Rufisque, cité dortoir en devenir !
Avec une population de 300 mille personnes dont 60% ont moins de 25 ans, avec 65% de jeunes et 52% de femmes, Rufisque conjugue tout (ou presque) au négatif : chômage, promiscuité, pauvreté... Des maux soulevés au cours d'un forum sur l'emploi et l'auto-emploi. Mais il faut repenser la politique d'emploi, avertit Enda 3D.
Le chômage et le sous emploi doivent disparaître des couches vulnérables telles que les jeunes et les femmes. C'est l'objectif que s'est fixé l'Afder (Association des femmes pour le développement économique de Rufisque). Au cours d'un forum présidé par le président de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse, l'Afder souhaite mettre en place un directoire afin de satisfaire les demandeurs d'emploi. Selon sa présidente Lala Guèye, les fruits des activités sont globalement retournés dans le financement des groupements. «Dans notre localité, il existe des femmes et des jeunes diplômés qui ne bénéficient pas de soutien dans la recherche d'emploi ou dans la mise en place d'activités génératrices de revenus. D'autres sont analphabètes mais ont un métier. Cependant, ils ne savent pas par où passer pour trouver un financement à leurs activités.»
Pour les jeunes diplômés de Rufisque, le sort réservé à Rufisque «n'est pas juste» lorsque l'on connaît ce que cette ville représente dans l'histoire du Sénégal. «Rufisque faisait partie des quatre communes avec des personnalités qui ont contribué à remplir les pages de l'histoire du pays», rappelle Yoni Wade, la président de l'association. Aujourd'hui, la cité offre une image peu reluisante avec un taux élevé de chômage, une pauvreté grandissante et une insalubrité sans espoir. D'où cet appel à l'aide adressé au chef de l'Etat par l'entremise du président de l'Assemblée nationale. «Rufisque regorge d'assez de diplômés capables de changer le visage de la ville s'ils sont responsabilisés.»
L'occasion a été saisie par l’Ong Enda 3D pour exprimer sa désolation. «Érigée en commune de plein exercice en 1880, bien avant Dakar, Rufisque était la plaque tournante de l’économie du Sénégal avec le principal port du Sénégal d’où partait l’arachide, la principale production agricole à l’époque coloniale», indique Moundiaye Cissé, le secrétaire général de Enda 3D. «La décadence socio-économique de la ville de Rufisque a commencé avec la délocalisation du port de Dakar.»
Jeunes et femmes, les victimes
C'est pourquoi le tir doit être rectifié pour l’intérêt des couches vulnérables de la population. «Aujourd’hui, avec une population de plus de 300 mille habitants dont près de 66% ont moins de 25 ans, Rufisque est devenue quasiment une ville dortoir confrontée à divers et sempiternels défis dont celui de l’emploi et de l’auto-emploi. La nouvelle volonté de l’Etat contre le chômage par la création de 500 mille emplois par an est une ambitieuse et noble initiative. Toutefois, elle ne sera pas possible tant que la politique de l’emploi n’est pas repensée», a averti Moundiaye Cissé.
Selon le parrain du forum, «au-delà des difficultés d’ordre politique, économique, social et environnemental auxquelles notre pays est confronté, l’expression de toutes les potentialités humaines s’impose comme une exigence incontournable». Ainsi, le député Souleymane Ndoye note que «la situation socio-économique enregistrée au fil du temps» met la ville «au cœur des enjeux et perspectives de développement. Les principales victimes de sa dégradation en sont les jeunes et les femmes qui représentent respectivement 65% et 52% de la population».
Ce forum sur l’emploi et l’auto-emploi porte sur les thèmes : «L’insertion des jeunes dans le tissu industriel et des entreprises à Rufisque» ; «Le financement des activités de l’informel à Rufisque» ; « Mise en place d’un cadre de gestion de l’emploi et de l’auto-emploi à Rufisque.»
Pape Moussa GUEYE
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