de 7 ans que Zouari a commencé à faire du violon. Avant, à 5 ans seulement, il s’est essayé au piano. Après deux ans d’apprentissage et un talent prématuré, son oncle, violoniste aussi et directeur du conservatoire national de Sfax, l’a réorienté vers cet instrument à vent. Depuis, il en a fait son compagnon. Même s’il reconnaît que ce n’était pas facile au début. Car il lui fallu presque trois sans de pratique pour sortir un son à peu près correct. ‘’Le violon est un instrument soliste mais qui est d’une difficulté incroyable.
Cela demande beaucoup de travail pour la justesse’’, prévient-il. Un temps d’apprentissage assez long qui permet au joueur de lier des rapports particuliers avec son instrument. Pour Zied Zouari et son violon, elles sont de nature existentielle. ‘’Je ne peux imaginer la vie sans le violon. C’est ma façon de respirer, de voir le monde autrement, de voyager. Quand je joue du violon, ce n’est plus un instrument de musique. C’est quelque chose qui est dans mon corps et coule dans mon sang. Le violon est très attachant comme instrument’’, philosophe M. Zouari.
Sur un autre registre, a part ‘’Parfum’’, Zied Zouari a beaucoup d’autres projets sur lesquels il travaille. Il évolue dans un trio de musique avec un batteur arménien et un bassiste turc avec qui il est en train d’enregistrer un album. Également, il est directeur artistique d’un opéra. Zied Zouari, dans ses nombreuses collaborations, a aussi travaillé avec l’artiste sénégalais Thione Ballago Seck dont il prononce le nom comme un Américain.
BIGUE BOB