Une panne du bus des détenus empêche la tenue des audiences
Pour non comparution des détenus, toutes ou presque toutes les audiences inscrites au rôle ont été renvoyées hier au Palais de justice de Dakar. À l'origine de ce fait, le seul véhicule devant assurer le transfert des prisonniers des prisons de Dakar au Palais de justice Lat Dior est tombé en panne.
Au Sénégal le ridicule ne tue pas. Un fait insolite qui n'est pas digne d'un État organisé et d'une justice performante et indépendante comme le nôtre s'est passé hier au palais de justice Lat Dior de Dakar, où le seul minibus devant assurer le transfert des détenus des différentes prisons de Dakar au Palais de justice Lat Dior est tombé en panne. Du coup, aucun détenu n'a comparu. Finalement, les juges ont été obligés de renvoyer la trentaine d'audiences inscrites au rôle du jour au mercredi et vendredi prochain. Le véhicule en question est une très vieille guimbarde bonne pour la casse à cause de son état de délabrement très avancé. Jusqu'ici, malgré les pannes récurrentes, le minibus assurait tant bien que mal la desserte entre le tribunal de Dakar et la prison centrale de Rebeuss, le camp pénal, la Maison d'arrêt des femmes de camp pénal, le Cap manuel et le Pavillon spécial. Le véhicule avait également en charge le transport des détenus, lors des retours de parquet, ou encore celui des femmes détenues à la Police de Grand Dakar et des hommes de la Police centrale.
''Une forfaiture administrative...''
Devant cette situation inédite et burlesque, les réactions ont été nombreuses et acerbes. ''Vraiment cette forfaiture n'est pas digne d'un État comme le Sénégal. Je me pose même la question de savoir si nos autorités étatiques travaillent ou si elles sont au courant de ces dysfonctionnements'', s'est insurgé le parent d'un des détenus devant être jugés. ''Il n'est pas normal qu'un seul véhicule assure le transfert des prisonniers de toutes les prisons de Dakar au tribunal. Ce n'est pas normal. Il faut au moins doter chaque prison d'une voiture pour le transfert de ses détenus'', a renchéri un avocat sous couvert de l'anonymat. Notre interlocuteur de dénoncer ''une forfaiture administrative du régime de Macky Sall''.
Pourtant, une trentaine d'audiences devait être jugées hier. Parmi elles, l'affaire du navire espagnol arraisonné il y a quelques temps au large des côtes sénégalais et dont les prévenus, sous mandat de dépôt, sont tous poursuivis pour les chefs d'inculpation de Pollution, échouement, usurpation de commandement, détention d'explosifs et non conformité aux règlements sur la sécurité. Le procès qui devait être jugé hier a finalement été renvoyé à demain, mercredi 3 octobre.