Femme infanticide… mais tétanisée de peur.
Le plus frappant chez Marie Tina Bleck, l’accusée qui comparaissait, hier, pour le crime d’infanticide sur la personne de son nouveau-né, était l’espèce de peur, de panique qu’elle a éprouvée face aux juges. Et on peut la comprendre!
Petite de taille, d’une constitution chétive et sans grande beauté, elle n’a sûrement pas été gâtée par la vie. N’empêche, elle semblait prête à s'évanouir à la barre, ce qui - naturellement - l’a tout de suite rendue suspecte aux yeux du public et des magistrats. Née il y a de cela 36 ans à Soukouta, Marie Tina Bleck n’a pas eu une enfance heureuse. Retirée de l’école en classe de CM2, à cause des conflits occasionnés par la rébellion casamançaise, elle fuit avec ses parents en Guinée, où elle convolera, à peine sortie de l’adolescence, en justes noces avec un homme qui l'a laissée prématurément veuve.
Son second mari, un homme violent dont elle a eu pourtant 5 enfants, la bat à tel point qu’elle déserte le domicile conjugal, pour se réfugier chez un de ses grands-pères. C’est sur place qu’elle va rencontrer son amant, un certain Fara Dacosta dont elle a nié connaître l’existence à la barre, qui l'a mise enceinte. Pour fuir la honte d’une grossesse hors mariage, elle va s’exiler de nouveau, cette fois-ci à Dakar, où elle trouve du travail comme domestique.
C’est chez sa patronne qu’elle a donné la vie pour la reprendre aussitôt après. Accusée d’infanticide, elle aurait, selon le dossier, causé de sa main un traumatisme mortel à la petite fille qu’elle venait de mettre au monde, avant de l’emmailloter dans un sachet plastique qu’elle a caché dans une armoire. Sordide affaire…
Une cohorte à la barre
Ce ne sont pas moins de 6 personnes qui se sont présentées, hier, à la barre lors du deuxième procès tenu au Palais de Justice de Dakar dans le cadre de cette 3e et dernière session d’Assises de l’année. Matar Dia alias «Pif», Diaffé Ngom, Abdoulaye Sarr, Ndoudé Samb, Idrissa Badji et, enfin, Adama Sow, ont littéralement rempli le banc des accusés.
Tous originaires de la Médina, les membres de cette bande ont pourtant juré, sur tous les saints, qu’ils ne se connaissaient pas, à quelques exceptions près… Sans, bien sûr, savoir que c’est un fait coutumier de ceux qui comparaissent en Assises, par rapport aux faits qui leur étaient reprochés, à savoir association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit et avec violence, coups et blessures volontaires, détention illégale d’armes, détention et usage de chanvre indien, usurpation de fonction et recel.
Rien de si extraordinaire, en somme, chez cette bande-là si ce n’est son chef, le très effrayant «Pif». Balafré et, il semblerait, borgne de l’œil gauche des suites d’un accident de travail, ce pêcheur toucouleur de confession musulmane mesure un bon mètre quatre-vingt-dix. Musclé, trapu, il a le crâne rasé et une petite barbichette qui rebique. Sa voix, bien râpeuse , aurait arraché un frisson à plus d’un, alors qu’il racontait l’origine de son surnom. Il semble qu’un oncle lui aurait collé ce sobriquet dès sa tendre enfance parce que l’accusé était à l’époque un fan de la bande dessinée «Pif et Paf»… Étonnant.
SOPHIANE BENGELOUN
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