Des dissidents annoncent un congrès de ''rectification''
Un Groupe de réflexion et de résistance pour la sauvegarde du Sutsas authentique (G2RS/ Sutsas-A) conteste le leadership de Mbalo Dia Thiam. Les frondeurs envisagent d'ailleurs un congrès de ''rupture''.
Le démon de la division continue de s'incruster dans le monde syndical. Après la contestation du maintien le week-end dernier de Mademba Sock à la tête de l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), c'est au tour du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l'action sociale (Sutsas) son secrétaire général Mballo Dia Thiam. En conférence de presse hier, un collectif réuni autour d'un Groupe de réflexion et de résistance pour la sauvegarde du Sutsas authentique (G2RS/ Sutsas-A) a récusé le mode de réélection de M. Thiam. Les contestataires envisagent d'organiser un congrès de ''rupture'' et de ''rectification''. Et en perspective donc de ce congrès, le G2RS/ Sutsas-A a initié une motion de défiance à l'encontre des nouvelles instances et propose de mettre en place un comité de pilotage qui va diriger tout à la base.
Selon docteur Mohamed Lamine Ly, médecin-chef du district sud, le congrès de décembre 2012 qui a élu Mballo Dia Thiam au secrétariat général du Sutsas a été ''politisé'' à outrance et s'est déroulé sous haute surveillance de gros bras du Syndicat autonome de la santé (Sas) pour en exclure tous les présumés opposants. ''Nous luttons en toute légalité, en toute légitimité, en toute loyauté et en toute responsabilité pour la défense de nos intérêts matériels et moraux en faisant preuve d'élégance. C'est pourquoi nous déplorons ces pratiques dignes de bandits de grand chemin, car faisant fi d'un minimum de déontologie syndicale. Ce sont les mêmes personnes qui dirigent depuis des années'', a dit Dr Ly. Il s'est interrogé sur la présentation à un troisième mandat de Mballo Dia Thiam alors que le congrès démocratique de juin 2003 avait bloqué le nombre de mandats au maximum à deux.
Son camarade frondeur Cheikh Seck de l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy) va plus loin. Selon lui, Mballo Dia Thiam est à 4 ou 5 mois de la retraite : ''Je ne vais pas confier mon destin à une personne qui n'a pas les mêmes préoccupations que moi. Il a déjà fait ses preuves, il doit être démocrate. C'est pour cela que nous voulons annuler tout ce qui est en rapport avec le congrès passé. Nous sommes pris en otage par des gens qui ne se préoccupent que de leurs intérêts'', a-t-il dénoncé.
A l'en croire, leur objectif n'est pas de diviser la centrale syndicale, mais plutôt de se battre en interne pour rétablir une justice. ''Avec l'ancien régime, les syndicalistes sont devenus des bourgeois, ils ont eu beaucoup de privilèges. C'est pourquoi même s'ils sont à la retraite, ils refusent de partir. C'est le même cas avec Mademba Sock'', a souligné M. Seck.
''Ce sont des caporaux sans armée''
Joint au téléphone par EnQuête, hier, le secrétaire général du Bureau exécutif régional de Dakar du Sutsas de Dakar, Abdou Dièye, au nom de Mballo Dia Thiam qui serait absent du pays, a battu en brèche les accusations du groupe de Dr Ly. Selon M. Dièye, par ailleurs chargé de la communication nationale du Sutsas, Cheikh Seck et ses camarades n'étaient pas mandataires lors de ce congrès. ''Ce sont des caporaux sans armée ni brigade. La commission de vérification des mandats a trouvé qu'ils n'étaient pas mandataires. Le jour du congrès, ils ont engagé des nervis pour perturber la réunion et ils ont raté leur coup. Nous ne sommes pas un parti politique et nous n'avons pas besoin de groupe de réflexion'', a rétorqué Abdou Dièye. A l'en croire, Cheikh Seck ''n'est même pas (leur) représentant au niveau de Hoggy, c'est Aïssa Diagne Ngom qui représente le Sutsas dans cet hôpital''.
S'agissant du nombre de mandats auxquels a droit Mballo Dia Thiam, Abdou Dièye avance que les statuts du Sutsas noteraient qu'''à partir de ce congrès de décembre 2012, le mandant est renouvelable une seule fois. Dans nos textes, il est mentionné qu'un retraité peut diriger le syndicat. Ils n'avaient même pas assisté à ce congrès. Donc ils ne sont au courant de rien.''
M. Dièye compte apporter la réplique à leurs détracteurs à travers une conférence de presse prévue ce jeudi, à 10 heures au siège de l’Unsas.