Les enjeux d’une première pour le mouvement hip-hop
Sorano a vu la belle réussite de la soirée anniversaire du groupe Bideew Bu Bess, il y a deux ans. En sera-t-il de même pour Simon qui compte se produire au Grand-théâtre, le 20 avril prochain. Une telle réussite apporterait quoi au mouvement hip-hop ? Une question qui mérite d’être posée.
Annoncé depuis près d’un an, le triple album (rap, slam et reggae) du rappeur Simon Kouka va enfin sortir le 20 avril prochain. Un évènement grandeur nature que seul le Grand-théâtre saurait accueillir.
Après les tests réussis ou ratés des plus grands chanteurs sénégalais dans cette salle qui ne compte pourtant que 1 800 places, c’est au mouvement hip-hop de passer au révélateur. Simon en est le cobaye. Même si ce n’est pas la première fois que les cultures urbaines s’installent dans ce joyau. L’évènement marquant les 20 ans du mouvement hip-hop initié par Da Brains et Xuman avait été organisé dans ce nouveau haut lieu de culture.
Mais cette première fois, l’entrée était gratuite et la société de transport Dakar dem dikk (DDD) avait mis des bus à la disposition des rappeurs pour convoyer leurs invités. Cette fois-ci, les choses sont différentes. Les tickets d’entrée s’échangent entre 5 000 F Cfa et 10 000 F Cfa. Des prix supposés assez chers pour le public hip-hop. Ainsi, si le boss du label Jolof for life arrive à remplir à ras bord le Grand-théâtre, cela peut constituer un plus pour un mouvement que certains ne prennent pas au sérieux. D’ailleurs, ils s’amusent à appeler les rappeurs ‘’boy’’, quel que soit leur âge.
Par contre, les acteurs du mouvement se montrent confiants. ‘’Ceci marque l’évolution du hip-hop’’, estime l’animateur de ‘’real one’’ de la radio futurs médias Dj Kalz. Amadou Fall Bâ, chargé de projets à Africulturban embouche la même trompette.
‘’Notre grand frère Awadi a l’habitude de dire : ‘’loo toojul du kawe’’ () et c’est un avis que je partage pleinement’’, dit-il. Autrement dit, il souligne que si l’on souhaite arriver à un certain stade, il faut se donner les moyens d’y arriver. ‘’Cela fait plaisir et va forcer le respect des autres, à l’égard de ce mouvement’’, ajoute Kalz.
Cependant, si Simon n’arrivait pas à remplir le Grand-théâtre, que dira-t-on. Nul ne veut s’épancher sur la question. En fait, Kalz est d’avis que cela est impossible. ‘’On est encore loin du 20 avril et Simon a déjà vendu 600 tickets sur 1 800 places. Ça prend de l’ampleur’’, argue-t-il. ‘’Simon est sur ce projet, depuis près d’un an. Il l’a bien mûri. Beaucoup croient que la salle ne sera pas totalement remplie. Le contraire va constituer la surprise’’, rassure-t-il.
‘’Ce concert sera un succès’’
Jusqu’ici, les acteurs des cultures urbaines se sont limités à de petites salles. Hormis peut-être Niit Doff avec son show of the year qui s’est produit au stade Iba Mar Diop. Mais l’argumentaire de l’ancien duettiste de Nicolas Diop repose sur le fait que la cible ne se limite pas seulement au public hip-hop.
‘’Ce concert vise le grand public’’, précise-t-il. Aussi, les organisateurs comptent-ils miser sur la communication pour mieux vendre l’évènement. Plus de 10 mille affiches sont confectionnées, en plus de spots télés et radios, selon Kalz. Cependant pour Amadou Fall Bâ, il n’y a aucun défi à relever.
‘’Connaissant l’initiateur qui est un artiste hors pair et un businessman redoutable, je pense qu’il n’y a aucun défi à relever. Le hip-hop suit son petit chemin avec des problèmes, des incohérences, des opportunités et des menaces. Ce concert qui sera un succès, à mon avis, va juste s’ajouter à la longue liste des heures de gloire du hip-hop sénégalais qu’il ne faut pas réduire à un concert dans un lieu précis, même si le Grand-théâtre est un bon cadre où le vrai public du hip-hop peut côtoyer des officiels et une autre frange de la population’’, analyse-t-il.
Par ailleurs, le chargé de programmes à Africulturban estime que l’intérêt se trouve ailleurs. ‘’Un concert hip-hop au Grand-théâtre pour moi ne constitue pas un évènement plus important de ce qu’on a l’habitude de voir. Par contre, un triple album est une première dans l’histoire du hip-hop sénégalais et il faut lui donner toute la dimension que cela représente.’’
BIGUE BOB