Publié le 20 Nov 2014 - 12:23
LUC SARR, CONSEILLER POLITIQUE DU CHEF DE L’ETAT MACKY SALL

‘’Ceux qui s’agitent sont des transhumants ou ont des reproches à se faire’’

 

Les anecdotes ‘’croustillantes’’ contenues dans l’ouvrage ‘’Abdou Diouf Mémoires’’ du nom de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, qui finit dans quelques jours son mandat à la tête de la francophonie, continue à alimenter toutes sortes de polémiques. Mais pour le conseiller politique de Macky Sall, par ailleurs, président du Conseil d’orientation des aéroports du Sénégal (Ads), il faut savoir raison garder. Diouf n’était aucunement mû par l’intention de nuire.

 

‘’Les mémoires‘’ de l’ancien président Abdou Diouf ont crée un tollé dans notre pays avec une levée de boucliers contre le secrétaire général de la francophonie sortant. Quelle est votre appréciation ?

Ces sorties m’ont inspiré deux remarques. La première : ce sont des extraits des mémoires qui ont été portés à l’attention du public. A ce que je sache, les Sénégalais n’ont pas encore lu l’intégralité de l’ouvrage en question. Les débats manquent d’objectivité dans la mesure où on ne cerne pas le contexte où ces révélations ont été faites. Il n’y a pas de connexion. L’analyse manque de rigueur et d’approche scientifique. L’autre remarque : c’est que les personnes qui attaquent généralement Diouf sont des transhumants. Ils avaient fini par tourner le dos au Parti socialiste pour rejoindre les rangs de son successeur, Abdoulaye Wade.

A cet effet, Djibo Kâ incarne l’une des figures emblématiques  de cette transhumance. Ancien socialiste, il est devenu un ‘’wadiste’’. C’est important de le souligner. Il s’y ajoute qu’ils ne se sont pas prononcés sur des questions de fond de même que sur des questions soulevées par Diouf. Je pense que Diouf est difficilement critiquable.

Qu’est-ce qui a pu motiver, à votre avis, ces mémoires ?

Il faut savoir que Diouf n’a pas écrit un livre mais des mémoires. L’essence même des mémoires se fonde sur des anecdotes, des récits de vie, de petits secrets révélés. Encore une fois, ce n’est pas un livre ou une biographie. Maintenant, c’est tout à fait normal que des personnes qui ont des choses à se reprocher s’agitent. Elles ont réagi en politiques. Certains n’ont pas apprécié que l’ancien chef d’état ait témoigné de la sympathie à Macky Sall. Dans un contexte politique assez chargé, ces propos peuvent déranger.

Ils vouent Abdou Diouf aux gémonies dans la mesure où ils estiment qu’il cherche à nuire ?

Je ne le pense pas. Diouf n’a nullement été guidé par un esprit de vengeance, il est dans l’esprit des mémoires, de souvenirs comme je vous l’ai dit tantôt.

Quels enseignements les générations futures peuvent-elles tirer de telles révélations ?

Même s’ils apparaissent cocasses, les faits sont réels. C’est le cas par exemple de la gifle de Niasse à Djibo. Qu’une personne frappe une cible ne signifie pas qu’elle l’ait atteinte, de même que l’atteindre ne signifie pas qu’elle l’ait frappé. Mais c’est malheureux que le comportement politique l’emporte sur la raison et que certaines forces hostiles ne voient pas autre chose que les mémoires. C’est un ouvrage riche d’enseignements.

Dans ce document, Diouf aurait témoigné son estime à Macky Sall. Qu’en est-il réellement ?

Il a souligné que le niveau de proximité avec Macky Sall n’est pas le même qu’avec Wade.  Donc qu’il se sent plus proche de l’actuel chef d’Etat avec qui il partage des valeurs. Cela ne peut être du goût de l’ancien régime. Mais toute cette agitation n’est qu’un coup d’épée dans l’eau même si c’est malheureux qu’au moment où Diouf tire sa révérence, certains de ses anciens compagnons cherchent à ternir son image.

Le sommet de la francophonie, c’est dans quelques jours ; était-ce le moment propice pour rendre publics des extraits de ces mémoires ?

Cela démontre que Diouf n’était pas mû par le souci de faire mal. Diouf est suffisamment fort et intelligent pour savoir que ce n’est pas en ce moment qu’il devait le faire. Le contexte n’y est pas favorable dans la mesure où des esprits malveillants sont prêts à tout pour saboter la rencontre internationale. Il faut également se demander si Diouf a réellement accepté que ses bonnes feuilles soient publiées en ces moments précis. En termes de communication,  cela a mal tourné. Je ne m’y connais pas en termes de mécanismes d’édition, mais des questions me taraudent l’esprit : je me demande si l’éditeur ne s’est pas inscrit dans une logique commerciale et s’il a publié ces extraits à l’insu de l’ancien chef de l’Etat qui demeure un grand homme d’Etat.

Matel BOCOUM

 
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