Monsieur le Premier des ministres !
Dans quelques petits jours, nous allons vous écouter et vous suivre nous vendre des désirs : votre image et votre message. On sera édifiés sur vos desseins et stratégies puisque vous est donné le devoir plaisant et plein d'exaltations de dérouler votre fiche de procédures. En tous les lieux de prédilection de l'ethnologie moderne, on s'impatiente de vous entendre, non pas déclamer «au travail», mais nous enseigner comment travailler et, surtout, comment se mettre au travail. Car, vous avez la chance inouïe d'être le guide-adjoint du peuple le plus laxiste, le plus aérien, le plus fainéant et le plus versatile du Caire au Cap. Mais enfin...
Puisque tout le monde se plaint de telles tares et que cela semble vrai et déplorable en tous les cénacles et chaumières, le pouvoir vous est conféré de désordonner tous les désordres, d’éradiquer l'incivisme et les carences d'éthique en cours qui, en vous, risquent de saper toutes ambitions de convertir en gestes et faits le PSE. Lors, soyez intransigeant, Excellence ! Il en va de votre durée au poste, de votre survie dans le champ public et de la confiance que le Président voudrait bien doublement vous renouveler : comme frangin de cœur et d'esprit et comme allié plus que loyal. La messe est donc dite, Excellence !
Si le candidat Macky Sall doit rempiler en 2017, c’est par votre discours de politique dite générale que la dynamique doit s'enclencher. Dans le pays réel tout autant en nos diasporas, on n’attend que les sujets, les verbes et compléments d’objets (directs ou indirects) que vous allez agencer pour nous aguicher, nous convaincre et «mettre en votre sac ».
Serez-vous à la hauteur ? Là n'est vraiment pas la question ! Ce dont il va s'agir, c’est de la marge de manœuvre et du timing qui vous seront offerts pour dévirtualiser le projet pluriel de votre patron et qui, brièvement, tient en ces mots : ré-installer l'espérance en la cervelle de nos concitoyens et mettre le développement sur orbite conforme à nos urgences.
Et la transition est vite trouvée de parler de la Culture qui est, non pas seulement ce qui donne sens à nos vies et demeure mon domaine, mais le moyen essentiel pour faire luire le Sénégal et, somptueusement, nous installer dans les temps positifs du monde.
Déjà 3 ministres à la Culture !
Excellence, trois ministres se sont déjà succédé au faîte de la Culture. Il n'est toujours que des effets d'annonces sans suite pour ce qui est du concept et des actants dans le secteur. C’est bien beau d'égrener un chapelet de vœux pieux (« Macky Sall, le Président qui aime le Livre et la Lecture », « Le Président qui soutient le cinéma », et patati et patata). Il se trouve que, depuis 48 ans maintenant, hélas, nous avons fini par être marris de toutes belles paroles - fussent-elles solennelles. Et pourtant, il suffirait de peu de faits (socioculturels) pour s'assurer de la reconduction de votre mentor en «son fauteuil ». D'autant que les acteurs de et dans la Culture font presque trois fois plus que le fichier électoral officiel. Vous voyez, un peu, ce que j'insinue-là ?
Mais, pour ce faire, il est impérieux que soient promues d'avérées compétences. Et Dieu sait qu'elles courent les rues et venelles de notre cher et charmant pays ! Excellence, collez donc aux choses les prix qu'elles valent et chamboulez les organigrammes républicains, alors qu'on y est ! La Culture peut réélire votre candidat dès le premier tour, en 2017, mais le préalable consiste à saisir ce qu'est la Culture ? Quels contenus y mettre ? Comment et avec quoi, avec qui, réaliser, pour demain et pour toujours (c'est-à-dire dès à présent !), toutes les mesures aptes à mettre la Culture en ses habits originels et en toutes ses syllabes d'accueil.
Intégrer la Culture dans les domaines dits «réservés » et au cœur des décisions en sur-priorité dans la République et dans la Nation c'est, Excellence, non pas «le commencement de la sagesse», mais l'entame d'une ère apaisante pour tous les Sénégalais. C'est le recouvrement des valeurs qui nous ont, de tous temps, restitués à nous-mêmes et sans lesquelles le «Yoonu Yokkuté» ne serait qu'un slogan et un alibi juste créés à fins d'étoffer un programme et d'aliéner plus encore les millions de gueux et gogos que nous ne voulons plus être.
Excellence, je croise les doigts et attends que vous nous sortiez des ruines et nuits qui ...
Elie-Charles Moreau