Publié le 15 Oct 2013 - 15:52
COMMENTAIRE:

You, plus vite que la musique

 

Que faut-il comprendre de l’interview de Youssou Ndour accordée à seneplus. com ? Sinon que le chanteur et ex-ministre semble être resté sur sa faim et n’a pas encore tourné la page du gouvernement, même s’il est resté ministre-conseiller et entend toujours participer à sa manière, au rayonnement du Sénégal à l’étranger.

 ''Si je devais revenir dans un gouvernement, ce serait pour faire la conception, pas pour prendre un département », a confirmé Youssou Ndour qui a repris le micro et qui veut désormais se mettre dans la peau d’un consultant pour le gouvernement qui va mettre en place des stratégies à soumettre !

« Je suis venu avec de très bonnes intentions et je voulais aller vite, mais ce n’est pas évident. Ma rapidité d’exécution confrontée à la lenteur de l’État et les priorités définies dans le cadre du gouvernement, ça, j’ai moins aimé… », a ajouté celui-ci, prouvant du coup qu’il allait plus vite que la musique qu’il voulait chanter seul, oubliant sans doute qu’il était dans une équipe gouvernementale dont tous les Sénégalais savent qu’il va à son rythme, même si celui-ci peut être plus rapide.

Mais sauf qu’Aminata Touré qui a décidé de faire dans l’accélération, ainsi qu’elle l’avait d’ailleurs déclaré, lors de ses toutes premières sorties en tant que Premier ministre, en a décidé faire sans lui, le président ayant décidé de maintenir celui qui aurait demandé à être déchargé au poste de ministre conseiller.

Mais au-delà de ses vérités qu’assène Youssou Ndour, l’on peut raisonnement se poser la question de savoir si l’ex-ministre Ndour était dans une démarche collective ou une aventure individuelle qui fait de lui, un athlète plus véloce que tous les autres du gouvernement. On peut comprendre qu’il ne soit pas un fonctionnaire, mais plutôt un homme du privé, un artiste, pragmatique au point de vouloir imprimer sa cadence. Mais enfin, il n’est pas seul au monde.

On a d’ailleurs senti cet aspect très marquant de sa personnalité lorsqu’il faisait le bilan de son passage au ministère du tourisme. Il dissertait alors sur le dénuement dans lequel celui-ci se trouvait et les fondamentaux qu’il y aurait laissés. Un plan de relance du tourisme  présenté comme la fin d’une mission, la bible du tourisme dont pourraient désormais s’inspirer ses remplaçants et qui viendrait révolutionner le secteur. Quelle prétention ! 

Et lorsque Youssou Ndour ajoute : « Par exemple au ministère de la Culture, dès le lendemain de ma nomination, je savais ce qu’il fallait faire. Donc, si j’avais les mo- yens (…) Mais, il fallait attendre douze mois parce que- et je le comprends- la Culture, ce n’est pas la priorité des priorités (…)''Ma position actuelle (ministre-conseiller du président de la République) est la meilleure parce qu’elle me permet d’utiliser mon art. Avoir «Youssou» sans utiliser «Youssou», ce serait un gâchis''. Que faut-il penser ?

Un argumentaire qui laisse en tout cas croire qu’il s’agissait pour lui, en étant dans ce gouvernement, d’octroyer un privilège à l’Etat. Et c’est d’ailleurs le comble lorsqu’il explique que c’est comme un sacrifice qu’il faisait : ''il fallait respecter le protocole, les horaires, etc. C’était pour moi une retraite spirituelle. Celui qui se réveillait à onze heures ou midi, devait subitement se réveiller à six heures du matin pour être au bureau, être au conseil des ministres, assister à la levée des couleurs. Ça m’a montré combien je pou vais donner pour ma patrie. Ça m’a beaucoup servi. Je tiens à remercier le président Macky Sall. Je ne dis pas que dans le privé je n’ai pas cette rigueur de l’État, mais c’est un peu plus relax''

Nous sommes bien tentés de dire « dommage » à Youssou Ndour pour tout ce sacrifice consenti et que le gouvernement en particulier le Président de la république, n’a pas su apprécier à sa juste valeur !  

Ce  dont le nouveau ministre conseiller ne s’était certainement pas rendu compte, c’est de sa mise à l’écart graduelle. Car après qu’il ait été éjecté du ministère du tourisme et de la culture, il lui a été attribué la culture et les loisirs (un second volet qui n’est en rien significatif mais plutôt proche de sa fonction de musicien), il n’a pas senti le vent tourner puisque en tant qu’allié important, avec une notoriété aussi forte, il fallait bien que Macky Sall y aille avec délicatesse. 

Au-delà de toute autre considération, ce que Youssou Ndour ignore sans doute, est que servir son pays, est ce qu’il y a de plus noble comme activité. C’est le pays en question qui octroie un privilège en demandant au citoyen de le servir. Et c’est avec humilité que le citoyen doit se conduire et dire merci pour avoir servi son pays et non le contraire, surtout lorsqu’on est loin d’être le plus qualifié des Sénégalais pour occuper ce poste.

Un débat avait d’ailleurs vu le jour et d’aucuns n’avaient pas hésité à pointer du doigt le niveau d’études du roi du Mbalax comme pour relever une incapacité de ce dernier. Des voix opposées s’étaient invitées dans le débat  pour déplorer les critiques dans ce sens en arguant du préjugé favorable qu’il fallait laisser à Youssou Ndour pour son expérience en tant que chef d’entreprise et homme cultivé. Et depuis l’eau a coulé sous les ponts et l’on semble désormais accréditer cette thèse selon laquelle, on ne saurait uniquement lier son éviction à son niveau d’études peu élevé, mais sans doute à une insatisfaction puisqu’il n’existe pas de diplôme pour devenir ministre, même si par ailleurs un certain niveau d’études est requis pour assumer certaines fonctions.

Ainsi fonctionne toute société. Elle opère une division du travail nécessaire afin que chaque citoyen puisse se rendre utile, selon ses domaines de compétences. Beaucoup de Sénégalais auraient évidemment aimé obtenir le privilège d’être ministres. Mais, comme Youssou l’a obtenu à leur place pour avoir été choisi parmi des millions de personnes, il peut avoir la dignité de ne point manifester son amertume. Il a en tout cas le loisir du haut de sa scène, de faire ce qu’il sait le mieux faire, c'est-à-dire faire rayonner le Sénégal dans le domaine de la chanson. Et par la même occasion promouvoir l’image du Sénégal à l’étranger comme ça le chante puisqu’il pourra désormais se réveiller à 11 heures et faire les choses à son rythme.  

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