Publié le 28 Oct 2013 - 12:40
LENDEMAIN D’INCENDIE

 Sandaga réduit en un tas de ruine

 

Plus de 200 cantines contenant du matériel et des produits alimentaires, estimés à plusieurs millions de francs Cfa, ont été dévorées par les flammes, au marché Sandaga de Dakar. EnQuête est allé faire l’état des lieux au lendemain du sinistre.

 

10h ! Déjà la tension est palpable. Le marché Sandaga est bouclé par les forces de sécurité qui veillent au grain. Une marée humaine a envahi les lieux. Apparemment, personne ne veut se faire raconter les dégâts causés par le sinistre. Le marché est sous le choc. Partout des produits alimentaires, matériels, habits, entre autres, réduits en cendre par les flammes. Les murs sont noircis. Une fumée noirâtre se dégage de l’intérieur du vieux bâtiment du marché Sandaga, avec ses 17 000 m². Des sachets en plastique jonchent le sol. De l'eau partout. Tel est le spectacle, sans oublier l'odeur persistante et âcre de la fumée qui incommode badauds, commerçants et simples curieux.

Si la veille, jour de l’incendie, plus d’une centaine de soldats du feu issus de trois (3) compagnies (Malick Sy, Dieuppeul et Parcelles Assainies) ont combattu  l’incendie, ils ne sont qu'une dizaine à être en action ce samedi. Propriétaires de cantines et sapeurs-pompiers sont pris d'une très grande frénésie. Une fatigue extrême se lit sur leurs visages. «Je commence à en avoir assez», lance un soldat du feu exténué à son collègue tout aussi mal en point. Vers les coups de 15 heures, le calme revient sur les lieux. Le ciel de la capitale sénégalaise s'éclaircit. Aucune perte en vie humaine n’est signalée. Si certains propriétaires de cantines situées autour du marché tentent de récupérer le peu de marchandises qui restent, ceux dont les cantines se trouvent à l’intérieur du marché n'ont que leurs yeux pour constater les dégâts.

Les causes de l’incendie restent indéterminées, tandis qu'il est d'autant plus difficile de chiffrer les pertes subies par les commerçants. De source proche de la gendarmerie, on indique qu'une enquête est ouverte, pour connaître l’origine de l’incendie. 

200 cantines dévorées par les flammes.

Sur place, une source proche des sapeurs-pompiers renseigne que 200 cantines ont été dévorées par les flammes. Les tailleurs semblent être les plus touchés. ‘’Nous avons recensé 113 machines à coudre, dont 59 machines ‘’daminés’’, 54 piqueuses et 4 merceries qui ont été calcinées, sans compter les tissus de nos clients. Vraiment, nous sommes foutus. Nous ne savons pas quoi faire’’, se désole Mamadou Diallo, délégué des tailleurs du marché. Il renseigne que les machines à gros fils coûtent 1 million 400 mille francs Cfa ou 1 million 200 mille, l'unité.  Des machines de marque A3 calcinées ont été achetées à sept cent (7) mille de nos francs et des machines de marque Singer à trois-cent cinquante (350) mille francs, voire six-cent (6) mille francs. Ibou Signaté, tailleur, trouvé devant sa cantine N°A17, explique que cela fait une semaine qu'ils n’ont pas travaillé, parce que l’État a fermé le marché à leur insu. ''Voilà encore que le malheur s’abat sur nous. Qu’allons-nous faire pour nourrir nos progénitures’’, s’interroge-t-il ? Son voisin Mamadou Sy, propriétaire d'un dépôt, dit avoir perdu plus de huit millions de francs dans le sinistre.

En attendant que la lumière soit faite sur cette affaire, les supputations sont allées bon train, samedi. Si la thèse du court-circuit a été avancée, pour expliquer l'incendie, ils étaient nombreux à penser à un sabotage. Une stratégie de l’État du Sénégal, selon eux, pour fermer définitivement le marché Sandaga. Un sentiment confirmé par Moussa Niang, commerçant : ''Le marché était fermé. Les policiers étaient devant les portes pour nous interdire d’accéder à nos cantines. Donc, s’il y a incendie, ils sont les seuls à en connaître les causes.''

Emmanuel Bouba YANGA (STAGIAIRE) 


INCENDIE À SANDA

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