Des centaines de Sénégalaises crient leur ras-le-bols à Wade
Environ 200 à 300 Sénégalaises s’étaient donné rendez-vous hier à 15h pour une marche pacifique, de la place de l’Obélisque au rond-point de la RTS, à Dakar. Préparé depuis plus d’une semaine, l’événement avait fait l’objet d’une notification au préfet qui l’avait initialement autorisé avant que la police ne vienne, quelques minutes avant l’heure du départ, interdire aux femmes de manifester en prétextant un vice dans la procédure.
Le problème n’a été réglé qu’à partir du moment où le candidat à la présidentielle, Cheikh Bamba Dièye, avait cautionné l’événement. La police de la Médina avait exigé sa présence parmi les manifestantes. Avant son arrivée, les hommes en uniforme avaient essayé à plusieurs reprises de faire vider les femmes des lieux, mais pour résister, elles n’ont eu d'autre choix que de s’asseoir par terre.
''Me Wade ne respecte pas les lois de ce pays mais nous nous devons de les respecter. Si la manifestation est interdite, nous ne marcherons pas'', a dit une jeune membre du staff d’organisation en s’adressant aux manifestantes avec un mégaphone. C'était cinq minutes avant l’arrivée de Cheikh Bamba Dièye de l’FSDBJ. Le pire a donc été évité de peu car les manifestantes, dont un bon nombre des grand-mères décidées (comprenez très loquaces !) et même une femme enceinte, n’avaient aucune intention de quitter les lieux.
S’ébranlant aux alentours de 16h, la longue procession a remonté les allées du Centenaire dans la bonne humeur, d’un pas lent. Entonnées à tue-tête, des chansons populaires sénégalaises, comme ''Nous disons non'' ou ''Sunu société'', et même l’hymne national, ont retenti dans le sillage des manifestantes toutes parées, pour l’occasion, d’habits blanc et rouge. Sur des banderoles et tee-shirts aux mêmes couleurs, on pouvait lire ''non !'' ''ça suffit ! non à un 3e mandat !''. Quelques dames avaient même apporté leurs propres pancartes, dont les messages, pleine d’ironie, visaient tous le président sortant. Arrivée à destination (rond-point RTS), les manifestantes se sont regroupées pour faire quelques déclarations à la presse.
''Ceci est une marche apolitique pour exprimer notre mécontentement et notre inquiétude, car on a l’impression que l’on ne nous écoute pas, que nos voix ne sont pas prises en compte dans cette période électorale alors que ce sont nos enfants, nos pères et nos maris qui sont malmenés tous les jours à cause de cette campagne'', a expliqué Patricia Monteiro, l’une des porte-paroles du mouvement.
Aux environs de 18h, elles se sont lentement mais sûrement dispersées pour rentrer chacune chez elles. L’objectif de leur marche était rempli… dans la paix.