Un talent à l'état pur
Digne héritier de son père Bana Cissokho, El Hadji Noumoucounda est un As de la kora reconnu sur la scène musicale sénégalaise. A cheval entre le Super Diamono d’Oumar Pene et le Positif Black Show de Didier Awadi, il a aussi collaboré avec des artistes de renom que sont Youssou Ndour, Baba Maal, Alpha Blondy, Touré Kunda et Mc Solaar. Après la sortie ‘’Faling’’ son album international sur le net, il y a un an, Noumoucounda est pressenti pour représenter le Sénégal au Marché des arts et du spectacle africain (MASA).
Aux HLM Patte d’oie de Grand-Yoff, la famille Banaya jouit d’une notoriété artistique, depuis plusieurs décennies. Comme tous les enfants de Feu Bana Cissoko qui fut koriste au sein de l’ensemble lyrique traditionnel du théâtre national Saniel Sorano jusqu’à sa retraite, Noumoucounda a été bercé par la musique, depuis sa tendre enfance.
À travers une balade digitale sur les vingt et une cordes de sa kora distillant des notes magiques, Noumoucounda chante aussi bien en Bambara qu’en Wolof. Il vous transporte au cœur de l’empire mandingue. Très tôt, El Hadji Noumoucounda Cissokho a rejoint l’observatoire de Dakar, après le certificat d’études primaires et élémentaire en 1984. Au bout de quatre années de formation musicale, il fut titulaire de deux diplômes, en kora et en percussions.
Bien outillé pour embrasser une carrière musicale, Noumoucounda pouvait tracer sa route. ‘’Juste après le conservatoire, je devais choisir entre l’ensemble lyrique traditionnel de Sorano et l’orchestre national qui voulaient m’enrôler dans leur compagnie.
Etant donné que j’avais une passion folle pour la musique et que le traditionnel était déjà en moi, j’ai choisi d’évoluer avec l’orchestre national’’, narre-t-il, sous le contrôle de son manager. Artiste polyvalent, il a dans sa besace artistique la kora, la guitare et le djembé qu’il joue à merveille. Un an plus tard, Noumoucounda quitte l’orchestre national, pour rejoindre le groupe traditionnel Dougoufana qui le fait voyager, dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe.
Les années Hip Hop
L’avènement du Hip-hop au Sénégal ne laisse pas indifférents, comme la plupart des jeunes de sa génération. Noumoucounda adhère alors au mouvement, en intégrant le PBS avec qui, il évolue depuis deux décennies. Au sein de la formation de Didier Awadi, Noumoucounda joue la kora, le balafon, la guitare et les percussions.
En 2004, Le Studio sanakara de Didier Awadi produit ‘’Tambacounda’’ le premier album au niveau local de Noumoucounda Cissokho dont le titre ‘’Fatou Ndoye’’ avait contribué à faire la promotion. Sa dextérité séduit et invite Oumar Pene à apporter une touche africaine à son répertoire. En 2005, Noumoucounda glisse les notes de sa kora dans ‘’Myamba’’, le premier album acoustique du patron du Super Diamono. ''Ndam'' (The triumph) suit deux ans plus tard.
En 2008, Noumoucounda est beaucoup plus présent sur l’album ‘’Mom tamit’’ du Super Diamono. 2013 est l’année de l’envol, dans la carrière de l’artiste qui sort enfin son album "Faling" qui veut dire partage, en mandingue, enregistré à Genève, en collaboration avec des musiciens suisses. Il vient de participer à l’album ‘’Racine carré’’ de Stromae, avec le titre ‘Papaoutuai’’ qui fait bouger l’Europe aujourd’hui.
Altruiste à ses dépens
Premier choix du jury, sur 250 artistes, au premier Salon international de la musique africaine (SIMA) tenu à Yaoundé (concert le 1er Novembre 2013), Noumoucounda vient d’être sélectionné comme seul représentant du Sénégal au prochain Masa (Marché des arts et du spectacle africain) qui va se tenir, du 1er au 8 Mars 2014, dans plusieurs villes ivoiriennes.
Généreux comme tout artiste au sens propre du mot, Noumoucounda a trop souvent nuancé sa carrière au regret de Moda Diagne, son manager. ’’Un soir, Noumoucounda qui devait honorer un contrat, a préféré voler au secours d’un ami qui avait besoin d'un koriste pour son spectacle. Cet excès de générosité est le seul défaut qu’on peut lui reprocher’’, rapporte son manager.
Almami Camara