''Nous n'avons pas d'autre choix'', dit Mary Teuw Niane
En dépit des ''difficultés'' et ''résistances'', le département de l'Enseignement supérieur et de la Recherche entend garder le cap sur la réforme du secteur.
Que ses pourfendeurs se le tiennent pour dit. La réforme de l'enseignement se fera en dépit des ''difficultés'' et des ''résistances'', a avisé le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane. C'était hier à Dakar lors d'un déjeuner de presse initié par son département pour ''expliciter et partager les importantes décisions'' du Conseil présidentiel du 14 août dernier sur les recommandations issues de la Concertation nationale sur l'enseignement supérieur (Cnes).
La mise au point s'adresse notamment aux membres du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes), dont se réclame pourtant membre le professeur Niane. Lequel s'est dit ''affligé'' de ce que le Saes semble ''tirer vers le bas'' en critiquant les 11 mesures sur la réforme de l'enseignement supérieur arrêtées par le président de la République Macky Sall. Le ministre Mary Teuw Niane se dit d'autant désappointé que les décisions procèdent, a-t-il souligné, d'un ''consensus'' de l'ensemble des acteurs académiques. C'est ce qu'a soutenu du reste la section universitaire du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes) qui a approuvé les conclusions sur la réforme du secteur.
Dans un communiqué issu de son atelier à Saly Portudal, les 6 et 7 septembre, sur ''les défis actuels de l’Enseignement supérieur'', le Saes dénonce ''le décalage'' entre les recommandations consensuelles de la Cnaes et les directives du Conseil présidentiel. En outre, le syndicat déplore ''l’absence de concertation'' de la tutelle sur les ''décisions majeures'', notamment sur l'orientation des nouveaux bacheliers, l'Université virtuelle du Sénégal (Uvs), la loi cadre. Les camarades du secrétaire général Seydi Ababacar Ndiaye estiment aussi que Mary Teuw Niane fait dans ''l’usurpation prérogatives des universités en violation des lois en vigueur dont celle relative aux franchises universitaires (loi 94-79)''.
En réponse, entre autres, aux accusations de marcher sur les plates-bandes des universités, le ministre a fait savoir qu'en l'espèce, l'État ''reprend ses prérogatives''. De l'avis de Mary Teuw Niane, l'appréciation du nombre d'étudiants à orienter relève de l'État qui tient compte des dépenses appropriées. Il a cependant reconnu que les critères de sélections incombent aux universités, et qu'il n'en est pas question dans le décret d'harmonisation de l'orientation des nouveaux bacheliers dont le régime précédent est régi par les textes de 1981.
Maintien de la hausse des frais d'inscription
Par ailleurs, les étudiants devraient s'attendre à une hausse des frais d'inscription comme retenu par le conseil présidentiel sur l'avenir de l'enseignement supérieur. Selon le ministre Mary Teuw Niane, le Sénégal est le seul pays de la sous-région dont les coûts d'inscription sont aussi bas. ''Comment voulez-vous un enseignement de qualité avec cela ?'', s'est-il interrogé, indiquant que les étudiants doivent, comme ailleurs, participer à la formation du budget des universités. Il a indiqué que ceux de première année paieront la somme de 25 000 francs, représentant ''2 500 francs par mois et en dix mois''. Et, d'après les simulations faites sur la base des barèmes échelonnés de la 1ère année au doctorat, il est attendu des ressources additionnelles annuelles de l'ordre de 3 milliards F Cfa.
En tout cas pour le ministre, ''on ne peut plus gérer l'espace universitaire comme on le faisait avant, nous n'avons pas d'autres choix, autrement, nous allons dans le mur''.