Mamadou Mané fait une immersion dans les confréries
Les valeurs culturelles des confréries musulmanes au Sénégal. La nouvelle étude réalisée par l’Unesco Brada fait un éclairage sur les confréries. L’ouvrage de 57 pages retrace l’histoire de quatre confréries majeures au Sénégal, la Qadiriyya, la Tijaniyya, la Mouridiyya et la Lahiyyina qui ont joué un rôle déterminant dans l’histoire islamique de notre pays.
L’atelier de restitution de l’étude s’est déroulé hier à l’Unesco Brada en présence des représentants des familles religieuses et de l’église catholique sénégalaise. Réalisée par l’historien Mamadou Mané, l’étude relate le mode de fonctionnement des confréries, qui ont toujours joué le rôle de régulation dans la société sénégalaise, leur mode d’organisation, leur adaptation aux mutations, évolutions et défis du monde moderne. “L’étude se situe dans le cadre du dialogue interreligieux. Le thème fait partie aujourd’hui de l’agenda international et cette étude va permettre de mieux faire connaître les confréries”, a indiqué la directrice du Breda, Anne Thérèse Ndong Jatta.
Selon l’auteur Mamadou Mané, “les confréries étaient toujours à l’avant-garde du processus de réarmement moral de nos sociétés en pleine crise politique et sociale”. Par ailleurs, poursuit-il, plusieurs facteurs internes comme externes expliquent la montée en puissance de l’islam au Sénégal. Ces facteurs sont, entre autres “la crise de l’État-providence à partir des années 1970”, la perte de repères et de valeurs chez les populations” et la pauvreté qui touche plusieurs couches de la société. N’ayant plus confiance aux leaders politiques, les populations se tournent vers les guides religieux. “Un autre fait pouvant expliquer la montée du sentiment religieux est la désaffection pour les idéologies laïques, au sortir de la seconde guerre mondiale (…). A peine trois décennies plus tard, c’est la désillusion, la déception dès lors que les idéologies ne répondaient plus aux attentes et aux aspirations des peuples”, dit M. Mané.
“Plus de 6 000 daaras à travers le pays”
L’étude a aussi évoqué le rôle des “daaras” ou écoles coraniques qui accueillent des dizaines, voire des centaines d’élèves appelés talibés. Selon elle, ce sont dans les daaras que les talibés reçoivent les bases de leur éducation. Toujours dans son étude, il évoque le processus d’évolution des daaras qui, “essentiellement implantés en milieu rural”, ont fini par gagner tout le pays. “Au fil des années, le champ d’action des daaras s’est étendu aux centres urbains, couvrant ainsi tout le pays qui en compte de nos jours près de six mille”, fait savoir, Mané. Pour mieux illustrer les valeurs culturelles et morales portées par les confréries musulmanes, l’historien cite dans son ouvrage les dahiras comme le Hizbu Tarqiyyah, le mouvement pour l’unicité de Dieu, le Muqtafina et le Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty, quatre mouvements d’obédience Tidjane et Mouride très influents au Sénégal .
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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